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Nouara Algérie

ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )

« La biodiversité du Tell algérien, une source de richesse négligée… » Par Karim Tedjani.

                      Un succulente entrée très originale...

  La biodiversité en Algérie est le patrimoine de tous les algériens du Monde.

 

 

Ceux qui ne connaissent pas l’Algérie, en général, voient ce pays comme un immense désert dont les principales ressources sont le pétrole et le gaz. Il est vrai que le territoire algérien est constitué à quatre-vingt pour cent par le Sahara qui  est le plus grand désert du monde. Il est indéniable, aussi, que l’économie de cette jeune nation est essentiellement soutenue par la rente des ressources pétrolières et minières dont regorge le sol algérien.

Cependant, les choses ne sont pas si simples…

L’Algérie est une terre de contraste qui porte en son sein trois grandes régions aux microclimats ainsi que la biodiversité certes bien distincts, mais  très interdépendants : le Tell algérien, la zone des hauts plateaux et enfin le Sahara.

 

Afin d’illustrer ces propos, voici un extrait de l’étude scientifique réalisée par Mr Morsli Abdelkader, qui s’intitule "Biodiversité et diversité des écosystèmes Algériens " :

 

« La flore algérienne compte 3.139 espèces naturelles

5.128 espèces exotiques introduites.

 

1286 espèces (40,53%) de la flore algérienne est rare à très rare. Ce qui

témoigne de l’urgence des actions de conservation.

 

226 espèces sont menacées d’extinction bénéficient d’une protection légale (décret n° 93–285 du 23 novembre 1993).

On compte plus de 70 espèces d’arbres dont certains sont endémiques et locales comme le cyprès du Tassili, le sapin de Numidie et le Pin noir.

Le taux d’endémisme en Algérie est de 12.6 %.

De part sa situation géographique, l'Algérie chevauche entre deux empires floraux: l'Holarctis et le Paleotropis. Cette position lui confère une flore très diversifiée par des espèces appartenant à différents éléments géographiques.

37 espèces endémiques Algéro-marocaines

72 espèces, 08 sous-espèces et 03 variétés endémiques Algéro-tunisiennes

17 espèces 02 sous-espèces et 01 variété Endémiques Algéro-libyennes ».

C’est dire à quel point il serait inapproprié de considérer que l’Algérie est seulement un désert. Si le vert est la couleur emblématique de ce pays, ce n’est pas seulement en référence à son appartenance à la communauté musulmane, mais aussi parce qu’au printemps, un vert flamboyant rayonne sur toute une bonne partie du territoire algérien.

J’aimerais, dans cet article vous parler plus particulièrement du Tell algérien, non par soucis de mettre en avant cette région dont je suis originaire  de par ma mère, mais surtout parce que c’est la partie de l’Algérie que je connais le mieux,  pour l’avoir largement parcourue.

Le Tell occupe la partie côtière du territoire. C’est une région résolument montagneuse et méditerranéenne.

La faune, la fore qui se sont développés dans cette partie de l’Algérie est riche en diversités ainsi qu’en particularités. Le climat du tell algérien, bien que méditerranéen, a ses particularités régionales.

Si l’on retrouve à peu près toutes les espèces végétales et animales propres à la Méditerranée, beaucoup de sous espèces présentes en Algérie, comme celles du hérisson sont endémiques à ce pays. La sitelle de Kabylie, pour ne citer qu’elle, est un oiseau que l’on ne trouve qu’en Algérie. Le singe magot, le cerf de barbarie, l’ibis chauve, le flamand rose sont des espèces qui se font rares ailleurs et que l’on trouve encore dans ce  pays.

Cette partie de l’Algérie, qui s’étend sur près de mille deux cent kilomètres de côtes montagneuses, abrite des zones humides, à l’instar de celles du Lac Tonga (wilaya d’El Tarf), ou bien encore de Guerbes-Sandhadja (wilaya de Skikda) qui sont reconnues par la convention internationale de Ramsar comme étant d’une grande importance et rareté. Beaucoup d’oiseaux migrateurs, venus d’Europe ou d’Afrique, viennent se reposer dans les zones humides du Tell algérien. Cela fait de cette région, un patrimoine algérien d’utilité (pour ne pas dire de nécessité)  internationale.

Le blé d’Oued Znati (wilaya de Guelma ), les olives et les figues de la Kabylie, les oranges et les clémentines d’Oran, les fraises de Skikda, les oignons de Mzed edchich , la pastèque de Guerbes , les moutons de Souk Haras , les sources naturelles de Tébessa et tant d’autres sont à compter parmi les trésors naturels de la région du Tell. De même, les forêts du Tell , jadis si luxuriantes, ont participé à l’essor de la flotte ottomane. Le blé du Tell a nourri l’empire romain et contribué aussi aider  la première république française à faire face à une terrible famine due à des très mauvaises récoltes locales. La clémentine a été « inventée » à Oran....

Pour ceux qui connaissent bien l’Algérie, le Tell est une des plus belles régions la méditerranée ainsi que de l’Afrique septentrionale. C’est la partie du territoire algérien qui est, de loin, la plus riche en matière de biodiversité. Elle est censée regorger d’eau, de fruits, de légumes, de gibiers, de poissons, de céréales, de vignes, d’arbres, bref de tout ce que la Nature a de plus beau à nous offrir.

