ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )
8 Janvier 2014
Parfois pour faire de la grande cuisine, il suffit d'un plat en argile, de quelques produits naturels de qualité et d'une bonne recette de grand-mère algérienne. (Tedjani.K)
Tags: agro écologie, efficacité énergétique, gestion de l'eau, environnement en Algérie,
Plus les gens consomment, plus il faut produire pour répondre à leurs besoins. Moins les choses qu’ils achètent durent et plus souvent il faut les fabriquer à nouveau. Moins les consommateurs sont raisonnables, plus ils consomment. Moins les producteurs sont responsables, et plus leurs marges sont importantes. Il est possible résumer ainsi l’Economie globale actuelle.
S’il en va ainsi depuis ces deux derniers siècles, c’est parce que cela est bon pour la croissance économique, donc pour les affaires. Et comme tout est économique de nos jours, cela ne peut être positif que pour tout le monde. On le sait d’ailleurs depuis des bien des siècles.
Mais que les appétits gargantuesques de nos sociétés industrielles soient en passe de dévorer à la sauce pétrochimique notre planète toute entière . On commence à peine à le reconnaître.
Pourtant, l’idée inverse, appliquant l’adage « qui peut le moins, peut le mieux… », ne date pas de la dernière pluie dans l’histoire du développement humain. Il faut dire, qu’à ces époques anciennes , l’énergie n’était seulement que d’origine naturelle, et donc forcement rare…
Consommer moins pour produire plus. Trouver le système le plus économique, au sens noble du terme pour atteindre son but. C’est, par exemple, grâce à cette ambition que, nos amis vietnamiens ont réussi à développer les techniques les plus létales de combat ; avec une morphologie à peine plus imposante que celle des pygmées !
C’est qu’un combattant parfaitement initié aux arts martiaux authentiques vietnamiens, peut toucher quatre adversaires dans un même mouvement. Il ne résiste jamais à la force cinétique de ceux qui s’opposent à lui, au contraire, il la retourne contre ses ennemis en optimisant chaque mouvement, les siens, les leurs. Tous ces gestes, ses postures, ont été pensées par les maîtres fondateurs afin de minimiser ses efforts et d’optimiser la puissance de ses coups. A quoi bon frapper fort un ennemi quand on peut le neutraliser d’une simple pression sur un point vital ? Il puise son énergie dans les ressources renouvelables de son corps et de la nature, notamment en maîtrisant sa respiration. Un vrai maître a également le devoir de pratiquer aussi l’art d’éviter le combat au maximum. Car chaque geste accompli pour détruire son prochain est un geste perdu pour se construire avec lui.
La sobriété au service de l’efficacité énergétique et de la paix . Pourquoi c’est tout le contraire qui semble se produire dans nos systèmes modernes ?
Imaginez vous que, pendant des décennies, on a fait croire aux agriculteurs qu’il fallait labourer leurs champs, qui plus est assez profond, pour obtenir de bon rendements. Creuser plus profond ? Il faut pour cela des engins toujours plus performants, donc coûteux. Des tracteurs capables d’engloutir des quantités énormes de carburant. Creuser plus profond pour ameublir la terre, c’est aussi faire remonter à la surface des bactéries et des larves nuisibles. Cela affaisse aussi les sols ainsi dénudés de leur couverture végétale sauvage, les rend plus vulnérables aux dégâts liés à l’érosion hydraulique. Ils sont parfois littéralement rincés de leurs matières organiques par les eaux de pluies. Comble de l’ironie, on compense cela en épandant les cultures avec des produits chimiques très toxiques pour la biodiversité environnante ! Le moins amusant, dans cette histoire, c'est qu'une quantité seulement infime des pesticides atteignent leurs cibles. Plus de 99 pour cent de leur chimie ira polluer le reste de l'environnement... Dans les sols des cultures traitées, moins de verres de terre, d'oiseaux, d'insectes, de matière végétale; donc moins de vie pour nos terres. Mais toujours plus de pétrole vendu, cependant…
L’agriculture mondiale, très pétrochimique, consomme beaucoup d’eau et de pétrole ; dans ce domaine elle est en tête de liste des activités humaines. Elle produit des stocks massifs d’excédents et, pourtant, la loi de son marché induit bien des famines dans le monde. Encore plus de gâchis. Où est l’efficacité dans tout cela ?
De nos jours, grâce au travail de certains pionniers comme le franco-algérien Pierre Rabhie et le japonais Masanobu Fukuoka, on sait qu’une autre façon de faire est possible, et, surtout, qu’elle est soutenable pour notre environnement parce qu’elle refuse la chimie et qu’elle ne consomme pas beaucoup d’énergie.
C’est une agriculture qui n’appréhende pas la nature comme un adversaire à soumettre par la force de sa science, mais plutôt un partenaire sauvage qu’il faut apprivoiser avec art et patience. Toutes les forces destructrices de la nature peuvent être retournées "vers" elle, non pour la détruire, mais pour la canaliser en douceur, mobiliser la bonne part de sa force créatrice au service du développement humain.
