28 Juillet 2013
Malgré une chaude journée de Ramadan, presonne n'a manqué à l'appel...
On a coutume de penser que le concept de développement durable tarde à faire des émules au sein de la société civile algérienne. Il est vrai que cette approche qui ambitionne d’intégrer des contingences économiques, sociales et environnementales dans la gestion de notre jeune nation reste encore très difficile à appréhender pour la plupart des citoyens de cette jeune nation maghrébine qui ambitionne pourtant d’être un des leader africain dans ce domaine.
Pour beaucoup d’entre nous, le développement durable reste une « vue de l’esprit » qui n’a pas encore dépassé le stade de la rhétorique de nos dirigeants et dont l’application à l’échelle locale est plus qu’anecdotique. Il parait d’ailleurs, à ce propos, évident que leurs efforts, depuis son introduction officielle dans la législation environnementale algérienne en 2003 , pour sensibiliser la population à ce propos, restent relativement timides et ce, même au niveau des responsables locaux de nos wilayas alors que cela est portant une des clefs pour faire avancer les choses dans ce domaine.
Un groupe d’habitants de la commune de Naciria (Boumerdes) ont pourtant décidé de prendre les choses en main à l’échelle de leur localité afin de rendre ce concept non seulement plus compréhensible pour les milliers d’algériens qui y résident, mais aussi, et surtout avec pour finalité de proposer des mesures pertinentes susceptibles de favoriser le développement durable de leur ville. Mohamed Djazaïri, investigateur de cette initiative, a d’ailleurs sollicité ma modeste contribution afin d’animer ces réunions dont la finalité sera l’organisation d’un séminaire au mois de septembre. J’ai ainsi proposé de mettre à la disposition de cette noble entreprise le réseau de bonnes volontés nationales qui semble s’être polarisé autour du portail « Nouara-algérie.com » que j’ai crée depuis 2010.
Naciria, est une ville "déshéritée" et qui a subit de plein fouet les ravages de la décénnie noire; une commune que la plupart de ses habitants considèrent comme abandonnée par l'Etat algérien et qui a pourtant choisi le parti de positiver et de se prendre en main...
Dès la première réunion, nous avons, d’un commun accord, décidé de créer plusieurs ateliers destinés à identifier, évaluer mais aussi proposer des actions concrètes dans divers secteurs de la vie des Naciriens. Ainsi, la gestion de l’eau, des déchets ménagers, la sensibilisation à l’éco citoyenneté, l’écotourisme, l’urbanisme, la mise en valeur du patrimoine matériel et immatériel de la commune, et d’autres domaines ont été abordés par les responsables de ce groupe dont les ambitions n’ont pas été démenties par leur implication.
Hier soir, après la rupture du jeûne, nous nous sommes réunis pour la troisième fois afin de faire le point sur l’avancée des travaux de ces ateliers. L’ambiance fut très studieuse et les exposés des responsables de ces ateliers ont été de très exhaustifs. Ce groupe très éclectique, constitué de jeunes et moins jeunes ainsi que des membres de l’équipe municipale a fourni jusque là un travail dont les résultats sont très encourageants quant aux chances de voir cette initiative déboucher sur une concrétisation pertinente.
A ce propos, Ali Amara, président du parti Pavd, invité par Mohamed Djazaïri comme observateur de ce dernier brainstorming, a été très impressionné par la vitalité ainsi que le sérieux de ses participants. Il a encouragé cette initiative avec beaucoup de ferveur et a souligné le fait qu’une telle entreprise doit être perçue par toute l’Algérie comme un exemple à suivre dans toutes nos régions. J’ai proposé à ce dernier de mettre en place un jumelage entre Naciria et la commune de Sidi Ahmed qui se situe aux abords de la zone steppique de la wilaya de Saïda, proposition à laquelle il a répondu avec beaucoup d’enthousiasme.
Il est clair que chaque citoyen algérien ne doit pas se contenter d’attendre un changement certes vital pour notre pays qui ne pourra pas persister à ignorer les énormes opportunités qui s’offrent à lui pour diversifier son économie et s’engager vers une modernité qui ne s’interdira pas d’être à la fois sociale, économique et environnementale. Chacun d’entre nous doit se prendre en main, multiplier les initiatives pour aller dans ce sens. Mais, il est en encore plus évident que l’Etat algérien doit tout mettre en œuvre pour que ce changement s’opère au sein d’une société algérienne qui est, bien loin des lieux communs en vigueur, riche en éléments dynamiques et ambitieux pour l’Algérie.
Pour ma part, le plus dommageable frein à une telle émulation nationale réside dans un manque de communication et de coordination entre toutes les parties en vigueur. La société civile, au lieu d’être de plus en muselée par des lois très restrictives comme celles concernant les associations, devrait être soutenue avec sincérité par nos dirigeants qui, doivent percevoir ces « velléités » de changements non comme une menace mais bien comme une formidable opportunité de faire évoluer l’Algérie vers une modernité qui s’opéra de manière démocratique et rationnelle, bien loin Ceux qui gouvernent ce pays doivent également accepter le fait qu’ils ne pourront indéfiniment cacher derrière la dommageable excuse d’une jeunesse peut encline à assumer ses responsabilités leur réticence à engager notre pays vers une mutation sociale, économique et environnementale pourtant inévitable et salutaire. Car il y a tant de jeunes en Algérie dont les initiatives sont là pour prouver le contraire et autant de moins jeunes capables et désireux de les encadrer pour que chacune d’entre elles rime avec le succès…
Ce qui se passe à Naciria est là pour le confirmer...
Karim Tedjani