31 Mars 2014
Le sommet du mont "Layla Khadija" vu du col de Tirourda (Tikdja). Photo: Tedjani K.
#1 Un site naturel chargé d’histoire…
« Djurdjura », ce nom a toujours évoqué pour moi un lointain dépaysement. Les décors de ce parc national me rappellent souvent ceux du célèbre film « Jurassic Park » de Spielberg. Depuis peu, ils m’évoquent parfois aussi cette aire géologique secondaire, la période Jurassique, quand le Diplodocus était encore sur Terre…
Si l’on se réfère aux premières études géologiques de la région, on apprend d’ailleurs que cette formation pittoresque, unique en son genre, est naturellement formée de calcaires jurassiques…
Mais étymologiquement, le mot Djurdjura, tiré du berbère Jerdjer, signifie tout simplement « tas de pierre ». Ce nom symbolise fortement cette formation rocheuse longue de plus de 60 km, constituant majestueusement la chaine montagneuse du Tell algérien.
La première fois que j’ai visité ces lieux, je ne savais pas que cet espace naturel appartenait à la grande famille des parcs nationaux. Je ne connaissais pas vraiment son importance écologique, même si je trouvais que trouvait ces panoramas majestueux, imprenables.
C’est ici que j’ai découvert la magie d’une cédraie autre que celle de Chréa, que j’ai vu des rapaces planeurs avec des jumelles et que j’ai touché pour la première fois un fossile végétal vieux de quelques millions d’années…
C’est aussi là que j’ai pu contempler pour la première fois un lac d’altitude bordant une prairie verdoyante. En effet, le lac « Agoulmine » se situe à plus de 1700 m d’altitude et constitue pour la paléobotanique un enjeu exceptionnel, car il forme principalement une tourbière. C’est un témoignage précieux de l’histoire géologique de notre territoire. Ce lieu mériterait, pour ma part, une attention toute particulière et devrait être classé « zone humide d’importance internationale » sur la liste de la convention Ramsar dédiée à leur protection et préservation.
Le Djurdjura a attiré depuis plus de 150 ans des chercheurs de tous bords. Sa flore a été initialement étudiée en 1850 par des médecins français qui y cherchèrent principalement des plantes médicinales. Ils ont ainsi longtemps séjourné dans la région afin d’herboriser, tout en observant les pratiques thérapeutiques ancestrales locales.
Puis, c’est en 1925 que ce site a été décrété « parc national » d’une superficie avoisinant les 16 550 ha. À l’époque, l’enjeu n’était pas de protéger les lieux afin de maintenir son équilibre écologique, mais plutôt d’ériger des zones de villégiature pour l’expansion touristique. C’est à ce moment précis, que ce parc national a hérité de ces deux principales zones touristiques, à savoir Tikjda et Tala Guilef.
Au cours de la guerre de libération, le parc national du Djurdjura a été le théâtre d’importantes batailles. Si le cèdre pouvait parler, il raconterait certainement son calvaire… Il était souvent brûlé au napalm pour dissiper les rangs des rebelles , mais aussi afin d’augmenter la visibilité dans ses forêts très denses.
Vingt et un ans après l’indépendance, en 1983, le parc national du Djudjura a été officiellement créé, avec 2000 ha additionnels. La superficie générale avoisinait alors les 18 550 ha.
Melissa wizym , écologue (Nouara Ecologie)
Lire aussi: "Le Djurdjura un patrimoine naturel d’exception en sursis…" Par Wissam Wizym. Dossier spécial (2/3)