24 Avril 2014
Une des 14 sources réhabilitée par les habitants de Takerboust (Photo: Tedjani K.)
Takerboust, est l’un des villages les plus peuplés de Kabylie. Concernant l’eau potable, d’une manière générale, la situation est malheureusement très alarmante. Il est alimenté par différents types de réseaux d’alimentation tels que les eaux de sources, les eaux de l’oued d’Aghbalou ainsi que les eaux de forage de Toghza.
Pour chaque type d’approvisionnement en eau potable du village Takerboust, les risques sanitaires sont loin d’être négligeables. Pour preuve, l’apparition au sein de la population locale de nombreuses maladies comme l’hépatite «A» où d’autres qui n’ont pas encore été diagnostiquées avec certitude. Les pathologies de la vésicule, ainsi que les cancers, prolifèrent dans notre région de M’CHADALLAH , en général, et à TAKERBOUST en particulier. Si cela reste à confirmer, il est clair que l’on ne peut occulter un lien intime entre la qualité sanitaire de l’eau potable consommée par les villageois et la recrudescence de toutes ces maladies parmi les locaux.
Dans ce rapport, je vais essayer de donner des éclaircissements à propos de chaque source d’alimentation ou d’approvisionnement du village en eau potable.
Tout d’abord, il y a les sources captées au niveau de la montagne. Elles sont au nombre de 14 fontaines. Elles s’avèrent très anciennes et ont été réalisées par nos ancêtres avec un débit moins important et furent canalisées avec un réseau de tuyauteries galvanisées.
Une opération de volontariat a été effectuée par la population afin de réhabiliter ces sources et de changer toutes ces canalisations obsolètes par une tuyauterie en PEHD. L’ancienne canalisation était très usée, au point que les coupures d’eau s’y multipliaient de manière très pénalisante pour le bon fonctionnement du village. La corrosion et le calcaire s’y sont entassés au fil des temps, ce qui a favorisé la formation d’une couche très épaisse dans les tuyaux. Rappelons que l’oxydation et la corrosion représentent un véritable danger pour la santé publique…
Mais le changement de la canalisation galvanisée en PEHD, n’a pu être réalisé qu’à hauteur de 20% de la surface totale, vu le coût du financement d’un tel projet ainsi qu’au regard de la distance qui sépare ces sources de l’arrivée du château d’eau (environ 12Km)…
De plus, Takerboust souffre d’un déficit considérable en matière de sources. Elles ne peuvent pas assurer totalement les besoins de la population très dense de cette localité.
Les services techniques hydrauliques se sont donc mobilisés afin d’augmenter ce débit en par l’approvisionnement de la commune par des captées eaux au niveau des oueds TALAKA et AGHBALOU.
Malheureusement, il apparait, après analyse, qu’en ce qui concerne les captages d’oued, la qualité des eaux est impropre à la consommation et ne répondent pas à tous les critères de potabilité telle que la qualité physico-chimique et microbiologique des eaux.
La loi de 05-12 de 04 aout 2005 relative à l’eau et la sante publique stipule qu’il est formellement interdit d’approvisionner ainsi des centres urbains avec des eaux d’un oued sans les faire passer systématiquement par une station de traitement des eaux.
D’autant que les eaux de l’oued ne sont pas à l’ abri de contamination d’origines organiques ou végétales.
La composition chimique des eaux d’oueds est donc toujours instable. Un excès en éléments chimiques dans ces dernières, tel que le fer, est probablement parmi les facteurs qui peuvent provoquer ou favoriser certaines maladies comme les cancers.
Pour cette raison, il est recommandé d’utiliser différentes formes de filtres au niveau des stations de traitement des eaux afin de réduire la teneur en fer et stabiliser la composition chimique des eaux selon les normes recommandées par la loi (normes algériennes).
La dégradation totale de la situation constatée en matière de l’eau potable, a engendré l’apparition de nombreux cas comme hépatite «A», rappelons-le.
L’Hépatite apparaît souvent à cause de la non utilisation de la javel dans notre château d’eau, ce afin de minimiser les risque d’éventuelle contamination de l’eau, causer par l’homme ou bien par la mort d’animaux dans les zones de captages de l’oued TALAKA ou de l’oued AGHBALOU . Les deux sites sont à l’air libre, dépourvus de la moindre mesure de sécurité…
L’utilisation de l’eau javel dans notre commune devient à ce propos une question de responsabilité civique.
En été les températures très élevées et l’augmentation de la demande en eau potable par la population, alors que les fontaines et les eaux de oueds sont en régression. Cette situation oblige les autorités locales à prendre des mesures secondaires pour réduire le déficit en eau potable, et de procéder ainsi à l’alimentation de la commune par les eaux de forage de Toghza.
Le forage Toghza est une eau de nappe phréatique, située à la région de Toghza dans la commune de Chorfa. Cette nappe à été exploitée dans le cadre l’AEP DE BOUIRA pour au bénéfice des communes avoisinante en cas de sécheresse.
Les eaux de forage de Toghza sont canalisées par des tuyauteries en ciment qui contient de l’amiante. Cette eau pompée par six(06) stations de pompages pour aller de Toghza jusqu’à l’arrivée du château d’eau de la commune d’Aghbalou.
Dans le cadre de la réglementation relative à l’eau la loi (05-12du 04 aout 2005), l’utilisation des matériaux à base de l’amiante est formellement interdite par la loi algérienne, de même que la fabrication, l’importation et l’utilisation des produits à base d’amiante.
L’amiante est un produit très dangereux car dans un gramme d’amiante il y a un million de fibres et chaque fibre est 50.000 fois plus petite qu’un cheveu. Lorsque les fibres d’amiantes sont inhalées ou ingurgitées de façon prolongée, elles provoquent le cancer.
D’après le service technique de la commune d’Aghbalou, il existe des points de croisement entre la canalisation d’approvisionnement en eau potable du forage de Toughza et le réseau d’assainissement locale de village de BENI HAMDON, il y a donc de sérieux risque de contamination.
De plus, on ne peut que constater à quel point la commune d’Aghbalou est dépourvue de châteaux d’eau d’une grande capacité. Les châteaux existant ne sont pas assez volumineux et ont des fissures qui présentent un risque d’éclatement, ainsi qu’une perte d’eau, tandis que la demande en eau ne cesse d’augmenter, au fur et à mesure que la démographie de ce vaste village augmente…
Voici donc, en quelques paragraphes, exposée la situation de ma commune en ce qui concerne l’eau potable.
Djamal Bellal, secrétaire de l'association écologique "Tazermurt" (Takerboust-Bouira)
Assisté par Karim Tedjani (rédaction)