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Nouara Algérie

ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )

«La fondation Djanatu al Arif : un Paradis sur Terre… » Par Karim Tedjani

VISITE DU CENTRE MEDITERRANEEN DU DEVELOPPEMENT DURABLE DE MOSTAGANEM

 

Photo de couverture 

              Vous pourrez consulter un album photos commenté à la fin de cet article 

 

 

 

*De Paris à Mostaganem

Tout a commencé par une rencontre à Paris avec Abdallah Behabib chargé de communication en France  de la fondation « Djanatu al Arif » qui se situe à la périphérie de  Mostaganem,  dans l’ouest de l’Algérie. Ce dernier m’avait  contacté via le portail Nouara  afin de me présenter les nombreuses activités liées à la protection de l’environnement ainsi qu’au développement durable de l’organisation non gouvernementale dont il fait partie. Je dois avouer que l’extrême gentillesse de ce dernier, ainsi que son exposé fort  attrayant  ont très vite suscité ma curiosité. Au fur et à mesure que se déroulait  notre conversation, à chaque fois qu’il me faisait part d’une initiative réalisée ou envisagée par les membres de « Djanatu al Arif », je sentais s’amplifier en moi  la conviction que le Centre Méditerranéen du Développement Durable   dont il me parlait avec une ferveur mesurée était en parfaite résonnance avec les ambitions qui m’animent depuis toujours quant au développement de l’Algérie.

Aussi, quelques jours après  mon arrivée sur le territoire algérien, je suis  entré en relation avec M. Réda Bentounes, chargé de communication du C.M.D.D  qui me proposa  de venir y  séjourner quelques jours dès que mon agenda me le permettrait. Le 7 décembre apparût comme une date nous convenant tous les deux.  

Mme Baba Ahmed, présidente de l’association oranaise « Main dans la Main » pour la promotion de la femme rurale de Boutlelis, mon plus fidèle soutien dans la région de l’Ouarsenis, m’a proposé de m’y accompagner et s’est chargé de mon hébergement à Oran la veille de mon arrivée à Mostaganem. Je me réjouissais également de retrouver cette femme hors du commun avec qui j’ai noué de sincères et profonds liens d’amitié et d’émulation. A chacune de nos rencontres, j’en apprends  un peu plus  sur la vie des ruraux de la région oranaise et m’imprègne de sa formidable vitalité. J’étais d’autant plus content que, cette fois-ci, j’allais pouvoir lui faire découvrir un endroit qu’elle ne connaissait pas…

Une histoire de famille et de bénévoles

Nous voici donc, en compagnie de son époux,  en partance  pour le C.M.D.D  où nous avions rendez vous avec  Mourad Bentounes, le président de la fondation « Djanatu al Arif »,  ainsi que sa fille Mahdia Bentounes et son neveu Réda. A notre arrivée, nous fûmes tout de suite  émerveillés par la beauté ainsi que  le sublime cachet des lieux. Dès l’entrée, une longue allée impeccable  de palmiers nous avait d’ailleurs  tout de suite annoncé la couleur et, quand nous nous trouvâmes en face du bâtiment principal  à l’architecture d’inspiration  mauresque, en contemplant  son jardin, j’ai tout de suite compris que nous allions passer  un séjour exceptionnel dans ce lieu chargé d’histoire et de « bonnes vibrations ». Très vite, je me suis également  rendu compte que cette histoire était intimement liée avec celle de la famille Bentounes  et donc de la Zaouïa du Cheikh Khaled Bentounes, guide spirituel de cette dernière dont l’aura inspirée rayonne sur tout le centre,  bien qu’il réside principalement  à Cannes, dans le sud de la  France.

M.Bentounes, qui est le frère du Cheikh et président de la fondation (la seule d’ailleurs existant en Algérie) m’explique, sans le moindre ressentiment, que le domaine existe depuis 1920, mais qu’il a été nationalisé durant la présidence de Houari Boumediene et, de ce fait,  confisqué à la Zaouïa. Il aura fallu attendre 1997 pour que les démarches judiciaires engagées par la Confrérie afin de se réapproprier les lieux aboutissent enfin.

