16 Juillet 2013
Les énergies fossiles ne sont pas des ressources renouvelables. Une économie essentiellement soutenue par leurs exploitations ne peut donc être durable.
La fin du siècle dernier, ainsi que le début de ce nouveau millénaire se sont opérés sous le signe de la menace des « peak oil » ; tandis que les cours du gaz naturel semblent être sérieusement perturbés par l’épée de Damoclès de la « révolution » des énergies non conventionnelles que les U.S.A semblent vouloir faire peser sur la plupart des pays gaziers comme l’Algérie. Dans nombre de pays producteurs de pétrole et de gaz, l’explosion démographique, ainsi que la démocratisation de la consommation de masse qui a touché leurs populations, ont généré des demandes en mégawatts synonymes d’un dilemme cornélien : continuer d’exporter ces ressources ou bien répondre à l’augmentation de la consommation nationale.
En corrélation avec ces tendances globales, le vingt et unième siècle s’est engagé dans un contexte de dégradations sans précédent de l’environnement planétaire à cause de l’inexorable amplification de l’empreinte écologique de la plupart des nations hyper développées, en voie de développement ou bien encore émergentes.
L’Algérie, notre pays, est aux premières loges de ce triste constat, au point que la question de la transition économique et énergétique a pris une place de plus en plus prépondérante dans les débats politiques et sociaux, autant que la nécessité d’endiguer les impacts environnementaux de son développement pour l’instant centré sur la rente pétrolière et gazière.
Dans ce maelstrom d’incertitudes, beaucoup trop d’entre nous semblent occulter le fait que les services assurés gracieusement par la Nature ont été estimés par les Nations Unies comme étant supérieurs au P.I.B mondial et que, la dégradation des environnements nationaux risque de provoquer un surcoût très important pour la grande partie des nations du monde, alors que sa mise en valeur pourrait être une source intarissable d’économies pour ces dernières.
Prenons, dans un premier temps l’exemple du réchauffement climatique qui favorise l’avancée du désert en Algérie. En effet, préserver et augmenter notre couvert forestier, intégrer largement la végétation dans les espaces urbains, privilégier les semences locales plus adaptées aux climats régionaux , limiter les intrants chimiques au profit d’une agro écologie associant naturellement certaines cultures , utiliser systématiquement les énergies renouvelables quand cela est possible, préserver la qualité de nos sols , voilà autant d’initiatives écologiques qui pourraient endiguer sensiblement l’étiolement de notre patrimoine végétal pourtant si efficace à faire baisser les climats régionaux et donc les dépenses énergétiques et pécuniaires qui sont nécessaires pour remédier à leur aridification.
On estime qu’un hectare de marais est capable de filtrer au moins 153 m3 d’eau, de même que les zones humides produisent plus d’un tiers de la biodiversité mondiale. Aussi, protéger ces dernières est incontestablement un gage de préservation de nos ressources hydriques. De nombreuses plantes aquatiques sont capables d’absorber nombres de substances toxiques. L’influence des forêts sur les précipitations ainsi que le maintien de l’eau dans les sols n’est plus à prouver. Là où des centrales d’épuration, de dessalement d’eau de mer ainsi que des méga-barrages génèrent des surconsommations d’énergies de plus en plus coûteuses, ainsi que des impacts écologiques souvent trop méconnus du grand public, la Nature algérienne est capable d’assurer à notre pays les mêmes services gracieusement, pour peu qu’on s’applique à la respecter. Dans un pays considéré comme un des plus « pauvre » en eau, où les coupures d’eau et d’électricité son le pain quotidien de millions d’Algériens, il ne serait pas infondé de prendre un soin plus que particulier pour sauvegarder les centaines de zones humides dont ce pays est doté…
Enfin, il parait évident que la dégradation de la santé publique a atteint en Algérie des proportions plus qu’inquiétantes. Il faudrait être un imbécile ou bien un traitre aux intérêts de cette jeune nation pour récuser le fait que cela est à incomber à la dégradation de l’environnement national. L’air, l’eau, la nourriture sont de plus en plus des « poisons » potentiels pour nos concitoyens.
J’aimerais d’ailleurs insister sur le fait que l’alimentation des algériens est devenue trop peu variée et que de ce fait, elle ne favorise pas la mise en valeur de la biodiversité algérienne et encourage les monocultures agricoles souvent très dommageables pour l’environnement. Trop peu d’entre nous connaissent à présent les vertus médicinales et cosmétiques des milliers d’espèces de plantes qui poussent dans nos douars. Une alimentation saine et variée, des traitements naturels préventifs sont pourtant un des patrimoines culturels parmi les plus précieux de la tradition algérienne. La dégradation de nos forêts et de nos zones humides joue, là encore, un rôle important dans la mise en péril du maintien de ces plantes et remèdes dans notre environnement matériel et culturel. Or, la mauvaise santé des Algériens ne rapporte qu’à ceux et celles qui fabriquent et leur vendent des médicaments qui ne sont, pour la plupart des cas, que des génériques chimiques de remèdes de nos grand-mères. Soigner des maladies graves, comme le cancer, coûte cher en médecine mais aussi en énergie, car les hôpitaux, l’acheminement des médicaments, la gestion des déchets médicaux, les trajets souvent inter wilaya que les malades doivent régulièrement effectuer pour se soigner, tout cela a, une fois de plus un coup énergétique et pèse très lourdement sur le budget national.'approche préventive de la santé publique pourrait éviter la recrudescence de bien des maladies.
Il serait, je pense, possible d’écrire un livre sur le sujet, aussi pour conclure cet article je dirais : L’écologie n’est pas un luxe, c’est au contraire un bon moyen de faire de bonnes économies sur le long terme et d’assurer une transition économique et énergétique durable à notre pays.