1 Mars 2013
Photo: Tedjani K.
Skikda en devenant un des poumons de l’industrie algérienne, a perdu au passage beaucoup de son souffle, gâché sa véritable vocation elle a même parfois risquée sa peau…
La ville de Skikda souffre depuis des décennies de son voisinage avec le complexe pétrochimique qui a été érigé à quelques km de cette fleur de l’Est algérien. Rien n’a été épargné à cette cité balnéaire où l’on célèbre chaque année une des fraises parmi les plus succulentes au monde. L’Association Bariq 21, une des plus activess et crédible en matière de développement durable en Algérie, n’a eu de cesse d’alerter la société civile et politique : les impacts d’une telle activité si éminemment polluante sont désastreux pour la santé des Skikdis. Depuis que cette usine existe, la recrudescence des maladies respiratoires et des cancers de la peau a pris une tournure plus qu’alarmante. Les enfants sont les plus menacés…
A cause de cette promiscuité avec un tel site à risque, Skikda a été privée d’un aéroport alors que c’est une ville très douée pour le tourisme. La pâtisserie, dans celle qu’on appelait dans des temps plus antiques « Russicada », est une véritable institution. La plupart des restaurants ne souffrent pas du moindre écart à la propreté et l’accueil ainsi que la qualité des mets sont souvent très satisfaisants. Que dire de ses plages où les professionnels du tourisme font preuve de créativité de savoir faire ? Les Skikdis sont des gens affables qui portent les principes du savoir bon vivre jusqu’au plus profond de leur cœur et de leur sourires. Le cadre naturel qu’offre la région de Skikda est tout simplement époustouflant, par endroit même d’une rare virginité.
Si un jour ce complexe venait a exploser, on parle de plusieurs dizaines de kilomètres carré à la ronde dévastés…Certains « incidents » ont été déjà pressentis jusqu’à la commune de Filfila qui se situe à une demi heure de transport de la ville ! La marée noire qui a souillé récemment ses côtes ainsi que la remise en question des normes de sécurité de certaines installations n’est pas pour rassurer les habitants de Skikda qui se plaignent déjà de ne plus pouvoir respirer correctement.
Certes la ville a profité de la manne financière corollaire l’installation d’un tel site industriel. Son port s’est forcement développé, une multitude d’emplois à la clef. Mais elle aurait pu en créer autant en exploitant sa beauté naturelle, la nature de ses habitants, la générosité de son climat. Le miel de Skikda, son huile d’olive, ses fraises, ses poissons, ses gâteaux, sa gastronomie, ses artistes, ses plongeurs de renommée internationale et tant d’autres atouts auraient pu suffire pour faire de l’ancienne « Philippeville » une ville touristique très florissante.
A vrai dire ce n’est pas Skikda qui avait besoin de ce complexe, mais bien le contraire...Quand il aura été démantelé, la ville pourra enfin être égale à elle même!
Skikda doit envisager la région de Guerbes Sanhadja comme une formidable opportunité de faire de cette wilaya un pôle du développement durable pour la région nord-est.
Comment peut-on imaginer qu’il n’en sera pas de même pour les habitants de la région de Guerbes Sanhadja ainsi que de la biodiversité de toute une région ? La ville de Skikda qui est la wilaya responsable de cette zone naturelle devrait être la mieux placée pour le savoir…
Pourquoi ne pas tenter une autre aventure ? Celle du développement durable ? Pourquoi ne pas profiter d’héberger un des plus important complexe de zone humide d’Afrique et de Méditerranée ainsi qu’une baie quasiment vierge aux paysages époustouflants ?
Skikda pourrait, en complément du tourisme balnéaire de grand public qu’elle met en place dans son enceinte, profiter pour être plus innovante en instaurant un écotourisme plus qualitatif que quantitatif à Guerbes Sanhadja. Puisqu’elle est à développer, ne serait-elle pas un chantier idéal pour faire de nouvelles expériences lucratives et respectueuses de l’environnement ? Les efforts et les risques sont certes plus importants, mais le résultat aura le mérite d’être durable pour les hommes et soutenable pour l’environnement.
Dans un contexte où la nécessité d’opérer « en douceur » une mutation de notre économie qui se doit d’anticiper la fin de la manne pétrolière, Skikda, en s’impliquant dès à présent dans le développement durable de ses communes, pourra continuer à être un pôle attractif en Algérie. Elle dispose à ce propos d’un atout de taille en personne de Mohamed Tabbouche, président de l’association Bariq 21 et du pôle associatif PAS réunissant une vingtaine d’associations Skikdis, qui s’est imposé à l’échelle nationale et internationale comme un des plus fervents acteurs de l’intégration du développement durable en Algérie. Une culture du développement durable existe déjà dans cette ville grâce aux actions de la communaute asociative locale qui est à même de relever avec l'Etat un tel défi.
Mais qu'il soit bien clair que le développement durable dont je fais référence dans ce modeste billet n'est pas celui qui doit être forcement engagé et dirigé par les pays dévelloppés. L'Algérie, en tant que membre influent dans la diplomatie onusienne sur l'Environnement mondial, se doit de proposer un version endemique de ce concept qui ne peut être qu'un outil de transition vers une approche adaptée aux particularité de la nature algérienne; au sens propre, comme figuré.
La wilaya de Skikda est une wilaya agricole, de tourisme et de bon goût habitée par beaucoup de gens amoureux de la nature. Fort est à parier qu’un projet de développement vert de Guerbes Sanhadja ne soit plus à l’image de la vraie nature de Skikda qu’un autre complexe pétrochimique qui n’épargnera sûrement pas la zone humide de Guerbes Sanhadja quelque soit la distance qui l'en séparera.
Le pétrole est une ressource épuisable, la biodiversité ainsi que la nature des Skikdis sont des richesses renouvelables dont la pérennité dépend cependant de la santé de l’environnement ainsi que la sécurité sanitaire de toute une région.
Il est donc important et symbolique que les habitants de cette ville se mobilisent pour que la wilaya de Skikda reste un bijou de la nature algérienne, le paradis des amoureux de la biodiversité méditerranéenne. Le plus beau joyau qui orne ce bijou est sans contexte la région de Guerbes Sanhadja…
Karim Tedjani.
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