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Nouara Algérie

ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )

« Quel environnement pour les Algérien(ne)s d’aujourd’hui ? (Pourquoi il faut d’abord mieux vivre la nature en Algérie) Par Karim Tedjani.

 

Première partie : « Tout ce qui nous entoure et nous influence...»

 

 « Tout ce qui nous entoure et nous influence », voilà  la définition la  plus conventionnelle  de cet Environnement qui s’invite chaque jour un peu plus à la Une des médias  du monde entier. Ce « nous », n’est pas innocent. Il suggère la prédominance de notre espèce sur « ce qui [ l’] entoure ». Un environnement  humanisé  complètement centré sur la toute puissance supposée de l’Homme sur la Nature.

L’Homme et la Nature ne sont plus seulement d’égale à égal dans la logique d’une telle conception. Non,  on pourrait  presque penser  que, de nos jours, l’Homme est la Nature, tant il en a colonisé la plus grande partie à travers le globe. 

L’Homme sans la Nature ? Qui sait, cela est peut-être envisageable. En « créant » son propre environnement, ou pour être plus précis, son environnement propre (à lui), il  s’est, en quelque sorte, réinventée une nature.  L’Homme sans la Nature ? Impossible à envisager, ce sera elle ou l’Humanité ! Il n’est pas rare de lire, en filagrammes de l’activité humaine des temps modernes, de telles considérations se forger dans la psyché collective  de nos sociétés industrielles. A présent que les gènes et les mollécules sont brevetées, tout est possible; il y a peut-être un monde à inventer ce disent ceux là même qui auraient fondu comme des prédateurs sur la terre sauvage d'Amérique, d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et même d'Europe si cela était possible de remonter le temps pour le refaire avant leurs ancêtres. La société, comme l'océan, a ses  requins et ses pieuvres; avant de les juger, il serait bon de se demander pourquoi ils ont leur utilté. Comme le Diable de la littérature , ne font-ils pas avant tout que "répondre à la demande"? Les failles de nos systèmes démocratiques sont devenues de véritables usines à fabriquer des tentations.Il n'y a plus qu'à se baisser pour se servir . Doit-on blâmer un requin d'être attiré par l'odeur du sang puisque telle est sa nature dans l'ocean? Pourqu'il n'y ait plus de requins autour de nous , il faudrait  alors changer d'écosystème. Mais alors nous ne serions plus des sardines? Qui sait, par nature nous deviendrions des moutons dans un monde de loups.

C'est "nous", la société  toute entière qu'il faut d'abord  changer,   pour bien vivre notre environnement. Car la Nature, elle, même sans l'Homme, est déjà en train de changer autour de nous...

Chacun pour soi et puis  aussi pour tous...Cette solidarité est née de l'adversité face à une Nature Sauvage qui nous a rarement fait de cadeaux gratuits. N'allez pas faire de moi un Rousseausiste en utilsant un tel champ lexical, d'autant que j'ai déjà  briévement écrit à propos d'un contrat social. C'est que je n'ai trouvé cet  esprit de Touiza (comme on dit chez nous)   seulement que  dans les campagnes isolées en pleine nature sauvage , qu'elles soient d'Europe ou du Maghreb. Certes je n'ai pas connu la vie des mines ou des usines où, une autre solidarité s'est développée également autour du concept de "camarade prolétaire". Mais ma couleur personnelle n'est ni le rouge et encore moins le vert, j'aime toutes les couleurs. "Si elles existent, c'est qu'elles nous sont toutes indispensables", vous répondrait mon grand ami et  longtemps hermite, Ahmed el Nour, un des personnage haut en couleur, justement,  qui  vit à Guerbes  depuis toujours.

J'entends par là que, sans la nature terrestre , et ses régles qui, pour ma part, répondent à une logique qui nous dépasse de loin, il y aura une bonne et une mauvaise part de l'homme sauvage qui vont disparaître de nos matrices sociales. Etre plus moderne que moderne, c'est justement, à mon humble avis , réussir  l'alchimie qui saura  libérer   la nature sauvage de ses pires vices, de ses traumatismes millénaires face  à des environnements longtemps hostiles à la présence de l'Homme sur Terre. Car je ne suis pas de l'Ecole de Rousseau, à l'homme naturel, moi je préfère l'Homme sauvage, c'est à dire barabare à la tyrannie, mais qui n'est pas non plus un bisounours. C'est un homme libre...

 Un Homme urbain ou rural, mais,   rarement plus, il n’existe   d’hommes et de femmes  vraiment  sauvages sur Terre.  Tous les peuples du monde qui pratiquent encore une certaine « sobriété heureuse » (dixit P.Rabhi) en perpétuant la tradition d’une humanité  inclue dans la Nature, sont  à présent dits « primitifs » ou « sauvages ». Maintenant c’est l’Homme industriel  qui inclue la Nature dans son environnement. Du jour  où le premier pas européen  a foulé  la  dernière  la terre  sauvage , quand l’histoire moderne  a commencé  son lent , très lent déclin,  et que  la "néo-modernité" a pointé le bout de son nez colonisateur sur le monde.  Cela prendra beaucoup de temps avant d’en arriver  à assister, comme nous,  à l’Histoire Moderne qui se meurt définitivement sous nos yeux.

