ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )
9 Mai 2011
Depuis déjà quelques années, l'Algérie affiche hors de ses frontières une ambition qui, si elle est tout à fait justifié dans la théorie, ne pourra trouver sa légitimité dans la réalité sans un effort conséquent de la part de toute la société algérienne: celle de faire de ce pays un nouveau pôle touristique international
Certes, en ce qui concerne le Sud du pays, foyer du plus grand désert du monde (le Sahara), l'activité touristique se porte et se comporte plutôt bien jusqu'à présent.
En effet, au regard des prestations proposées aux voyageurs étrangers, de la dimension écologique et culturelle des séjours ainsi que de la présence sur le terrain de nombreuses agences étrangères de renom, il est justifié d'affirmer que dans cette région de l'Algérie, le tourisme international semble être un franc succès. Il faut dire que le Sahara offre aux touristes venus largement d'Europe. Un dépaysement culturel total ainsi que des paysages insolites de même que l'hospitalité légendaire des peuples du désert.
Cependant est-ce vraiment suffisant pour parler de tourisme international en Algérie?
J'entends par cette interrogation que réduire cette activité à cette partie du territoire exclue non seulement une grande partie des algériens des bénéfices à en tirer, mais prive aussi le voyageur étranger côtière. Les gens du désert appellent cette contrée le "Tell".monde. Bref, si la zone côtière est un des joyaux potentiels du tourisme international en algérie, cela ne se fera pas sans tout d’abord améliorer la qualité du tourisme local ainsi que de faire évoluer la mentalité non seulement des professionnels du tourisme dans ce pays ainsi que celles des touristes algériens, protéger l’intégrité environnementale de ses sites naturels mais aussi de mettre en valeur leurs richesses historiques et culturelles.
Or, le tourisme d'aujourd'hui, se veut être une rencontre authentique entre un pays, son peuple, et le reste du monde.
Ce tourisme en Algérie doit, pour cela, être certes performant et qualitatif afin d'attirer une clientèle étrangère elle aussi de qualité. Mais, il ne faut pas oublier que, dans ce sens, il est préférable que ce secteur d'activité soit en mesure d'assurer un cadre socioprofessionnel attractif et surtout à la hauteur des efforts qui seront fournis par la population locale afin de garantir un accueil à la mesure des immenses potentiels touristiques dont dispose tout le territoire algérien.
Si le Sahara occupe géographiquement plus de soixante dix pour cent de l'Algérie, d'un point de vue démographique, la majeure partie de la population réside dans le Tell. Ainsi, est-il envisageable d'exclure près de 80 pour cent de la population algérienne de cette belle aventure?
L’Algérie, limitée à son désert, ne pourra offrir aux étrangers qu'une image d'Epinal des algériens, loin de la réalité de ce pays qui émerge lentement mais surement vers la modernité. Cet élan pourrait sûrement trouver dans ce commerce un soutien qu'il serait vraiment dommage de sous exploiter.
De plus, une partie non négligeable de la société algérienne se trouve actuellement dans une impasse socio professionnelle qui risque de nuire de plus en plus au bien être de toute la société algérienne. De nombreuses jeunes carrières, en mal de devenir pourraient trouver de réelles débouchées dans le secteur du tourisme. Ce domaine d'activité fait appel à un grand nombre de corps de métier et a régulièrement besoin de personnel qu'il soit diplômé ou non. Quand on connait la mentalité algérienne, pour qui l'hospitalité est un des points d'orgue, il n'est pas irrationnel de penser que les algériens et les algériennes seront, après une solide formation, des employés compétents dans le domaine du tourisme, même international. Beaucoup de jeunes diplômés maitrisant plusieurs langues étrangères et bien d'autres compétences, peinent à s'intégrer dans le paysage professionnel algérien. Ce serait enfin, une occasion pour tout le tissu social algérien de se confronter à d'autres mentalités, notamment en ce qui concerne la gestion du travail. Cela ne saurait être que bénéfique au monde de l'entreprise dans ce pays qui souffre, à mon humble avis, d'un manque d'ambition et de formation en ce qui concerne la qualité de service.
