6 Février 2014
Première partie : Changer de monde, c’est changer d’énergie...
Ce gamin des douars de Guerbes( Skikda) utilse tout naturellement un déchet qui pollue sa campagne pour produire de l'énergie éolienne....(Photo: Tedjani K.)
Le nucléaire, en tant que source d’énergie, n’intéresse de manière avérée, guère plus que la France. Après plusieurs décennies de luttes sociales, de débats politiques et de joutes juridiques entre « pro » et « anti », l’Allemagne, elle, a définitivement tourné le dos à sa tradition de grande nation nucléaire.
Est-il besoin de rappeler Tchernobyl ? Ou, le dernier drame écologique et sanitaire provoqué par l’accident de la centrale nippone de Fushikama, qui aura précipité un tel changement de cap dans le mix énergétique germanique. Faute d’avoir été capable de refroidir à temps ses réacteurs, la cuisante mésaventure de cette centrale est devenue "le phénomène" qui aura refroidi plus d’une jeune nation industrielle à développer une telle activité sur son territoire.
Dans ce sens, le Brésil, aura préféré s’engager dans la production de bios carburants, pour le plus grand mal de ses forêts, certes, mais n’osera jamais prendre le risque du nucléaire ; malgré la présence non négligeable de gisement d’uranium avérée dans ses sous-sols…
Le nucléaire est une énergie « propre », vous clameront ses plus fervents encenseurs. Certes, au regard de certains critères anodins et politiquement corrects. Mais c’est aussi la plus polluante et dangereuse source de puissance dont l’Humanité dispose entre ses mains depuis qu’elle joue avec l’atome comme on joue avec un sac de billes et de calots.
Quand tout va bien, rien n’est visible à l’œil nu. Les déchets hautement radioactifs qui sont produits tout au long de la vie d’une centrale nucléaire, on en parle de temps en temps dans la presse, quelques scandales éclaboussent un tel ou une telle. Mais, on n’en sait pas grand-chose, à vrai dire, vous et moi, les simples messieurs et mesdames tout le monde…
On entend parfois dire que la Mafia internationale est un acteur très imaginatif dans le domaine de la « gestion » des fûts de déchets radioactifs, dangereux au point de tuer tout ce qui les entoure sans protection Hi-Tech. Cela fait froid dans le dos, quand on sait à quel point, dans cet écosystème illicite, la vie humaine n’a pas de grande valeur ; sauf peut-être en pièce détachées ou comme esclave des pires désirs pervers de dominations monnayables.
Le nucléaire ne rassure plus grand monde parmi nations les plus industrialisées, beaucoup s’en méfient, ou lui manifestent surtout un certain intérêt à des fins militaires. Il n’y a plus foule au balcon, si ce n’est cette France qui s’accroche à son dada comme un enfant gâté qui ne voudrait, pour rien au monde, échanger sa balançoire d’hier contre une place dans la cour des grands de demain qui se dessine, quoi qu’on en dise, au fil des avancées de la technologie des énergies renouvelables.
La seule véritable révolution qui pourrait vraiment chambouler positivement ce monde, est d’ordre énergétique. Comme celle qui a donné à un homme primitif les moyens et la démesure des ses ambitions. A ce titre, le splendide long métrage « La Guerre du Feu » de J.Jacques Annaud, nous rappelle en 1981 que la maîrise de cet élément, au même titre que l’invention de la culture et même de l’Amour, a éloigné définitivement l’Homme de sa condition de " primate" . La révolution industrielle, qui finira, à la vitesse grand « V » cette mutation et sonnera le glas même de l'Homme naturel . Elle s'avère, elle aussi, avant tout une révolution énergétique : celle des énergies fossiles et du moteur à explosion, puis de la bombe atomique et de la pétrochimie.
L’ère moderne fut celle de l’Atome et du pétrole. L’ère postmoderne, la nôtre, un deuxième Moyen Age, annoncera peut-être la fin de ce système énergétique global bientôt insoutenable pour notre planète et notre santé. Une nouvelle modernité pourra, qui sait, émerger. Une autre Renaissance. Des cendres de ce que certains appellent déjà « l’économie brune », celle des énergies fossiles et minières.
L’énergie solaire, la force des marées, la puissance des vents, la force et la chaleur de l’eau, voilà les nouvelles sources d’électricité qui feront la modernité de demain. Même si un long chemin reste à réaliser pour en arriver à cette ère de l’énergie renouvelable , les technologies n’en progressent pas moins et, comme le moteur à explosion ne fut , pendant de longues décennies, qu’un luxe pour quelques nantis et grand secteurs industriels, avant de devenir suffisamment ergonomique et rentable , donc un outil populaire.
La marche est en route, et c’est vers l’avant. De meilleurs lendemains, qui sait, dans un monde où l’énergie n’est plus autant source de conflits tant elle sera disponible en quantités infiniment durables. Des gisements moins polluants à exploiter.
Mais, attention, la fin du nucléaire n’est pas forcement le début de cette nouvelle ère énergétique. L’Allemagne réactive nombre de ses mines et centrales à charbon pour pallier aux conséquences de ses bonnes résolutions. D’un point de vue écologique, ce n’est pas du tout une avancée, mais bien le contraire. Le bois de chauffage, friand en forêts, est en passe de reprendre une place non négligeable dans les mix de nombreuses nations industrielles. L’exploitation du gaz de schiste, elle aussi très polluante, dans un tel contexte post nucléaire, peut même se parer des atours de l’évidence sans choquer plus grand monde...
Sans une quête assidue de l’efficacité énergétique, de la sobriété efficace, à vrai dire cette mutation salutaire ne pourra pas résister aux assauts des consommations nationales d’énergie sans cesse grimpantes, dont la croissance continue mondiale a tant besoin pour être durable. Consommer plus et moins longtemps pour Produire plus et aussi moins longtemps. A ce propos, le « Manifeste Négawatt», est à considérer comme un des meilleurs pamphlets contre le nucléaire et, surtout, une ode très pertinente à l’efficacité et la sobriété énergétique. Publié, lors du Grenelle de L’Environnement, par une équipe d’experts français, ce texte propose une approche évolutionnaire, où la mesure talon, à l’échelle nationale, n’est plus l’énergie consommée, le Mégawatt, mais bien celle économisée, le Négawatt.
Mais le nucléaire a ses lobbys, et ils sont surtout puissants en France. Rarement un pays n'a été aussi lié à l'atome que l'Hexagone. Ce pays où je suis né est quasiment présent partout dans le monde où l'on envisage le nucléaire. Sa maîtrise dans le domaine n'est d'ailleurs plus à prouver. Son ambiguïté diplomatique face à des pays comme l'Iran à qui elle a, somme toute, vendue la maîtrise nucléaire sous couvert "civile" n'est pas non plus à remettre en question.
Je suis sûr qu'il y a tellement d'autres choses que l'Algérie peut acheter à la France; tellement plus belles et bénéfiques. Je connais la nature des Français aussi bien que celle de mes pairs Algériens, je peux en temoigner: la France dispose de bien autres atouts pour nous faire rêver...
Lire la deuxième partie: "Quand tu y allais, j'y revenais (proverbe marseillais)"