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Nouara Algérie

ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )

"La « Mal-chimie », ou la magie noire des temps modernes..." Par Karim Tedjani.

            Plaidoyer pour une Algérie plus naturelle que chimique...

 

            Genrations

"Mal-bouffe" et "Mal-chimie"  sont les mamelles d'une   jeune  Algérie bientôt majoritairement   obèse et aculturée.... (Photo Tedajani K. ) 

Tags: environnement, agriculture, santé publique en Algérie. 

 

 

Hier,  l’Alchimie …

De nombreuses légendes, à travers le monde, font référence à la Magie dont étaient capables certains hommes et femmes pour changer le cours de leur destinée, parfois celles des autres, au point  même d’influer  sur l’Histoire.

Magie tantôt « noire », tantôt blanche », parmi celles qui occupent une place prépondérante dans l’imaginaire collectif de nos sociétés modernes, l’histoire de l’Alchimie et des Mages, aura été un témoignage indélébile d’une rencontre qui va, en son temps,  bouleverser la face du globe et continuer à nourrir encore toutes les passions en ce début de millénaire... 

L’Orient, l’Afrique et l’Europe se rencontrent de plein fouet lors des croisades médiévales. Deux cultures s’opposent, tout d’abord par la guerre, puis se reconnaissent à travers la science. Un Orient musulman, savant, plus avancé technologiquement et culturellement, mais déjà en phase de crépuscule. Une Europe émergente qui, plus tard,  "industrialisera" la culture avec l'invention de l’imprimerie, annonce déjà  une ère nouvelle pour le monde. Cela allait   déboucher  des siècles plus tard sur celle,  actuelle, de la révolution industrielle et  de  l’information. Et l'Afrique? Prise entre  ces deux civilisations,  mais  n'en demeure pas moins riche  de ses propres mythes et savoirs; elle  joue un rôle économique, culturel et géostratégique  loin d'être négligeable  en ces temps mouvementés!

De leurs antagonismes géopolitiques, aux prétextes religieux, naîtront aussi, sans conteste, des croyances philosophiques communes   qui préfigureront  la culture universelle de demain. Si, des deux côtés du monde médiéval, les guerriers s’entre-tuèrent, souvent avec respect, les savants chrétiens et musulmans  eurent tout même aussi  de formidables échanges ; et ce dans la plupart des domaines physiques ou spirituels.

L’Afrique et l’Orient, du nord au sud, furent le berceau de nombreux mythes et croyances qui ont largement circulé à travers tout le monde Monothéiste. Certains sont encore présents aujourd’hui dans la culture mondiale contemporaine.

Qui pourra contester, parmi les nombreux exemples possibles, l’influence encore très importante de la mythologie égyptienne dans, ne serait-ce que la symbolique de nos sociétés modernes ? De premier abord, cela n’est pas si évident à constater. Mais pour qui s’intéresse plus ou moins de près à l’Histoire ainsi qu’à la Culture en général, son « emprise » sur notre conception du monde , depuis son avènement à nos jours, égale largement  celle de l’Antiquité gréco-romaine…

La pyramide n’a pas fini de hanter l’esprit des hommes et des femmes de ce monde . Qu’ils soient traders, guerriers, politiciens, commerçants, bâtisseurs où bien artistes, beaucoup  de ceux qui firent et defirent l'Histoire passée et contemporaine  s’intéressèrent  au fameux  "Nombre d’Or » égyptien, qui fut considéré comme divine proportion,  et cela même par  d'aussi excentriques croyants  que  Léonard de Vinci. Saviez vous qu'"Abracadabra"  est une vieille   formule magique égyptienne? 

Qui pourra également réfuter l’influence de la mythologie Germanique et Scandinave  sur la culture de cette dernière, puis celles  des Etats unis ? La série  de films «  Le Seigneur des anneaux » ou bien encore d ceux consacré au super-héros  « Thor »,  sont que  exemples faciles à identifier à ce propos. Je peux  ajouter qu’il n’est pas besoin de rappeler l’influence qu’elles eurent sur des artistes comme Wagner qui, bien plus tard, inspira les desseins de  son plus funeste fan, Hilter … La culture Gothique, le Hard rock, les jeux vidéo de nos ados sont gorgés d’allusions à cette culture européenne ancienne.