Cette biodiversité du Tell, a fait de cette grande  région, et cela bien avant la découverte du pétrole et du gaz, une des zones méditerranéennes parmi les plus riches et les plus convoitées . Les numides, les phéniciens, les romains, les byzantins, les vandales, les ottomans, les espagnols et enfin les français ne s’y sont pas trompés… Toutes ces civilisations coloniales ont prospéré dans cette région dont le nom signifie aussi en archéologie « un monticule artificiel constitué par l'accumulation de vestiges d'habitats successifs" (definition officielle). C’est un terme emprunté à l'arabe qui  signifie "colline".

Tous les trésors dont je vous ai parlé plus haut, et bien d’autres sont pourtant menacés de disparaître et,  la société algérienne ne semble réagir que très timidement à cette extinction. Comment ce fait-il que, l’Algérie, censée s’être libéré du joug des exploiteurs étrangers, n’arrive pas à exploiter elle-même toutes cette   immense richesse ?

C’est comme si le pétrole et le gaz avaient masqué au regard des algériens, sous un épais voile de fumée, toutes ces autres joyaux millénaires de la nature algérienne.

Des forêts du Tell, il ne reste plus grand-chose. Le Blé de Oued Znati est en voie d’extinction. Le singe magot est malmené.  Les efforts pour réintroduire le cerf de barbarie anecdotiques.  Les oliviers de Kabylie auraient besoin d’être rafraichis. Les sources d’eau sont menacées par la pollution urbaine.  Les djebels sont rongés par des exploitations minières souvent peu soucieuses de respecter l’environnement et la santé des habitations qui leur sont périphériques….

L'Algérie , et plus particulièrement le Tell,  n'est  plus à même d'assurer l'autonomie alimentaire de la population algérienne alors que, jadis , ses surplus en denrées alimentaires contribuaient à nourrir une grande partie de l' Europe du sud. Comment en est-on arrivé là? Mais surtout, pourquoi?

A l’heure où le chômage semble plus que jamais être la préoccupation première des jeunes algériens qui sont , au passage, majoritaires dans la société algérienne, cette biodiversité pourrait être une source intarissable et renouvelable de capitaux, et donc de créations d’emplois.  Ce qui veut dire aussi des formations professionnelles à créer.

L’éco tourisme, l’alimentation bio, le tourisme scientifique, l’artisanat (qui est souvent lié à l’environnement d’un pays), la médecine naturelle et traditionnelle, tous cela et bien plus, pourrait apporter un plus à l’économie algérienne. Ce sont des secteurs dont le monde développé est de plus en plus demandeur et dont l’Algérie pourrait être un fournisseur de qualité pour peu que toute la société algérienne s’en donne les moyens.

La France, qui n'a pas de pétrole et peu de gaz, a fait des ces marchés, des secteurs piliers de son économie et cela ne lui a pas trop mal réussi. Qu’est- ce qui empêche l’Algérie d’en faire autant ? L’Algérie ne dispose-t-elle pas d’assez de ses ressortissants à l’étranger qualifiés dans ces domaines ? Qu’attendent-ils pour revenir en Algérie et profiter de ces marchés presque vierges de concurrences ?

Beaucoup d’enfants d’immigrés de ma génération, même s’ils résident et sont nés en Europe, aimeraient consommer plus souvent des produits bios algériens de qualité. Souvent, ils ne connaissent l’Algérie qu’à travers la ville ou le village dont ils sont originaires. Nombre d’entre eux pensent, à juste titre, qu’il est difficile de visiter une région dans laquelle ils n’auraient pas de famille pour les accueillir. Tous ces gens dépensent de l’argent dans les campagnes européennes, mieux aménagées pour les accueillir, alors qu’au fond, s’ils avaient la possibilité de faire le même type de séjours « Nature » en Algérie, ils le feraient sans hésiter et en priorité. Cela leur coûterait moins cher et rapporterait, au regard du taux de conversion de l’euro, de bons revenus aux algériens locaux qui auraient choisi de s'investir dans ce genre d'entreprise. Pourquoi négliger un tel marché pourtant si prometteur ?

De nombreuses associations et de jeunes entrepreneurs pensent la même chose que moi. J'ai eu maintes fois l’occasion de les rencontrer.

C’est à présent à toute la société algérienne de prendre conscience du formidable trésor qu’elle néglige et des devoirs qui lui incombe vis-à-vis de la terre fertile et majestueuse que ses  ancêtres lui  ont légué. C’est à toute l’Algérie de  soutenir et de tendre l’oreille aux  propositions de ceux qui veulent faire de la biodiversité une valeur ajoutée durable. La biodiversité du Tell algérien  est une manne  que le gouvernement semble vouloir mettre en avant, mais de façon peu efficiente pour l’instant , surtout quand on sait à quel point elle est en danger actuellement. Il faut dire que la majorité de la société algérienne est  obnubilée en ce moment par l’argent facile  et le consumérisme de la futilité . Elle ne me parait pas très encline à faire évoluer les choses vers une amélioration de la situation environnementale en Algérie. Elle est pourtant vitale et néscéssaire pour le présent et un futur très proche.

Quel dommage !

Heureusement des citoyens et des citoyennes algériens d'ici et d'ailleurs se mobilisent pour éviter le pire et préparer le meilleur. C'est à eux que je tiens à dédier cet article ....

Karim Tedjani pour www.nouara-algérie.com

 

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