_ « Nous avons récupéré l’endroit dans un état  lamentable ; avec l’aide de nombreux bénévoles ainsi que des dons privés, nous avons réussit à restaurer les lieux. Puis en Décembre 2004 la fondation Djanatu al Arif a été créée pour être capable d’accueillir des visiteurs en 2007. » Me raconte M.Bentounes.

Quand je lui demande quel est son métier, il me répond avec un sourire à la fois malicieux et pudique qu’il a voué sa vie à cet endroit, qu’il n’a jamais rien  fait d’autre que de s’en occuper. Durant  tout mon  séjour à Mostaganem, lors de mes nombreuses conversations avec Réda et Mahdia, ces deux jeunes cousins et cousines m’évoquèrent leurs souvenirs d’enfance dans ce lieu qu’il les habite autant, si ce n’est plus, qu’ils ne l’ont habité vraiment.

Cet Amour pour le domaine de la fondation, je l’ai ressenti dans chaque geste des nombreux bénévoles qui s’activent à le rendre chaque jour plus rayonnant. Tout ici est harmonie, poésie, précision et joie de vivre, fruits d’une passion entre des hommes, des femmes et un Message d’universalité  incarné dans les moindres parcelles de ce centre.

Allier la tradition et la modernité

« La paix, n’est pas que la paix politique entre les nations, mais la paix, c’est d’abord entre l’homme et son environnement entre l’homme et son environnement, entre l’homme et le sens de la responsabilité qu’il a vis-à-vis d’un développement durable, d’un développement équilibré, d’un développement humain », tel est le message que  Cheikh Khaled Bentounes transmet dans un de ses nombreux livres,  « Le Bassin méditerranéen : une raison d’espérer ».  Il suffit de se rendre au C.M.D.D pour constater qu’il a veillé à allier la parole aux actes chose si rare dans une Algérie contemporaine où l’utopie et le faire semblant font malheureusement si bon ménage !

Partout dans  l’enceinte de ce centre, on peut admirer une multitude d’objets, vestiges du passé de la culture algérienne et du passage de la France en Algérie que la Zaouïa a conservé  tout au fil du siècle dernier. Mais on peut également y trouver de nombreux équipements modernes que le Cheikh a apportés de ses nombreux voyages à travers le monde.

 Si l’architecture du domaine est un bijou de la culture arabo andalouse, le centre n’en est pas moins équipé de toutes les infrastructures qu’exigent un lieu d’accueil et d’exploitation de notre temps. Capteurs et chauffe eau  solaires, système d’irrigation « goutte à gouttes », engins, véhicules, un atelier de menuiserie, une vaste cuisine répondant à toutes les normes d’hygiènes modernes, un système d’éclairage muni de capteurs de mouvement, rien n’a été laissé au hasard pour faire du C.M.D.D un site de classe internationale  capable d’accueillir de nombreux événements et près de 150 visiteurs. Le réfectoire  de la fondation est à même d’assurer environ mille couverts. La cuisine traditionnelle  est délicieuse ; le soin apporté par la fondation pour  assurer à ses invités  un service impeccable est irréprochable.

D’ailleurs, lors de ma visite, la fondation accueillera  les participants d’un congrès international de médecins et j’ai pu constater par moi-même qu’aucun détail n’avait été négligé pour rendre leur villégiature  très agréable.

La  transmission intergénérationnelle est une des pierres angulaires de la démarche de « Djanatu al Arif ». Réda et Mahdia Bentounes  n’ont eu de cesse de me rappeler, tout au long de ma visite parmi eux. Si le C.M.D.D est géré par des « anciens », la force vive de la fondation est essentiellement constituée de jeunes dont la moyenne d’âge est de vingt cinq ans. Tous ces jeunes viennent chaque week-end apporter leur contribution à ce rêve d’une Algérie meilleure, à  la mesure de la Nature Algérienne que beaucoup de nos compatriotes semblent avoir oublié.

