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Nouara Algérie

ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )

"Sécurité alimentaire : Une question d’idées *" Par Paysans d'Algérie

http://paysansdalgerie.wordpress.com/

Au-delà du spectre de la famine qu’elle a fait planer sur la planète entière et le manque de nourriture qu’elle a fait subir à des millions de populations des pays pauvres, notamment en Afrique et en Asie, la crise alimentaire de 2007-2008 a réveillé le génie et aiguisé l’intelligence de certains opérateurs condamnés à trouver des solutions de rechange pour survivre aux difficultés entraînées par la flambée des prix des matières premières agricoles.

 
En Algérie, un pays fortement dépendant du marché mondial céréalier (4ème importateur de céréales dans le monde et 2ème en Afrique), la hausse spectaculaire des cours des produits alimentaires de l’époque s’est durement répercutée sur le marché local. Les intrants destinés à la fabrication d’aliments de bétail, le maïs et le soja, représentant près de 50% du volume global des importations céréalières de l’Algérie (plus de 2,5 millions de tonnes par année sur un total de 6 millions en moyenne), ont été les plus touchés par les hausses spectaculaires des prix.

 
Sur le marché local, cette flambée a fait passer le prix des aliments de bétail du simple au double pour certaines catégories. C’est le cas des aliments composés (maïs, la vesce et vitamines) destinés aux vaches laitières qui sont passées de moins de 2000 dinars/quintal (20 euros) à 4000 DA/q (40 euros) en l’espace de quelques mois. Laquelle situation a contraint les éleveurs n’ayant pas de grandes capacités financières à brader leurs cheptels n’étant pas en mesure de leur assurer un approvisionnement régulier en aliments.

Survivre ou disparaitre

Néanmoins, certains éleveurs n’ont pas cédé à la panique. Bien au contraire, ils ont fait preuve de résistance face à la crise. Pour cela, tous les moyens sont bons, ont-ils imaginé. C’est en tout cas cette logique qui a poussé M. Ramdane Abdi de la région de Kabylie (130km à l’est d’Alger) à trouver un nouveau procédé lui permettant d’assurer l’alimentation de son troupeau. Dès que les prix des aliments sur le marché ont commencé à être hors de sa portée, M. Abdi s’est mis à la recherche de substituts alimentaires qu’il pourrait éventuellement récupérer de la nature, ne serait ce que pour réduire partiellement les quantités d’aliments achetées habituellement.
Ses idées l’emmènent alors à penser au gland de chêne-liège, une sorte de fruit sauvage dont l’abondance caractérise la région de la Kabylie. Ce type d’arbre constitue 70% du patrimoine forestier de cette région (plus de 200 000 hectares, selon les statistiques des services du ministère de l’agriculture et du développement rural). « C’est en 2009 que j’ai commencé à faire la cueillette du gland pour l’utiliser comme aliment pour mes 15 vaches laitières, mais au départ, j’ai toujours pensé que cela ne peut être qu’un moyen temporaire, le temps de voir les prix du maïs et du soja baisser sur le marché », se souvient-il.
Or, remarquant que ses vaches s’y habituent de plus en plus et que le résultat en termes de rendement en lait et son impact sur la santé du troupeau est positif, M. Abdi y est allé loin dans ses pensées : « Quelques mois plus tard, il m’est apparu possible d’utiliser d’une façon permanente et régulière le gland dans l’alimentation de bétail » a-t-il dit. Pour s’assurer sur la qualité nutritionnelle de ce produit, il consultera son vétérinaire. Celui-ci conclut à la compatibilité des composants végétaux et minéraux du gland avec l’organisme des animaux. Pour renforcer sa certitude, il fera appelle à un autre cabinet vétérinaire qui lui confirme le diagnostic.

Dimension industrielle

A partir de ce moment, « je me suis lancé dans la cueillette de ce fruit en sillonnant les massifs forestiers de la région. A présent, ce sont les jeunes écoliers qui se mettent à la collecte pendant les vacances scolaires et je leur achète le produit à hauteur de 200 dinars (20 euros) le sac de 25kg ». En tout cas, la formule est tellement intéressante que d’autres éleveurs lui emboitent le pas. Cependant, après une étude de marché minutieuse, M. Abdi innovera dans ce créneau : En 2011, il donnera en effet une dimension industrielle à son activité.
C’est ainsi qu’il a acquis, dans le cadre du dispositif d’aide à l’investissement (ANDI), des équipements pour l’installation d’une fabrique d’aliments de bétail à base de gland de chêne-liège. « J’ai acquis une chaîne de tri, un broyeur et une conditionneuse dans le cadre d’un investissement qui me permet aujourd’hui à produire des aliments à base du gland », a-t-il expliqué.
Moins de deux années après son lancement, cette fabrique est forte de ses capacités de production de 20 quintaux/jour et son produit est en vogue : Une cinquantaine d’éleveurs de la région de Fréha s’y approvisionnent. Rassuré par le succès de son projet, cet investisseur a le vent en poupe, il ambitionne désormais de faire l’extension de cette fabrique pour renforcer ses capacités de production. Une idée qui permet ainsi de réduire sensiblement les importations en maïs et soja si elle vient à être généralisée à travers le pays.

(*) A lire également sur le supplément El Watan & Sparknews du 22 juin 2013

 

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