Les mythes et légendes d’origine Celtique ont toujours hanté la mémoire des peuples du Nord, autant que la mythologie Grec antique. A la différence que la Grèce a été beaucoup plus influencée par l’Egypte, comparé aux occasionnelles (d’autres diront éventuelles) intrusions des Celtes en terre d’Afrique ou d’orient.

Dans cette myriades de cosmogonies mythologiques, le monotheisme, déjà pressenti par le pharaon Akhenaton, mais qui se survivra pas à sa mort,  mettra  avec ces "Livre" de l'orde dans tout cela. Mais, même  avec un seul Dieu, il n'y a jamais eu  une seule religion. L'homme n'est pas si prompt  à la monoculture qu'on voudrait à présent nous le faire croire...

En ces époques de croisade, disais-je, la religion exerçait sans réel partage son pouvoir séculier sur le monde. Si leurs cultes n’étaient pas similaires, l’Europe, l’Afrique et l’Orient, la Méditerranée tiraient déjà, en ces temps là, une large partie de leur matrice culturelle d’un radical commun essentiel: la croyance en un Dieu unique. En cherchant à extraire « la substantifique moelle » commune à toutes leurs certitudes, l’idée d’une matière commune à toute chose, d’origine plus ou moins divine, selon les alchimistes qui en cherchaient les secrets , fit sont apparition dans les sciences humaines. Puisque le monde était  largement d’accord sur le fait qu’il ne peut y avoir qu’une  seule divinité, il devait exister une matière divine commune à toute ses autres créations...

Ainsi, dans la rencontre du monde musulman et chrétien, la notion de transmutation trouva une de ses plus belles illustrations philosophique ; l’idée d’une alchimie positive possible entre des corps étrangers. Quand on maîtrise les secrets de leurs compositions,  ils peuvent se mélanger harmonieusement et produire quelque chose de plus précieux que  ces éléments   isolés.

Une idée folle vit le jour à travers le monde civilisé. Pourquoi ne serait-il pas possible, en combinant la Chimie et la Méditation, de transformer certaines matières, comme le plomb ou le cuivre, en argent ou bien, mieux, en or. La Quintessence et le mythe du Grand Oeuvre  étaient nés en Europe , les alambiques et les Anathor se mirent à chauffer  l’œuf philosophale pour obtenir  de l’or matériel pour les moins éveillés et les plus avides ,  un trésor spirituel pour les plus enclins à la bonté et initiés à la Sagesse Universelle, disait-on.

 

En ombre chinoise à cette nouvelle « philosophie », le Judaïsme ne fut pas en reste et joua aussi son rôle de terreau primordial dans la naissance de l’Alchimie. N’oublions pas aussi, que Moïse fut un grand bâtisseur initié aux secrets des Mages égyptiens... La Kabbale juive est profondemment imprégnée par cet héritage d'une mathématique d'ordre divin. Le soufisme, notamment algérien, ne sera pas exempt de références à la science magique des nombres ainsi qu'à la quête suprême d'une transmutation spirituelle. On sait à quel point l'Emir Abdelkader fascina en son temps  les milieux occultes européens.   A la même époque,  les traditions bouddhistes et hindouistes firent avec plus d'insistance  leur apparition dans le champ lexical de la Magie  moderne. D’un point de vue culturel, cela crève les yeux dans les spectacles  de magie  où, depuis cette période,  de nombreux   illusionnistes  se sont  réclamés  héritiers  d'une magie venue d’Inde, du Tibet, ou   bien encore  de Chine...

Le mot Alchimie vient  cependant de l'arabe  « Al Chemia ».  Une science qui évoluera plus tard , en Europe vers la Chimie. Car, si on n’est pas sûr que les alchimistes aient pu un jour faire de l’or avec du plomb par "simple" transmutation magique, leurs recherches sur la classification des matières et la fusion des métaux  furent une contribution très précieuse à cette science moderne. 

L’histoire est belle, mais elle est  trop longue et complexe à vous raconter . Surtout dans le contexte de ce billet destiné à dénoncer avant tout la mauvaise façon dont la Chimie influe à présent    sur nos vies de consommateurs …

J’espère que,  ce je vous ai évoqué dans certains de ses principaux contours,  vous aura  un peu éclairé sur le sujet  ou,  rappelé peut-être ce que vous saviez déjà. Je ne souhaite pour rien au monde , par contre, paraître un peu farfelu ; excusez ma nature, j’ai toujours tendance à parler avec passion des choses qui ont  l’intérêt d’attiser ma curiosité et mon esprit baladeur.

