Favorisés par la canicule, plusieurs départs de feu se sont transformés en incendies dans les forêts et maquis algériens. Quelque 20.000 hectares ont été parcourus par le feu (15.000 ha de forêts, et 5.600 ha de maquis). Mohamed Seghir Noual, directeur général des forêts, et le commandant Farouk Achour de la Protection civile invités, hier, du Forum d’El Moudjahid ont qualifié la situation de normale. Comme ils ont rendu hommage aux martyrs du devoir, les deux agents de la protection civile et le garde forestier, qui ont laissé leur vie en accomplissant leur travail.
Avec plus de quatre millions d’hectares de zones boisées, l’Algérie est régulièrement soumise à des incendies de forêt. On est très loin des situations catastrophiques, mais un feu de forêt suscite toujours des craintes. Face à ce constat, l’État mène une politique de prévention active qui s’articule autour de la lutte, de la gestion de la forêt mais aussi de l’espace entre la forêt et les habitations. Les détails de cette politique ont été explicités, hier, par le directeur des forêts et le commandant Achour de la protection civile. Les invités du Forum d’El Moudjahid sont revenus sur les moyens mis à la disposition des deux structures pour faire face aux feux de forêts mais aussi pour prévenir les incendies qui peuvent occasionner des dégâts énormes. Plus d’une centaine de foyers d'incendies de forêt ou de maquis (115) se sont déclarés pour la seule journée d’hier dans différentes régions d'Algérie. Ce qui est loin d’alarmer le premier responsable des forêts. Les feux sont maîtrisés et les pertes ne sont pas définitives. Selon l’agence spatiale Alsat , « nous avons entre 50 et 60 % de reprise végétale. En plus d’énormes moyens sont mobilisés pour lutter contre les feux de forêt » a-t-il souligné. Ce sont 18 wilayas qui sont touchées, a différents degré. La wilaya de Tizi Ouzou vient en tête. Qu’en est-il du bilan, et des dégâts occasionnés, M. Noual juge qu’il est encore très tôt pour se prononcer et qu’il faudrait attendre le mois d’octobre pour établir un état des lieux. Pour le moment, il juge qu’on est loin de la catastrophe et affirme que la canicule est le facteur essentiel dans le déclenchement des feux. Y a-t-il des incendies d’origine criminelle, M. Noual dira que ce sont les enquêtes diligentées par les services de la gendarmerie nationale qui peuvent le confirmer. Mais tout de même des cas de négligence ne sont pas à écarter. C’est pourquoi des campagnes de sensibilisation sont menées pour appeler les citoyens à plus de vigilance. Le directeur général des forêts a tenu, justement, à saluer les citoyens qui participent aux côtés de la protection civile et des gardes forestiers dans la lutte contre les incendies. Cependant, a-t-il dit l’alerte doit être précoce. En cas de découverte d’un foyer de feu, il faut alerter le plus tôt possible les services concernés pour éviter qu’il ne se propage à d’autres endroits. M. Noual a expliqué qu’en matière de prévention, le meilleur moyen reste le programme du renouveau rural ; qui consacre 60 milliards de dinars annuellement à cette opération.
La Direction générale des Forêts prend également en charge les opérations de reboisement. Quelque 55.000 hectares sont reboisés annuellement avec l’objectif d’atteindre le chiffre 100.000 hectares. M. Noual a également rappelé le grand projet du Barrage vert qui constitue une référence dans la lutte contre la désertification et qui a donné l’idée d’aller vers un autre projet à l’échelle continentale baptisé «Muraille verte».
14.000 agents de la protection civile mobilisés
Le commandant Achour a affirmé pour sa part que la situation actuelle est bien gérée en conformité avec les standards internationaux. Et si on déplore le décès de deux agents de la protection civile et un garde forestier, il s’est réjouit du fait qu’aucun civil n’a trouvé la mort en raison des incendies de forêts. Car, dira-t-il, la première mission des soldats du feu est de sauver les vies humaines et de se protéger des incendies. Des incendies qui ont mobilisé 14.000 agents de la protection civile ayant suivi une formation spécialisée et 22 colonnes mobiles. Grace à cette force de frappe, dira le commandant Achour, les feux sont maîtrisés dans un délai très court. A la question de savoir pourquoi la protection civile n’a pas acquis des avions (bombardier d’eau) pour éteindre les feux de forêt, le commandant Achour dira, que ces appareils, en dépit de leur coût très élevé, ne peuvent être utilisé dans notre pays en raison de la topographie et du relief qui rend impossible le recours à ces appareils, a cela s’ajoute le fait que les pilotes doivent avoir enregistré 4.000 heures de vol. Il est très difficile de trouver des pilotes qui répondent à ce critère. De ce fait la protection civile a opté pour l’acquisition d’hélicoptères bombardier d’eau, que l’on peut utiliser toute l’année dans des opérations de sauvetage notamment.
