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Nouara Algérie

ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )

"La sécheresse sévit en Algérie, mais elle n’inspire plus les mêmes craintes" Par ABED CHAREF(Maghreb Emergent)

 

 

La sécheresse touche de nombreuses régions d’Algérie, après un important déficit en pluviométrie enregistré durant le dernier trimestre 2012. Cette situation ne suscite pas pour autant une inquiétude particulière, car la dépendance du pays envers la pluviométrie a été réduite. Et même si la production de céréales risque d’en pâtir, barrages et stations de dessalement permettent désormais d’écarter le spectre de la pénurie.

 

 

 

 

En plein mois de janvier, Boualem est contraint d’irriguer un champ de salade. Les pousses ne sont pas encore visibles, et la terre, qui a gardé sa couleur marron-rouge, le fameux « hemri », a soif. Sous l’effet conjugué du gel et de la sècheresse, la terre risque aussi de durcir, et d’empêcher les plants de sortir du sol, ce qui condamnerait la récolte. Il faut donc arroser, à la fois pour combler le déficit en pluie, et pour que le sol devienne plus friable.

Ici, on est pourtant près de Aïn-Defla, au cœur de la plaine du Chéliff, au royaume de la pomme de terre et des agrumes. Mais cette année, la pluie s’est faite rare. Cinq à six jours de pluie en tout, depuis le début de l’automne, compte Boualem. « C’est nettement insuffisant », dit-il, inquiet, alors que la météo annonce encore plusieurs journées ensoleillées, probablement jusqu’à la mi-janvier. « En profondeur, la terre est dure comme du roc », dit-il.

Plus loin, des champs d’orge et d’avoine, destinés au pâturage, affichent une couleur verte qui vire au jaune pâle. Visiblement, le gel a sérieusement nui à des semis déjà handicapés par l’insuffisance d’eau. La rosée assure un minimum d’humidité dans les champs, entretenant l’espoir de sauver la récolte. Mais l’inquiétude est visible chez les fellahs, même si, dans ces contrées, l’essentiel des efforts est consacré aux agrumes et au maraichage, non aux céréales. « Irriguer la pomme de terre est une règle. Par contre, irriguer les céréales est très rare. Seuls quelques fellahs y ont recours ».

Cette année, pourtant, irriguer les champs de céréales est devenu une nécessité. Parlant des surfaces emblavées tardivement, Boualem est catégorique. « Si on n’irrigue pas, le blé ne poussera pas. Les semences vont pourrir sous terre », dit-il. Il rappelle qu’une première prière de l’istisqa a été organisée il y a un mois et demi, signe que la saison était mal engagée. Une seconde prière pour invoquer la pluie signifierait que l’année aura été exceptionnellement sèche.

Face à cette inconnue climatique, le ministère de l’agriculture tente lui aussi de favoriser cette « irrigation d’appoint » au profit des céréales, qui permet d’assurer d’excellentes récoltes, dépassant parfois les 50 quintaux à l’hectare. Pour l’heure, cependant, ses efforts n’ont pas permis d’élargir cette pratique, car elle est coûteuse. « Il faut mettre en place tout un dispositif pour irriguer un champ de blé une fois ou deux pendant la toute la saison », déclare un fellah. L’investissement est élevé, et ceux qui peuvent mobiliser les fonds nécessaires préfèrent investir dans les cultures intensives, plus rentables.

 

Barrages pleins

 

Y a-t-il pour autant un vrai risque de sécheresse cette année ? « Le risque existe toujours, car l’Algérie a un climat méditerranéen semi-aride », nous dit un agronome. « Mais parler de sécheresse dès maintenant est une erreur. Il s’agit plutôt d’une « mauvaise répartition des pluies sur la saison », ajoute-t-il. Pour lui, le déficit actuel peut être compensé en février et mars, les mois traditionnellement les plus pluvieux en Algérie. « Le grand épisode neigeux de 2012 a eu lieu en février », rappelle-t-il.

Côté administration, on se montre rassurant. La sécheresse n’est plus vécue comme un drame, comme en 2001, lorsque l’Algérie avait envisagé d’importer de l’eau par bateau pour alimenter Alger. Cet épisode avait servi de déclic, et le pays a beaucoup investi dans le secteur. Pour les officiels, il faut différencier deux volets : l’eau potable et celle destinée à l’irrigation. Les grands centres urbains sont désormais sécurisés en eau potable, en partie grâce au dessalement

Mais c’est dans la réalisation de barrages que de vrais progrès ont été accomplis. A l’horizon 2020, l’Algérie disposera de 90 barrages, contre 65 actuellement. Elle pourra mobiliser près de neuf milliards de mètres cube d’eau, selon M. Messaoud terra, directeur de l’eau potable au ministère des ressources en eau. Le ministère a aussi engagé une action de télégestion des barrages, et assurer leur interconnexion, pour assurer un maillage de toutes les régions.

En outre, de nombreux barrages de l’ouest, comme ceux de Bou Hanifia et Sidi M’Hamed Benaouda, pratiquement à sec il y a encore quelques mois, sont à présent pleins, a déclaré M. Terra, qui se montre rassurant : en matière d’eau potable, « l’année 2013 est sécurisée, et pour les régions de l’est, il est possible d’assurer une sécurité en eau potable sur plusieurs années », a-t-il dit au cours d’une émission de radio.

Cette évolution marque un changement de fond. Les effets de la sécheresse se limitent désormais aux cultures extensives, non irriguées. Pour les régions consacrées aux agrumes et aux produits maraichers, les barrages permettent d’assurer l’essentiel, même si cela se répercute sur le coût de revient. Quant à l’eau potable, et grâce au dessalement, elle échappe désormais aux caprices de la pluviométrie.

LUNDI, 07 JANVIER 2013 18:57 



 

Irrigation d’un champ de blé. La photo a été prise le 6 janvier 2012

 

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