Si je me suis appliqué à vous parler d'Alchimie, ce n'est par fantaisie, ni pour étaler au grand jour mes quelques connaissances sur le sujet , mais  surtout pour vous situer  une des principale origine de la" Mal-chimie"  évoquée  dans  le titre de ce longue chronique. Pour vous donner également un repère...

 

Aujourd'hui,  la Malchimie…

Permettez-moi donc de revenir au thème central de ce texte.  Parlons de ce  que j’ai décidé de considérer comme l’obscure facette de l’Alchimie positive. La bonne alchimie, le bon dosage, le parfait mélange entre des corps étrangers. La différence, bien exploitée devient une richesse et non un obstacle. C’est le contraire de ce qu’est la Mal-chimie dont j’aimerais, juste me permettre de vous rappeler la triste réalité.

Dans les premiers chapitres de son très instructif ouvrage intitulé « Notre poison quotidien », Marie Monique Robin nous rappelle, à raison, que les principaux progrès accomplis dans l’application pratique de la Chimie ont été réalisés dans un contexte de guerres globales . Les puissances fraîchement industrielles du Nord s’entre-déchirent. C'est à qui aura sa plus belle part du gâteau des ressources naturelles mondiales. Souvent dans le dénie des cultures exotique à leurs foi absolues dans les principes darwiniste  de l'économie capitaliste  moderne.

Il n'est pas question de faire  ici de la propagande néo-marxiste, elle ne pourra être que philosophie de comptoir  au regard de ma faible  culture communiste et de mes rares lectures du "Capital" de Marx...  Disons que j'use d'une terminologie que  même les économistes et politiciens les  plus farouchement  opposés au communisme ne se sont pas interdit d'intégrer dans leurs propres façons  de penser l'économie globale moderne.   

Revenons en en à nos poisons, face   au caractère beaucoup trop léthargique qu’efficace de la guerre des tranchées, l’introduction de la chimie dans l’art de la guerre fut une option plus qu’envisagée par les grandes puissances industrielles alors embourbées dans la première guerre mondiale . Déjà, au siècle précédent  la "Grande Guerre" , des recherches avaient été menées en Europe dans ce sens. Les conflits internationaux qui s’obstinaient sous les sol moins fertiles en victoires qu’en cadavres, la guerre des tranchées fut le meilleur prétexte pour  répandre des poisons  dans l’air du temps…. Celle du gaz moutarde, du napalm, du Zyklon B., de l'agent orange , des "guerres modernes."..  Elle  aura tout de même généré autant d'argent que des stocks phénoménaux de produits toxiques  en tous genres . Le trésors des templiers, version  celui de gardiens du temple de la chimie industrielle...Et cete fois-ci, ce trésor n'allait pas être caché, mais, bien au contraire partagé avec le monde entier!

Les voilà, ces stocks de poisons,  dès la fin de la deuxième guerre mondiale, restés sur les bras d’une industrie pharmaceutique alors en plein essor. L’agriculture et l’agronomie ne résistèrent pas longtemps aux assauts des lobbys de ceux qui, après avoir commercialisé la mort, ambitionnaient  de donner à présent  un prix comptant à la moindre   forme de vie sur Terre. 

Pour en revenir à la fameuse pyramide des égyptines , il faut savoir  que nous sommes au sommet de la chaîne alimentaire, et que de ce fait, dans nos assiettes, s'accumulent toute la somme  des pollutions ingurgitées par  les animaux et végétaux qui y ont participé... 

Voilà tout ce qu’on apprend, ou que l'on  trouve confirmé, dans les enquêtes de cette journaliste, experte et militante dont le travail est très détaillé .  Si je me permets de la  citer,  c’est qu’elle n’en est pas à son premier essai, que son film et ouvrage « Le Monde selon Monsanto »  a fait école pour bien des consommateurs  et  petits producteurs du monde entier.

Deux sinistres guerres « chaudes », une guerre froide et peut-être même, aujourd’hui,  une guerre « tiède », auront suffit à rendre cette mauvaise chimie présente dans un nombre impressionnant de molécules qui, l'air de rien,  nous empoissonnent   la vie au quotidien. Et, cela où que nous  résidions  sur Terre. Une Mal-chimie globale. C’est constat que nous sommes des millions de consommateurs à travers le monde à pressentir de plus en plus comme une évidence; d'autant que la littérature spécialisée ainsi que l'actualité  confirment chaque jour un peu plus nos soupçons.

