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Nouara Algérie

ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )

« Rencontre avec l’association A.S.E.T pour la préservation et la mise en valeur de la forêt de Cèdres d’Atlas de Takkoucht à Bejaia (Algérie) ». (Deuxième partie). Par Karim Tedjani.

 Deuxième partie : « Arrivée à Ait Smaïl . Une ballade dans les environs… »

 

Fleur 

Nous voici donc arrivés à Ait Smaïl commune du chef lieu de Taregregt qui se situe dans la daïra de Darguina (wilaya de Bejaïa). Cette agglomération  de 11 783 habitants (2008), est un havre de paix entouré de nombreuses montagnes dont Takoucht est le plus haut sommet de la wilaya. Ce Djebel culmine à environ 1 896 mètres d'altitude. On peut aussi contempler la « Montagne de la soif » que nous aurons, plus tard, la chance d’approcher aussi de plus près.

C’est ici que se trouve le Q.G de l’association Scientifique et écologique de Takkuct.

Nous nous dirigeons au « restaurant des anciens » afin de nous restaurer copieusement. Ce petit établissement, très pittoresque, ressemble, de l’intérieur, à la salle à manger d’un chalet suisse ou français. On y retrouve, cependant, l’ambiance inimitable de ces brasseries Kabyles de mon Paris populaire : sur les murs, des posters de veilles stars du cinéma et de la chanson française, ainsi qu’un portrait de Matoub Lounès et une peinture berbère … Le doyen des lieux n’étant pas là, ce sont ces trois jeunes fils qui assurent notre accueil. Voir ces jeunes écoliers en vacances travailler avec un sérieux et une disponibilité exemplaire, me conforte une fois de plus dans le fait que l’éducation des enfants en Algérie est encore une valeur sûre. Pour ce qui est du menu, disons que, n’importe où en Algérie, à part quelques rares exceptions, mieux vaut manger chez l’habitant…

Je ne voudrais  froisser aucune susceptibilité régionale, mais pour moi, le fait qu’en Kabylie, en général, et surtout à Tizi Ouzou, il est très difficile de trouver un bon restaurant, reste un mystère à élucider. Pourtant, quand je mange chez mes amis kabyles, je me régale des mets qu’ils me proposent. J’apprécie énormément cette cuisine où l’huile d’olive bio est omniprésente… A Paris, les Kabyles sont des restaurateurs compétents et très professionnels qui ont su se faire une place dans un pays où la gastronomie est une vraie « religion ». Vraiment, je ne comprends pas ce paradoxe…

Durant ce repas, nous décidons du programme de la fin de journée et bien entendu, celui de demain ou nous sommes censés nous rendre dans la forêt de Takkuct (autre orthographe) qui est une des plus belles forêts de Cèdre d’ Atlas en Algérie ((Aurès, Kabylie et Ouarsenis). Nous partiront aux premiers rayons du soleil. Une fois de plus, l’APC met à notre disposition son 4X4 pour la matinée. Nous avons opté pour un retour à pied afin de visiter plus en détail la région.

