ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )
12 Octobre 2011
Photo: Karim Tedjani (2011 Tous droits réservés.)
Un peu partout à travers le territoire algérien, des projets de fermes pédagogiques se mettent en place. Ce concept permet de créer un espace où l’activité de l’homme moderne pourra se développer en harmonie avec l’environnement d’un site naturel.
Dans sa forme la plus simple, c’est une ferme qui est ouverte au grand public afin qu’il puisse découvrir ou redécouvrir la vie en zone rurale. Une ferme d’accueil pédagogique, cela peut être à la fois une exploitation agricole, un lieu d’expérimentation botanique et d’habitat écologique, un pôle d’accueil pédagogique mais aussi un gîte touristique et, de ce fait, un vecteur de créations d’emplois. La ville et la campagne peuvent s’y rencontrer dans les meilleures conditions pour peu que le lieu soit exploité intelligemment. On pourrait penser que, c’est un phénomène qui fait seulement écho à l’engouement des sociétés européennes pour ce type d’établissements aptes à répondre à nombre des contingences de ce qu’on a coutume d’appeler le « développement durable ».
Pourtant, la chose n’est pas du tout inédite en terre d’Algérie qui a été, à travers les âges, cultivée notamment par les colons de nombreuses civilisations. Essentiellement dans la zone tellienne, des numides aux français, tous ces peuples ont tenté des expériences agraires innovantes afin d’adapter leurs savoir faire à l’environnement particulier de ce territoire.
Ainsi, à partir de 1859, Vital Rodier dit le « père Clément » va transformer un orphelinat situé dans une ferme à Misserghin, près d’Oran, en une des premières fermes pédagogiques de l’histoire. Il permit à de nombreux orphelins d’apprendre le métier de cultivateur et y fit de nombreuses expérimentations botaniques. La plus célèbre est bien entendu la Clémentine dont on lui attribue sans conteste l’hérédité.
Cet été, j’ai eu la chance de visiter une de ces nouvelles fermes pédagogiques , toujours dans la région d’Oran. Mme Baba Ahmed Allou, présidente de l’association « Main dans la main », qui gère la « ferme des Asphodèles », milite avec passion pour le développement de ces lieux d’exploitation agricole et d’accueil publique. Elle y voit aussi, et c’est intéressant de le préciser, une formidable opportunité pour intégrer la femme rurale algérienne dans la société moderne. En effet, ces fermes peuvent être des ces fermes pour mettre en valeur leurs nombreux savoir faires et, de ce fait, leur assurer un revenu complémentaire garant de leur indépendance financière au sein de leur foyer.
Dans un pays qui ambitionne d’être une destination touristique attractive, je trouve que l’accueil des « douaris » est plus représentatif de l’hospitalité à l’algérienne que dans des hôtels à l’européenne. De plus, les besoins pour former les jeunes ruraux à cette forme de tourisme écologique est moins lourde à assumer. Ils sont déjà des guides aguerris, des cuisinières traditionnelles, des musiciens, des maitres nageurs expérimentés ect… Les jeunes citadins, eux formés au tourisme international, à l’encadrement des enfants, pourront aussi apporter une plus value à l’accueil de ces projets. Des stands pour vendre les produits du terroir aux visiteurs seront aussi générateurs de bénéfices et donc d’emplois et feront la promotion de nos produits du terroir.
De nos jours, certains enfants des grandes villes algériennes, n’ont jamais vu une vache « en vrai » et ne vont pas souvent à la campagne. Cela détériore, de générations en générations, le lien qui lie les algériens de demain à leur Nature. De plus, nombres de ces enfants vivent dans des espaces restreints et des quartiers parfois insalubres. Un séjour à la ferme peut être un bon moyen de prendre une bouffée d’air… Enfin, à certaines périodes, les agriculteurs ont besoin d’aide pour la cueillette de leur récolte. Mes jeunes cousins, par exemple, viennent l’été à la ferme de ma grande tante Nouara (Guerbes/Skikda) pour se faire à la fois de l’argent de poche et passer des vacances à la campagne. Pourquoi ne pas permettre à des adolescents de famille pauvres d’en faire autant. Des ateliers de sensibilisations au respect de l’environnement peuvent être mis en place pour accueillir des groupes scolaires toute l’année. Là aussi, des emplois pour nos cadres environnementaux pourraient être crées.
Beaucoup de chercheurs algériens se plaignent de ne pas avoir assez de lieux d’accueil pour étudier certains sites naturels. La ferme d’accueil pourra répondre à cette attente. D’autant les paysans connaissent parfaitement la biodiversité et les trésors naturels de leurs régions. Une rencontre entre la société scientifique et rurale est un point positif pour assurer le futur de la nature algérienne.
Dans ces fermes, il est aussi possible d’organiser des séminaires et des programmes internationaux afin de partager les connaissances avec le reste du Monde. Des pépinières, des arborétums, des réintroductions d’espèces locales pourraient y voir le jour.
Bref, la ferme pédagogique d’accueil parait être un concept très intéressant pour l’environnement naturel, économique et social de l’Algérie rurale autant qu’urbaine.
St Denis, le 12 octobre 2011.
Karim Tedjani pour « Nouara, le portail de la Nature algérienne ».
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