J’en sais quelque chose, je suis né en France et j’ai  partagé bien des quotidiens algériens depuis ma plus tendre enfance…J’ai retrouvé cette même mauvaise influence des intrants chimiques dans la  nourriture et les  sols. Mon constat n’est pas seulement celui d’un lecteur assidu d’ouvrages sur l’environnement mondial, ou d'un observateur  passif de l'actualité environnementale algérienne . C'est  aussi celui d'un consommateur qui se sent parfois  un peu impuissant face aux travers de son éducation de consommateur de masse ainsi que son environnement parisien qui ne l'incite pas vraiment  à faire autrement...

C’est vraiment en voyageant, principalement à travers la partie Tellienne de l’Algérie, mon pays d'origine,   que ma véritable prise de conscience s’est opérée. J'ai eu la chance de pouvoir poser mes questions  à de nombreux citoyens et citoyennes plus ou moins impliqués dans la protection de l'environnement en Algérie.   A travers les dizaines de wilayas que j'ai  pu visité  j'ai récolté beaucoup   plus de réponses  que je ne le l'espérais. D'autres questions ont fait également  leur apparition dans mon esprit; c'est l'achimie de la pensée. 

Ce qui m’apparaissait un peu abstrait à percevoir sur les écrans virtuels de ma télé ou de mon ordinateur, dans la douce, confortable et lumineuse jungle "geek" de mon Paris natal, est progressivement devenue triste réalité sur le terrain de mes aventures « écologiques » en Algérie.

Pas seulement face à la dangereuse ignorance des dangers encourus par la majorité des Algériennes et Algériens, dont les agriculteurs. Ni à cause des preuves criantes d’égarements laxistes qui infectent encore trop la plupart des outils institutionnels locaux chargés de la protection de l’environnement. Toute nature humaine, surtout collective, a sa face obscure et malheureusement persistante. La société algérienne de ce début de millénaire est loin d’être une exception à ce propos…

Et, je suis à présent sûr que  ceux qui seront considérés un jour, le plus injustement du monde, comme les principaux bourreaux et acteurs de l’écocide algérien, comprendrons, comme nombre d’agriculteurs et consommateurs à travers  la planète avant eux, qu’ils ont été en fait les victimes  d' une magie "noire", celle du tout pétrochimique. 

Une entreprise à grande échelle, un grand petit-oeuvre,   qui prend l’or de la terre et ne lui laisse même  pas une once de  plomb.  Qui peut transformer le plus généreux des sols en une misère sans nom, un  parfait terreau   pour cultiver...  le  désert. Et elle peut en faire autant avec le coeur et l'esprit de toute personne qui ne croit qu'en la valeur de l'or matériel.  Une chimie pratiquée  par  des savants qui  n'ont retenu Alchimie que la devise  «  c'est la dose qui fait le poison ».  Ce  "happy few"   dispose  de nos jours d'une énorme main mise sur la réglementation mondiale en matière de chimie industrielle. Ne serait-ce  que parce sont les seules à  vraiment disposer des fonds suffisants pour l'orchestrer, ce sont les multinationales, pas les états. 

La Malchimie, c'est la chimie du contraire, qui ne produit que de la richesse matérielle et attise les inégalités à travers le monde.  C'est un cancer pour la Terre, une calamité durable pour l'humanité.

Je ne peut que constater  à quel point la santé de mes compatriotes,   et ce, des deux côtés de la Méditerranée, se dégrade au fil du développement de l’agro alimentation globale industrielle. En Algérie, cela s’est passé en à peine deux générations. Voire mon pays spirituel, la région de Guerbes, dans la wilaya de Skikda, se transformer peu à peu  en  un désert,  tout cela  à cause d’une agriculture de la pastèque « hybride » venue d'Hollande , voilà le choc qui a motivé mon engagement et la création du blog "Nouara". 

Virulente en intrants  biochimiques, hydrovore , énergivore et expansive à outrance, voilà les prémices déjà bien engagées d'une agriculture mortifère et passéiste en Algérie. Elle tend d'ailleurs à se développer dans ma région d'origine, El Oued, pour le meilleur...et pour le pire...