Karim Abdoune, un des principaux éléments moteurs de l’association A.S.E.T, me propose faire un tour des lieux avant de se reposer pour être près à se lever dès l’aube. Comme il n’y a pas d’hôtel dans cette commune, il s’est aussi proposé de m’héberger dans la maison qu’il a lui-même construite. J’en profite d’ailleurs pour le remercier aujourd’hui encore pour son hospitalité sans faille… Qu’une commune si charmante, dont les habitants affichent tous un sourire qui en dit long sur leur hospitalité, qu’un espace naturel si attractif pour les amoureux des paysages sublimes, ne disposent pas d’infrastructures pour accueillir et encadrer d’éventuels visiteurs, me laisse songeur sur l’ampleur du retard dans ce domaine d’une grande partie de l’Algérie. Ait Smaïl est un endroit qui mérite d’être plus connu et visité. Régulièrement, lors de nos entretiens, nous nous sommes accordés sur le fait que le tourisme en Algérie est vraiment une activité à redévelopper. Nous nous sommes d’ailleurs parfaitement entendu sur le point que c’est un « tourisme vert » qui doit être en priorité mis en place. Il ne s’agirait surtout pas de faire du tourisme de masse dans ce pays ! La qualité doit primer sur la quantité quand on est un pays qui n’a pas encore besoin de compter sur cette activité pour se développer économiquement. Il y des fabuleuses randonnées à faire ici, des produits du terroir à déguster, ainsi que la culture amazigh à découvrir. L’architecture en Kabylie rurale, est moins anarchique que partout ailleurs en Algérie, peut-être parce que les Kabyles avouent eux même qu’ils sont jaloux du moindre centimètre de terre qu’il possède. Dans cette région, les terres sont souvent des propriétés familiales. On ne construit pas ce que l’on veut, où l’on veut en Kabylie. Cela donne une certaine homogénéité à l’architecture de ses villages. De plus, en Kabylie rurale, les modes de construction gardent quelques inspirations traditionnelles. Ait Smaïl n’échappe pas à la règle, c’est une belle commune où la pierre taillé est omniprésente. Des belles villas fleuries, des ruelles propres, des habitants accueillants, un service de transport régulier, des commerces bien approvisionnés, une ambiance paisible et un cadre naturel d’une rare beauté, la montagne à quelques dizaines de kilomètres de la mer, voilà ce qu’Ait Smaïl peut offrir aux amoureux de la Nature du monde entier. En compagnie d’un de ses jeunes cousins, nous faisons le tour du village. Tous les gens que me présente Karim me souhaitent la bienvenue et me parlent de leur commune avec passion. Certains, paraissent intrigués par ma venue. Il faut dire que je suis originaire de l’Oued et, après quelque mois passé sous le soleil couchant, j’ai le teint sombre des hommes du désert. Peu de gens arrivent à deviner du premier coup d’œil que je suis parisien de naissance. Karim, me parle de la vie de cette commune, du fait que beaucoup de gens ici, sont liés par des liens de parenté. Il me fait visiter le « cyber espace » que tient un de ses amis et co-membre de l’A.S.E.T qui s’avère être aussi le local de l’association.

Nous faisons aussi un saut par l’A.P.C. C’est l’occasion pour moi de rencontrer les membres de son bureau. Mr Amari, le vice-président, me fait même l’honneur d’un court entretien à propos des problèmes environnementaux de la région ainsi que de l’écologie en général. Comme beaucoup de responsables de ce pays, il déplore un manque d’intérêt de la société civile pour l’environnement. Cela n’incite pas les politiques à réagir avec plus de convictions face à la dégradation alarmante de la biodiversité en Algérie. Ses plus proches collaborateurs interviennent aussi dans la discussion pour confirmer ce triste constat. Ils me rappellent que ce pays est en voie de développement et que, ce statut n’est pas compatible avec les préoccupations environnementales que requiert l’écologie en Algérie. Je lui réponds, humblement que je suis convaincu qu’il suffirait peut-être de développer le pays autour de ce concept et que cela sera plus facile à instaurer dans un pays en pleine construction. Si nos prochaines infrastructures étaient dors et déjà « écologiques », cela nous ferait gagner du temps et un argent fous….

Puis, nous sortons un peu du village pour une ballade dans la campagne d’Ait Smaïl.

C’est l’occasion pour Karim de me faire part des nombreux projets d’ « écotourisme» qu’il a dans la tête. Pour lui, Aït Smail regorge de trésors à découvrir si sa commune se donnait les moyens de développer un peu plus le tourisme. Il y a les randonnées, à pied, à dos d’âne, les visites de sites archéologique, la forêt de Cèdres, des sites d’escalade. Un des grand projets de son association est de participer à la création d’une base de loisir « verte ». Tout au long de notre court périple, nous croisons des potagers familiaux qui sont une vraie tradition en Kabylie. Les Kabyles sont très proches de la terre de leurs ancêtres. Même ceux qui vivent en ville se rendent régulièrement à la campagne dans leur maison et sur leurs terrains familiaux. Chaque Famille produit son huile, ses figues, son tabac ect… Les Kabyles ruraux, en général, pratiquent encore une agriculture vivrière plus par tradition, d’ailleurs, que par nécessité. Les femmes m’ont paru jouer un grand rôle dans ces exploitations familiales. J’ai toujours été impressionné par la vigueur et la bravoure de ces vielles femmes Kabyles que j’ai souvent croisées affairées aux travaux agricoles malgré leur âge très avancé. On dirait presque que c’est le secret de leur longévité. J’ai pu constater tout cela à Tizi Ouzou comme à Bejaïa, pour ne pas dire Jijel. La promenade fut exaltante, le soleil commençant à se coucher, le temps est venu de rentrer. Une longue et passionnante journée nous attend demain…

 Voici un album des photos que j’ai prises lors de cette première journée : Ait-Smail: premiere-journéeAit-Smail: premiere-journée

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