ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )
13 Juillet 2013
« Les foréts précèdent les peuples, les déserts les suivent»
François René de Chateaubriand.
La région de Guerbes Sanhadja(Skikda) est devenue un petit désert à cause de la déforestation
A l’aulne d’une probable nouvelle vague d’incendies forestiers qui risque, une fois n’est pas coutume, de dégrader le peu de forêts qui reste encore dans notre pays, il serait bon de rappeler à la mémoire des lecteurs de cet article que les arbres jouent un rôle essentiel dans l’équilibre de l’écosystème algérien.
Dès l’Antiquité, le philosophe et savant grec Théophraste avait émis l’hypothèse que les déforestations entraînaient invariablement une baisse des précipitations et, donc, un assèchement de l’environnement. Durant la Renaissance, cette idée refera surface avec la traduction des écrits de ce philosophe, notamment dans les colonies anglaises au climat tropical. Puis, au 18ème siècle, les travaux du naturaliste et géologue John Woodward ainsi que ceux d u botaniste Henri Louis Duhamel du Monceau confirment le lien quasi symbiotique qui réside entre les arbres et le climat. Dans le traité de Paris qui mettre fin à la « Guerre de sept ans » on crée dans les îles Caraïbes et l’Ile Maurice des réserves forestières « pour la préservation des pluies ».
Depuis, de nombreux chercheurs* n'ont eu de cesse de rappeler à leurs contemporains le fait que les arbres attirent l’eau des nuages vers les sols, la canalise et sont le meilleur rempart contre l’avancée du désert.
Récemment, un agriculteur de ma région d’adoption, Guerbes Sanhadja, où la déforestation fait rage depuis plus de vingt-ans au point de l’avoir transformé en un petit désert, m’a confié avec une certaine amertume, « sans arbres, il n’y a pas de pluie ! » Je pense que chacun et chacune d’entre nous peut comprendre l’influence des arbres sur le climat en se prélassant sous la fraîcheur de leur ombre…
Parce que les arbres sont également des habitats souvent exclusifs pour de nombreuses espèces d’animaux et d’insectes, qu’ils influent sur la nature de la végétation environnante, la déforestation de notre territoire est en grande partie responsable de la dégradation de la biodiversité (l’écocide) en Algérie.
Aussi, il me parait important d’insister sur le fait que le reboisement de notre pays s’avère en être la seule et véritable priorité écologique et elle l’a d’ailleurs toujours été. « L’aventure » du Barrage Vert ,tentée lors de la deuxième phase de la révolution algérienne, bien que malheureusement avortée, doit nous rappeler que veiller sur nos forêts qui n’ont eu de cesse de souffrir de l’inconscience des uns, de la malveillance des autres reste une priorité.
Planter des arbres, à cet effet, ne suffit pas, il faut semer les bonnes essences au bon endroit et, plus que tout veiller à donner les moyens techniques et culturels aux générations présentes autant que futures de prendre conscience qu’ils sont essentiels au maintien de la Nature Algérienne un écosystème matériel et immatériel unique en son genre.
Que serait notre culture, sans les oliviers, les chênes lièges, les cèdres, les bouleaux et tant d’espèces d’arbres qui ont forgé nos traditions, inspirés nos artistes ainsi que des milliers de légendes algériennes? Comment nos anciens aurait-ils pu rivaliser contre une des plus puissante armée de leur époque, sans le rempart infranchissable des forêts algériennes?
Sans une gestion intégrée de nos forêts, soutenue par une exploitation forestière pertinente, sans une remise en valeur du métier de forestier qui a été complètement dénaturé depuis la décennie noire, sans une planification de l’urbanisme sincère et rigoureuse condamnant toute atteinte à nos forêts, il est à craindre que la disparition progressive de ces dernières annonce le glas de toute chance d’un développement durable et équitable de notre pays…
*"INFLUENCES DU COUVERT FORESTIER SUR LES PRÉCIPITATIONS"
Influence de la végétation forestière sur l'eau et les sols