Une des plus néfastes  corollaires et conséquence de l’agriculture intensive à tendance hautement chimique, c’est bien  entendu la déforestation et la disparition du couvert végétal, microbien et animal de nos sols. Des pesticides, des engrais, aux origines, parfois même peu recommandables pour l’environnement et la santé publique, sont en train d’être épandus et répandus dans nos sols et donc, par infiltrations,  dans nos sources d’eau. Sans la moindre cohérence et responsabilité écologique pour la plupart du temps.

Etranges hasards de l’Histoire , lors de la première attaque  chimique d'une  tranchée adverse   les premières victimes officielles furent en grande partie des algériens enrôlés dans l'armée française. Puis,  après l'indépendance, il y eut les essais chimiques, avoués à demi mots, effectués dans les années soixante dix dans le Sahara algérien. Et maintenant, on « empoisonne » les terres au nom de l'agriculture et de la consommation de masse. On favorise la prolifération des cancers ainsi que un tout un tas de maladies.   Pour faire de l’argent facile pour certains, du sensationnel politique pour d’autres.

Si l’Algérie, bien avant de devenir une nation, a été le berceau  et  la terre de passage obligée   de bien d’illustres alchimistes et mages, elle est devennue  le laboratoire  favori de la Malchimie des temps modernes.  

La  mauvaise chimie avait  envahi le monde dans lequel je suis né en France, bien avant que je ne  la remarque en Algérie. Jadis, jusqu'à mon adolescence, Guerbes fut mon îlot de répit, une pause  rurale quasi sacerdoçale. Pas d'électricité,  ni d'eau courante, des ânes, un cheval, les troupeaux et la magie sauvage de la culture des douaris de l'est algérien pour seul divertissement. Paris, je l'oubliais  trois  mois de  l'année dans ce coin paumé de "bled".  

En Algérie, treize ans après ma dernière venue,  j'ai vu naître à nouveau cette Malchimie   dans les cendres d'une Algérie. qui s'était égarée en   bien des point lors de la décennie noire, et même après.

Trouver de nouvelles victimes innocentes.  Compenser les pertes récentes . Ces  parts de marchés en Europe qui s'orientent à nouveau  sur le  naturel.  Le marché du  « bio » est ici florissant. Il y a aussi  le rejet de la chimie affiché  par une part grandissante de consommateurs et producteurs de denrées alimentaires européens.  Voilà un projet "sur mesure"  pour les nouveaux de consommateurs de masse algériens. Continuer à alimenter la Bête ...

Nourrie au sein d'une société algérienne  beaucoup trop ignorante des risques qu’elle encoure à devenir aussi gourmande en chimie que ses partenaires occidentaux.  La Mal-chimie se renouvéle avec beaucoup de succès en Algérie, comme dans tous les pays en voie de développement d'ailleurs. 

Ce pays singe ainsi le pire des travers de la nouvelle culture européenne globale. Alors que, en matière d'agronomie,  c'est  avant tout du côté de  son  regain pour les produits naturels , de ses remises à jour de ses savoir-faire agricoles ancestraux , de ses excellences artisanales, qu'il faudrait lorgner avec attention. C'est ce que l'Europe a de meilleur à nous apporter dans ce secteur. Idem pour l'écologie américaine ou bien canadienne...

 La Malchimie, c'est d'abord une mauvaise relation entre le Nord et le Sud.

Demain l'agro écologie?

Je n’ai, heureusement,   pas  entendu parler d’agro écologie, d’agriculture naturelle ou  bien encore dite "de conservation" dans les  seuls  ouvrages, articles et vidéos consacrées à une agriculture dénuée de chimie .

J’ai ,tout simplement,  aussi entendu des agriculteurs algériens avisés me vanter les grands mérites qu'il y avait  à respecter l’intégrité des sols et  la nature sauvage  environnant leurs cultures. J’ai pu également constater  que les produits naturels et l’agriculture des terroirs locaux redeviennent progressivement  à la mode parmi les "quadra" et les "seniors" algériens. J’ai été convaincu par d'autres, du  fait que l’agriculture, en Algérie, devrait aller directement vers cette étape biologique. Quel intérêt général y aura-t-il à passer  nous aussi par la case « biochimie » intensive? Des  profits privés, c'est sûr...Beaucoup de maladies et le désert  sûrement à la clef.Ce n'est pas impossible non plus.

L'agro écologie doit être le maître mot, avec l'économie de l'eau comme inévitable restriction. Non par mimétisme, pas même par  stérile  élitisme,  mais bien parce que c’est le  seul véritable salut d'une indépendance alimentaire  non seulement durable mais  aussi soutenable pour l'Algérie, sa faune, sa flore, ainsi que  sa population. 