Le commandant Achour a annoncé que 3 hélicoptères seront acquis en 2013, cela coïncidera avec la fin de la formation des pilotes algériens qui suivent une formation en Angleterre. Cependant, le commandant Achour, en tant que technicien, estime que la meilleure façon de lutter contre le feu est d’aller à l’origine du foyer. Un avis partagé par le directeur des forêts. Mais il reste que la protection de la forêt est l’affaire de tous.
La vigilance de chacun est primordiale. Une extrême prudence, une attitude citoyenne, respectueuse des règles instituées notamment en termes d’obligations de débroussaillement et de précautions à prendre lorsqu’on se trouve en forêt, sont indispensables pour mieux prévenir les risques d’incendie et surtout protéger notre patrimoine forestier.
Nora Chergui
Selon le DGF
20.000 ha ravagés par le feu
Pas moins de 20.000 ha ont déjà été parcourus cette année par le feu, dans les forêts et les maquis. A l’heure où nous mettons sous presse, 115 foyers d’incendies de forêts sont déclarés à travers 18 wilayas du territoire national, dont les plus touchés sont : Tizi Ouzou, Bejaia, Sidi Bel Abbès, Jijel, Médéa, Chlef, Ain Defla, Skikda et Guelma. En communiquant ce chiffre aux représentants des médias, présents hier au forum d’El Moudjahid, le directeur général des forêts se veut, tout de même, rassurant et a insisté sur le fait, que dans la majorité des cas, l’on enregistre 50 à 60% de reprise de végétation, l’année qui suit l’incendie. Aussi, souligne M. Mohamed Seghir Noual, la situation actuelle est jugée « normale » comparativement à celle des années écoulées durant lesquelles la moyenne des surfaces parcourus par le feu oscillait entre 28.000 et 30.000 ha. Le DGF a, ensuite, ajouté que la température est un facteur essentiel favorisant la propagation du feu. Abondant dans le même sens, le commandant Farouk Achour, responsable de la cellule de communication de la direction générale de la protection civile, DGPC, a affirmé que la situation est tout à fait « normale » et que l’ensemble des moyens sont présentement mobilisés aux fins de venir à bout de l’ensemble des incendies déclarés, ici et là, à travers le massif forestier. Dans son intervention, le commandant Achour est également revenu sur les causes qui sont à l’origine des incendies, notamment la forte pluviométrie qui a marqué l’année en cours et qui a, favorisé la poussée rapide des mauvaises herbes. « Il y a, également, la canicule qui a commencé très tôt cette année, vers la mi-mai, le 17 mai pour être plus précis », a affirmé le commandant Achour. Evoquant la lutte contre les feux de forêts, le responsable de la communication de la DGPC s’est attardé sur le nombre des colonnes mobiles, passé de 11 à 22, et celui des agents mobilisés pour la circonstance, qui passent de 9.000 à 11.000 soldats du feu. Les colonnes mobiles, forte chacune de 66 personnes parfaitement formées dans le domaine, sont dotées de moyens spécialement acquis pour lutter contre les feux de forêt. Abordant « la lutte aérienne », le commandant Achour apprendra à l’assistance que sur les 6 hélicoptères achetés par la DGPC dans le cadre de la lutte contre les feux de forêt, trois ont déjà été réceptionnés. De type Agosta 139 et hyper efficaces avec une puissance de 2.500 litres d’eau l’unité, ces hélicoptères seront opérationnels dès 2013, note le même responsable.
Il fera savoir, d’autre part, que le premier groupe des pilotes de ces engins a terminé sa formation. En tout et pour tout, ce sont 20 pilotes, dont 4 femmes, qui ont bénéficié d’une formation de deux ans en Angleterre pour maîtriser ces appareils.
Soraya G.
A retenir…
- Un vibrant hommage a été rendu hier, au forum d’El Moudjahid, aux trois agents (un brigadier des forêts et deux agents de la protection civile) victimes des feux de forêt à Souk Ahras, ainsi qu’aux différentes troupes mobilisées sur le terrain.
- 7 sapeurs-pompiers ont également été blessés lors des différentes interventions. Ces derniers ont été incommodés par le feu et la fumée.
- L’impératif d’une alerte rapide a été mis en exergue, hier, par les intervenants, d’où l’importance de la vigilance des citoyens.
- Notre patrimoine forestier s’élève à 4,7 millions d’hectares.
13 millions d’habitants, soit 40% de la population algérienne, vivent au milieu rural, dont un nombre importants près des forêts. En cas d’incendies, ces derniers sont constamment mobilisés.
- La DGF dispose de 486 brigades de premières interventions et a recensé 2.500 points d’eau.
- Pour lutter au mieux contre les feux de forêt, la DGPC a déployé cette année 22 colonnes mobiles et acheté six hélicoptères qui seront opérationnel en 2013.
- Chaque année, de 55.000 à 60.000 ha sont reboisés. La DGF ambitionne d’arriver à 100.000 ha/an.
S. G.