Comment? Eh bien c’est simple, en agissant peu sur sa chimie naturelle et en apportant un soin très particulier à respecter l’intégrité de sa couverture végétale, microbienne et animale. Laissez faire, laisser vivre. Pour cela, il ne faut pas, ou peu labourer. Ainsi on évite à certaines maladies de refaire surface et les sols gardent leur « peau » protectrice. En plus, on consomme moins d’énergie. Beaucoup d’agriculteurs qui ont appliqué cette philosophie s’y retrouvent : même s’ils produisent moins, leurs investissements sont réduits et donc leurs marges respectées.
On utilise, par exemple, le trèfle, ou la luzerne pour ameublir les sols grâce à leurs systèmes racinaires très étendus. Puis on plante des graines dans les empreintes que leurs racines ont laissées dans le sol, une fois arrachées. On nourri les verres de terre avec leurs pailles, et quand ils sont en bonne santé ainsi qu’en nombre suffisant, ces insectes deviennent les meilleurs laboureurs de la planète. Cela est à présent avéré scientifiquement.
Mettre de l’engrais dans la terre, c’est la plupart du temps l’enrichir chimiquement en phosphate ou en azote. Il est possible, en associant deux cultures sur le même champ, de faire la même chose.
Les herbes "adventices" ne sont plus considérées comme "mauvaises", mais plutôt comme complémentaires . Il ne faut pas tenter de les éradiquer, mais de maîtriser leur prolifération.
Je ne vous parle pas , à ce propos, de fantasmes, ou bien d'utopie "écolo", mais bien d'une "nouvelle" agriculture qui a fait ses preuves aux quatre coins du monde et qui même à ces instigateurs l'intérêt la consultation des Nations Unies...
Mais, ce système d'agronomie écologique, que je me suis contenté de vulgariser au mieux , n’est possible que si un autre maillon de cette chaîne de bonne volontés devient coopératif : le consommateur.
Les agriculteurs ne plantent que ce que les gens leur achètent. Dans une telle systèmie, le régime alimentaire des citoyens est une donne à prendre très au sérieux. Si il est varié, équilibré, basé sur la qualité et non la quantité, alors plus besoin de pratiquer la monoculture. Plus besoin non plus de produire en masse. Si ce régime est saisonnier, les cultures locales seront à l’honneur dans les assiettes ; s’il est basé sur des produits frais et biodégradables, les frigidaires, les camions et les poubelles seront moins remplis. Le traffic routier en sortira allégé car on aura plus autant besoin de parcourir de grandes distances pour aller des points de productions aux points de vente ...Là aussi c'est encore une économie d'énergie.
C’est un peu comme si, en Algérie, on choisissait de remédier au fait que les fuites de nos canalisations d’eau accusent des taux dépassant largement les 30% (Dans certaines communes, on parle de 70%), au lieu de s'obstiner construire des mégas barrages hydrauliques pour remédier au stress hydrique. Au-delà de 10% de fuites dans un réseau, il faut savoir que toute cette eau accumulée revient à déverser des tonneaux dans une immense passoire… De plus, l’eau du robinet serait plus potable et donc, les gens achèteraient moins de bouteilles en plastiques. Donc moins de pétrole, moins de déchets…
Ou que l'on décidait de mieux isoler les logements dès leur conception et que l’on incitait l’achat et la consommation de produits à basse consommation énergétique. On développerait les transports en communs, notamment le réseau ferroviaire et ,ainsi , on réduirait sensiblement , une fois de plus, la facture énergétique du pays.
Cela reviendrait aussi à préférer les énergies renouvelables aux ressources fossiles non conventionnelles. Ne pas gaspiller de l’eau, de la chimie et de l’énergie pour produire plus de rente. Endiguer la croissance de la consommation, lutter contre le gaspillage, les fraudes et les abus dans ce domaine.
Parmi ces quelques exemples, toujours les mêmes bénéfices : l’économie de ressources naturelles, le respect de l’environnement, l’émulation de la société, le bien-être pour l'homme et la nature qui l'entoure. Voilà ce qu’on gagne à choisir l’efficacité à la rentabilité...
Mais, n'oublions pas une chose: cette sobriété efficace au service de la communauté, dont un nombre croissant d'experts et de militants se réclament à présent partout dans le monde, ce n'est pas un concept si nouveau. Cela ne vous rappelle pas quelque chose? Demandez à votre grand-mère, ou votre arrière grand père, si vous en avez encore la chance, intérrogez les à propos de comment ils vivaient dans leurs villages avant que l'Algérie n'importe 98% de ce qu'elle consomme. Sobriété, solidarité, responsabilité écologique, révisez les ma3nas de nos anciens, et vous y retrouverez beaucoup de ce qui parait presque révolutionnaire dans la dialectique oficielle du développement durable et de l'économie verte...