 Autant que  je m'en souvienne, les premières fois que j’ai entendu parler concrètement  des bienfaits   de la biodiversité pour la santé , c’est en observant, enfant, ma grand-tante Nouara. Jadis, ses remèdes et son savoir lui valaient la visite de tous les malades  incurables de  sa grande famille.La médecine  de Nouara, c'était le dernier espoir quand la science moderne ne pouvait pas vous guérir. C'est ce qui ce disait dans notre "tribu" familiale. Elle connaissait d'instinct toutes régles qui lient les molécules entre elles. Dans ses remèdes, comme dans l'Alchimie, il y avait toujours une part de magie spirituelle, un lien avec le Sacré. 

Son époux cultivait de tout sans engrais chimiques, ou peu, tant ses semences étaient adaptés au climat local. Il  obtenait de ses terres des résultats suffisants pour subvenir aux besoins alimentaires de sa famille et, même de s’enrichir  au passage en pratiquant  un élevage qui serait considéré comme "intégré" tant il fonctionnait en harmonie avec le reste de ses activités. Eléveur, agriculteur, apiculteur, chasseur, pêcheur,pour ce douari, diversifier ses activités était la base pour bien vivre à la  campagne. 

A présent, cet homme est mort,  Nouara, livrée à notre "monde de fou" ,comme elle le dit si souvent ,  est  devenue accroc aux calmants. Elle a oublié beaucoup de ces  remèdes de femme rurale de l'Est. Moi je n'arrête pas de lui dire que ces médicaments la tuent  à petit feu. Rien n'y fait, elle  en ingurgite des quantités  énormes. Plus que ce  que ces médecins  lui  ont généralement  prescrit. 

Beaucoup de ses  fils se sont ruinés à cultiver la pastèque « hybride », ils n’ont pas gardé une seule des centaines de tête de bétail dont avait la responsabilité leur père. Ils durent les vendre, notamment pour acheter des engrais et des semences et cultiver la pastèque.  Mais, si les premières récoltes furent phénoménales, elles sont à présent très peu rentables. Elles tuent les sols et favorisent la déforestation d'un cordon dunaire pourtant vital pour le maintien de la fertilité des terres intérieures. 

Voilà la Malchimie qui s'installe dans nos campagnes...

 

Le Mal des uns fait le bien des autres...

Partout ailleurs, en Algérie, comme à Skikda, les cancers prolifèrent, les malformations congénitales se multiplient.  La population algérienne fait  également, depuis  plus d'une décennie, la triste expérience de la boulimie et, on ne le dit pas assez, de l’anorexie. Ces troubles des comportements font échos à des  déséquilibres environnementaux, au sens  le plus large du terme.  Le  régime alimentaire de la nouvelle société algérienne, par exemple,  largement porté sur les matières grasses et  les denrées sucrées. Nos poulets sont gavés de produits chimiques, injectés sans tenir compte des délais sanitaires. Limonades, sucreries en tous genres, une quantité affolante de colorants ingurgités chaque jour par des millions de gens. Et puis la culture du tout jetable, du pas cher mais vite jetté, qui ravi tant les producteurs de plastiques. 

Les Algériens mangent mal, trop gras, trop coloré, trop sucré, trop chimique et les médicaments prennent une place croissante dans le budget des familles. D'autant que les enfants tombent malades de plus en plus jeunes...Un véritable Eldorado pour l'industrie pharmaceutique mondiale!

La Mal-chimie se nourrit-elle avant tout  du mal-être des gens en leur vendant son  paradis artificiel  fait de cyanure et de plastique? Qui sait...

Quid des médicaments de contre-façons, des pesticides et engrais périmés ou interdits qui circulent dans notre pays ? Que dire de l’absence de contrôles sanitaires  encore  trop  peu efficaces?  Des efforts indéniables ont été accomplis dans ce domaine.  Il faut dire, aussi, à la décharge de leur manque d'efficience, que l'entreprise est phénoménale , impossible à réaliser  correctement en des temps records. Mais tout de même...