 Je me souviens, à ce propos,  du témoignage de Fayçal, 24 ans,  un chauffeur d’engin qui me raconta qu’il avait été un jour  engagé par la fondation pour un travail de terrassement et que, en constatant tout ce qui avait été réalisé par des bénévoles, a décidé de rejoindre cette formidable chaîne de solidarité alors que son salaire n’est d’ailleurs est loin de lui suffire. Si notre jeunesse comptait plus de Fayçal, fort est à parier que la jeune société algérienne  ferait un grand bon en avant au lieu de s’abîmer chaque jour un peu plus dans l’individualisme et le fatalisme…

La ferme pédagogique du C.M.D.D : un espace totalement dédié au développement durable

Le jardin du centre est un joyau d’innovations et d’optimisation de l’environnement qui l’entoure. L’Art et la Technologie y  cohabitent dans la plus parfaite harmonie.

Tous les éléments, la pierre, le bois, la terre, l’eau, les végétaux,  le soleil sont mis en valeur dans cet espace vert qui a également une fonction initiatique. Il est conçu autour d’une spirale et, chacune de ses parties a un sens spirituel que le promeneur qui évolue entre œuvres d’art et décors bucoliques doit deviner par lui-même. C’est une véritable ode au génie humain et à la beauté naturelle, à la Création Divine.

Le C.M.D.D est précurseur en bien des points.

En effet, la fondation s’est investit dans l’introduction de l’arganier un arbre dont le fruit a des vertus thérapeutique  et cosmétique connu à travers toute la planète. Son exploitation était jusque lors l’apanage du Maroc ; la fondation « Djanatu al Arif » s’est donné pour mission de faire de l’Algérie un nouvel acteur dans ce domaine. Après en avoir maîtrisé la culture, ce centre a veillé à l’introduire dans de nombreuses wilayas du territoire.

Cultivée notamment en Inde et au Japon, la spiruline est une algue très prisée pour ses qualités nutritives et médicinales. Le C.M.D.D s’est lancé dans un programme de culture de cette ressource naturelle d’avenir. Malgré un démarrage en dent de scie, les membres de « Djanatu al Arif » sont déterminés à atteindre leur objectif dans ce domaine.

La figue de Barbarie est un fruit dont on peut tirer non seulement une huile parmi les plus chères au monde, mais aussi des condiments, un complément alimentaire pour le bétail, de la confiture ainsi que des produits cosmétiques. Rien ne se jette, tout est valorisable… Là aussi la fondation a fait preuve d’esprit d’innovation en s’engageant dans un vaste programme de culture et de promotion de la figue de barbarie en Algérie. Pour ce faire, la ferme pédagogique a démarré la culture de ce fruit dans un domaine agricole situé  à Stidia et  produit d’ailleurs déjà ses propres  confitures. Fidèle à l’esprit d’émulation et de partage qui caractérise cette institution  exemplaire, le C.M.D.D a de plus organisé au mois d’août dernier  le premier séminaire international sur le sujet.

Le tri et la valorisation  des déchets, le compostage, l’utilisation des énergies renouvelables, l’économie d’énergie, l’utilisation systématique  de matériaux naturels issus de la région font de cette ferme un exemple de réussite. Ici, développement durable n’est pas qu’une formule, un effet de style, mais bien une réalité qu’il serait bon d’insuffler au reste du pays qui en a tant besoin pour entamer une marche vers une modernité plus  vertueuse et moins consumériste.

A chaque fois, les membres de la fondation « Djanatu al Arif » ont invité des spécialistes nationaux ou internationaux et se sont initiés à leurs techniques ; une fois maitrisées,  ils se sont appliqués à la transmettre au reste du pays par le bien de leur nombreux bureaux à travers tout le territoire.

La ferme est aussi un refuge pour de nombreux animaux .On y pratique également l’élevage des abeilles. 

Le C.M.D.D active également à la sensibilisation pour la préservation de l’environnement en organisant notamment tous les printemps une « université de printemps » où sont conviés des enfants venus de toute l’Algérie  à  passer  une semaine dans l’enceinte de la fondation.