Les enfants du « Paradis Oublié »  ont  depuis la vie dure où qu’ils se trouvent  sur la Planète.  Avec leur extinction progressive,  c’est aussi leur  environnement qui disparait, la Nature.  Une nature plus humaine aussi. L’humilité n’est plus de rigueur vis-à-vis de « nos ancêtres[les sauvages] », à peine  un semblant d’attendrissement,  lors d’expositions très « modernes »,  où l’on s’extasie sur l’authenticité de ces « peuplades » tout   en  dégustant des petits fours  et du champagne  la plupart du temps industriels.


Le mythe du bon « sauvage »,  campé dans son île où sa forêt vierge de toute dégradation d’origine humaine, n’est pas non plus une image pertinente.  Dans son ouvrage « Ecocide : une brève histoire de l’extinction de masse des espèces »,  dont le titre est à lui seul parlant, rappelle  l’essayiste américain  Franz J. Broswimmer  que l’humanité n’en  n’est  vraiment pas à ses premières heures écocidaires. Elles seraient, selon lui, préhistoriques et  tous nos archétypes du sauvage « écolo de nature » sont à prendre avec une extrême précaution.   Toute présence de la vie,  humaine ou non,  au sein d’un espace physique,  implique une répercussion sur l’environnement où elle  évolue.  La plupart  même des grandes civilisations anciennes, selon lui et beaucoup de ses pairs,  n’ont pas survécu à leurs développements.   Du jour, où,   ils n’ont plus été  suffisamment soutenables par leurs environnements. A cette dégradation environnementale, on trouve également, le plus souvent, comme écho, un déclin des valeurs fondatrices de ces civilisations ou peuples.

A force de nourrir un goût naturel pour  l’expansion et l’appropriation de son environnement,  les choses prennent  cependant des proportions plus alarmantes à notre époque dédiée  à la vitesse et au  décalage horaire. Voilà ce qui a changé entre l’homme « civilisé » et le sauvage, au sens qui a fait de la nature sauvage   la matrice de son identité collective : la vitesse et la démesure à laquelle les choses se passent à notre époque.

Depuis Darwin, l'homme a été célébré comme l'oeil de la pyramide alimentaire, le grand prédateur ancestral;  surtout pour justifier la modernité, c'est à dire une sauvagerie civilisée, comme un prolongement  et une canalisation de cette nature sauvage humaine . Entre le bon sauvage forcement bon  et la brute  ignarde qu'il faut sauver du sous developement, peut-être a-t-on oublié qui étaient vraiment cet homme  et cette femme sauvages. "Vendredi ou l'enfant sauvage" est , à ce propos un roman qui aura marqué mon esprit par son objectivité ainsi que la finesse de sa vision de notre modernité transposée à travers les douces déroutes d'un étrange Robinson Crusoé et de son  encore plus intrigant compagnon, Vendredi.  

Je me souviens, à ce propos,    avoir été fort déconcerté d’apprendre de la bouche même  de ma grande tante Nouara,  qu’à la place de la  ferme dans laquelle j’avais tant appris à aimer la nature,  s’entendait jadis  une immense forêt de chênes lièges.II y  a à peine de cela 50 ans.   Elle a été défrichée en grande  partie par  les paysans qui s’étaient installé à Guerbes depuis  moins d’une centaine d’année, pour la plupart. La ferme  où vit Nouara  , qui se trouve aux  abords très proches des côtes de la baie de Guerbes, a, parait-il, été  un temps un camp de prisonniers où de nombreux algériens servaient d’esclaves   pour la récolte du liège et la culture de l’olive.

Cependant,  souvent,  en palabrant avec les anciens de la région, j’ai entendu  dire que la forêt  était depuis hantée  par des esprits chargés de la protéger. Un vieux  marabout, dont j’ai oublié le nom, aurait même avertis tous  paysans, il ya de cela quelques générations, qu’ils pouvaient certes récolter du liège et même couper certains arbres, mais   qu’une malédiction s’abattrait sur quiquonque le ferait plus  que ce que  la forêt ne pourrait le   supporter.  Dans un pays colonisé, qui sait pourquoi on vous demande de respecter la forêt..

N'oublions pas aussi que l'écologie occidentale  a longtemps été un argument pour justifier la colonisation. Heureusement beaucoup de choses ont changé depuis , mais un certain néo colanialisme persiste, ce serait malhonnête de ne pas le préciser. 

 Mais, de nos jours, les prédications ne suffisent  même plus, d'autant qu'elles ne furent pas toujours anodines, je l'ai appris en étudiant l'histoire  même de ma famille dont certains moqquadems (heureusement ils ne furent pas légion) ont apparemment  trahi  l'honneur de leur confrérie en pariant sur l'envahisseur dans beaucoup de pays d'Afrique.

La forêt et tout le reste de la biodiversité sont menacés de disparaître à Guerbes. Comme c'est un cas d'école  que j'observe depuis plus de trente ans, je prendrais souvent cette région pour exemple lors de mes prochains  articles dédiés au même sujet que ce dernier. 

Les fautifs de cette tragédie écologique? On aura vite fait de pointer du doigt  les paysans qui déciment leur environnement pour cultiver de la pastèque hybride. Mais si, comme moi, vous connaissez la rudeur de leur vie , l'extrême isolement dans lequel ils évoluent, vous comprendrez peut-être que c'est avant tout leur ghetto rural qui a fait d'eux des colons sur leur propre terre...

Comment peuvent-ils respecter un environnement qu'ils n'ont plus  la possibilté de  bien vivre ? Et si c'était cela le fondement d'une écologie algérienne? 

 

 Deucième partie: "La nature  algérienne oubliée"...

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