Et pourtant, comparé à ce qui se passe en Europe ou dans le reste du monde hyper développé ou  sous développé , les choses ne sont  pas ici  pires qu'ailleurs sur la planète. Bien au contraire, quand on ne s'interdit pas, dans la pire  débâcle, de rester optimiste, on peut se dire  qu'il est encore temps de prendre, chez nous,  la bonne direction  dans ce domaine. Car l’agriculture et l’industrie agroalimentaire sont, malgré tout, encore naissantes en Algérie. La population est jeune, elle peut être  facilement éduquée et incitée à une autre façon de concevoir le développement humain. La jeunesse aime le changement, tout le monde le sais; autant que se soit un changement positif et pour la santé publique, et pour l'environnement . Que vaut une démocratie malade et polluée? 

Mais, restons   pragmatiques avant d’être "bon enfants" , l’exploitation des énergies fossiles non conventionnelles, qui va massivement faire appel à la fracturation hydraulique horizontale et donc à la chimie, va largement changer la donne. Accélérer la pollution chimique du pays….

Il n’est pas question de cracher sur tous les bienfaits de la Chimie moderne , ni de ne pas  reconnaître au monde de l’industrie l'invention d'un train de vie qui n'est pas déplaisant de vivre au quotidien, mais de dénoncer les excès dont la Chimie est responsable  quand elle se contente de ne servir que de vils intérêts privés. Quand ceux qui nous empoisonnent sont les même qui prétendent nous guérir, que doit-on penser? 

Comme il y a, selon les légendes du monde entier, une mauvais et une bonne magie, il existe dans la réalité , apparemment,   une bonne  ainsi qu'une  une mauvaise façon de concevoir la Chimie. Je n’ai pas la prétention d’être un expert en la matière, je me suis contenté de partager avec vous mes constats ainsi que mes modestes réflexions sur le sujet.

 

La seule formule magique c'est croire en la nature algérienne  

21ème siècle se doit d’annoncer la fin de la Malchimie industrielle et le début d’une révolution agricole enfin libérée des conceptions qui l’ont perverti en une vaste entreprise d’empoisonnement à petit feu des sols et des consommateurs. Nulle part ailleurs que dans le Maghreb, elle n'a autant de risque  de déboucher sur une désertification totale... 

Il  est temps  de tenter dans ce pays , une transmutation, comme celle des alchimiste qui aspiraient à faire de l'or avec du plomb  ; à travers notamment  une expérience innovante de l'agriculture. Non   plus de continuer à s'enfoncer dans la léthargie de la rente pétrolière  et de croire que seul l'argent donne de la valeur aux choses et aux gens. 

Plus qu'une révolution brutale  du développement algérien, c'est une quête progressive de l'harmonie algérienne qu'il faudrait envisager. Etre animés  par des  pulsions attisées par la frustration, c'est offrir la meilleure occasion  à  la Malchimie mondiale de finir sa contamination de notre Algérie. Trésor  des Algériennes et des Algériens du monde entier,  un des plus riche  et influant écosystème de la zone "afro-méditerranéenne". Un patrimoine naturel national et mondial officiellement reconnu par ce pays et le reste des grandes institutions  veillant sur l'environnement  planétaire. 

Une Algérie plus belle  quand elle est naturelle; en meilleure santé quand elle est moins chimique. Plus libre de se développer par elle-même,  parce  que capable de le faire en harmonie avec son environnement. Un pays où l'Ecologie serait abordée comme une science à partager au sein de toute la société; non un argument politique capable d'isoler l'écologie du reste autres partis ainsi dédouanés d'avoir un programme environnemental solide...

Mon pays d'origine semble parfois, oublier la formidable magie qui  émane de son sol , du coeur des gens qui l'habitent, et de la culture qu'ils ont façonnée ensemble. Cette magie, elle tend certes à se perdre, mais, croyez moi, elle est bel est bien toujours là, enfouie derrière les murs qui se sont érigés entre les gens de ce pays. Cette substance  primordiale que l'on retrouve dans l'âme de tous les Algériens. Une  sincère solidarité, une  belle générosité, de l'audace  et surtout beaucoup de curiosité, voilà ce que la Mal-chimie mondiale ne doit pas étouffer sous des torrents de produits chimiques...On ne devrait d'ailleurs souhaiter cela à aucune des autres formidables natures et cultures qui  font de  cette belle planète un joyauà la fois matériel et immatériel!

J'aimerais, pour une fois dédier ce billet à une personne qui se reconnaîtra, tant elle participe, sans formules magiques ou calculs scientifiques,  à  insuffler la plus simple et durable magie dans ma vie...

Karim Tedjani.

 

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