Cette année, la fondation a produit un calendrier pour l’année 2013 qui sera distribué non seulement aux enfants de la wilaya de Mostaganem, mais aussi dans d’autres régions algériennes ; ce dernier sous forme d’une bande dessinée  fait la promotion de la protection de l’environnement et des éco gestes. J’ai pu assister à une exposition de la fondation qui se déroula le 9 Décembre lors d’un forum associatif organisé à la faculté de médecine d’Oran. Au regard de la foule qui s’est agglutiné devant leur stand mis en place par le bureau oranais de « Djanatu al Arif », il n’est pas injustifié  d’affirmer que ce fût un franc succès…

La solidarité le plus bel  héritage de la Nature Algérienne

Quand on constate tout ce qui a été accompli depuis 2007 par le C.M.D.D on ne peut qu’être admiratif. « Maintenant que je sais qu’un tel endroit existe en Algérie, je peux mourir en paix ! » s’exclame d’ailleurs avec beaucoup de respect M. Baba Ahmed, le mari de la présidente de l’association « Main dans la Main »  dont le regard s’est illuminé durant toute la visite du centre.

Mais, le plus fascinant c’est que tout cela a été largement possible grâce aux bénévoles de la fondation ainsi que par des dons venus de toute l’Algérie mais aussi du monde entier. Des arbres, des plants, des semences, des matériaux, du matériel, des savoirs faires ont afflués de partout vers ce pôle de solidarité dédié à l’environnement, au savoir mais aussi à la connaissance. Quand on voit la grande activité au sein du centre, les résultats obtenus ainsi que la grande émulation qui règne au sein de cette fondation, force est de constater que tout cela est largement justifié.

 Partout dans ce centre,  je fus accueilli avec une sincère bienveillance et j’ai pu apprécier à quel point l’engagement des bénévoles était profond, désintéressé. Chacun d’entre eux m’a confié que la richesse qu’il  avait trouvée dans cet élan de fraternité était bien plus précieuse que l’argent. Dans une société algérienne si matérialiste de nos jours, c’est une chose si rare…

Cet esprit de fraternité, cet investissement de tous ces jeunes, le partage et l’ouverture sur le reste du monde de cette fondation, tout cela et tant d’autres choses m’on conforté dans le fait que, n’en déplaise à ceux qui masquent leur manque de foi en l’Avenir de notre pays  derrière un fatalisme « endémique » et improductif, la Nature Algérienne, au sens propre, comme au figuré est un trésor de bienfaisance et d’esprit d’initiative. Etre Algérien, ce n’est pas ce que la plupart des gens se confortent à croire, c’est être ouvert d’esprit, généreux, capable de s’approprier toutes les cultures du monde, c’est croire au mouvement durable ; ce qui se passe à la fondation « Djanatu el Arif »  et ses nombreux bureaux à travers le pays et le monde en est l’exemple le plus incontestable !

Depuis que je me suis lancé dans l’aventure « Nouara », je n’ai eut de cesse de constater que la seule vraie énergie renouvelable de notre pays, sa ressource « naturelle » la plus précieuse réside dans ce genre d’initiative civique et responsable. C’est dans  cette énergie  que je puise la mienne, c’est pour cela que je n’ai jamais regretté tous les sacrifices auxquels j’ai consentis pour témoigner des trésors de bonne volonté dont regorge la société Algérienne de l’an 2000 et, je ne peux que vous encourager à croire, comme tous ces Algériens qui ont choisi d’agir pour le bien-être collectif et surtout les générations à venir, qu’en Algérie, il est encore possible d’espérer…

Karim Tedjani

Pour en savoir plus:

La Fondation La Fondation "Djanatu al Arif" pour le développement durable (Mostaganem)  (Album photo commenté par l'auteur)

LOGO DJANATU AL ARIF 

Djanatu al Arif

Debdaba-Vallée des Jardins (Mostaganem)

Tel 0770567837

Web http//www.djanatualarif.org

Mail:djanatualarif@gmail.com

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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K
<br /> Merci à Nouara de m'avoir fait découvrir la Fondation Djanatu-Al-Arif et ses objectifs pour le développement durable. En espérant que ce genre d'expèrience se développe à travers le pays pour une<br /> autre image de l'Algérie indépendante et solidaire pour un développement durable et la paix entre les hommes.<br />
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B
<br /> merci Karim d 'avoir ci bien rapporté toutes ls détails de la fondation, les photos des bénévoles, ls animaux de la ferme pédagogique, les heririers de la fondation Mr bENYOUNES? MAHDIA REDA qui<br /> nous ont si bien accueillie. Mon epoux et moi nous les remercions.   kARIM tu est toujours le bienvenu a Oran<br />
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