Ce postulat me parait d'autant plus légitime que la région du Tell, notamment de part la nature méditerranéenne de ses côtes, offre des paysages splendides, variés ainsi qu'une qualité de villégiature potentiellement idyllique pour peu qu'elle soit prise en charge par des gens consciencieux et compétents.
Les baies Algériennes, dont Chetaïbi(Annaba) est considérée comme une des plus belles au monde, sont d'une rare magnificence. Elles sont à la fois sauvages et hospitalières. Souvent entourées de montagnes à la biodiversité luxuriante, nombres d'entre elles en Algérie sont presque vierges. Il faut s'imaginer la Corse ou bien encore la Grèce étendue sur le continent africain dont le vent porte sans cesse sur ses lèvres l'écho d'un désert tout puissant ...
Aux alentours de ces baies, se trouvent souvent des zones humides telles que Guerbes-Sanhadja(Skikda) ou bien le Lac Tonga (El Tarf).Ces deux sites naturels ont d'ailleurs été reconnus comme d'une grande rareté par la convention mondiale de Ramsar. Leurs écosystèmes abritent nombres d'oiseaux migrateurs ainsi qu'une faune et une flore souvent endémique (propre au pays).
Des lacs artificiels gigantesques telles que celui du barrage de Ibn Harroun (El Mila) ou encore celui de Tabsket (Tizi Ozou) se lovent au pied de montagnes aux teintes si variées. Tantôt verdoyants de tout leur printemps, bariolés par des nuées de fleurs saisonnières, tantôt asséchés par l'ardeur des vents chauds d'été, les monts et les vallées de ces régions sont striés par les pistes des bétails et des animaux sauvages. Il existe nombre de parcours de randonnée dans des zones naturelles telles que le Mont Zwaoui (Constantine) qui regorgent de richesses naturelles et historiques. Il faut voir les campagnes de Bouira, ou bien encore celles de Guelma pour admettre que la beauté de l'Algérie ne réside pas seulement dans son désert.
Les neiges éternelles du mont Djurdjura, les hauts plateaux des Aurès, ou bien encore le versant algérien de l'Atlas, offrent à l'instar de celui de Bejaia (Grande Kabylie), des panoramas époustouflants ainsi que des sites potentiels pour une quantité de sports de montagnes.
Le Tell est une terre fertile tantôt fleurie, tantôt aride dont les "fruits" (au sens propre comme au figuré) sont d'une rare générosité quand on sait la cultiver. Sa biodiversité, répétons-le est luxuriante et accuse pour l'instant un taux d'endémisme approchant les 12 pour cent. Une quantité impressionnante de fleurs, de plantes médicinales, jadis d'arbres, de champignons, de fruits font de la flore du territoire algérien un trésor naturel .Que dire de la faune elle est à la fois exotique et semblable à celle de l'Europe méditerranéenne, bien que sensiblement menacée il faut l'avouer.
Les les phéniciens,numides, les romains,les byzantins les vandales, les arabes, les ottomans, les espagnols ainsi que les français ne s'y sont d'ailleurs pas trompé...
De tout temps, l'Algérie a été un pays convoité par des étrangers qui ont été fortement séduits par l'abondance que porte en elle cette terr ainsi que sa position géographique. De ce fait, bien qu'on ne soit pas encore en mesure, faute d'intérêt plus que de moyens, capable d'en déterminer l'ampleur, le parc archéologique et historique algérien est immense. Ce pays, à cheval entre l'Europe et l'Afrique, entre le monde arabe et méditerranéen, est le foyer d'une culture éclectique peu connue et mise en valeur par ses propres habitants.
A Tlemcen, raisonne encore le raffinement de l'âge d'or de la civilisation arabo musulmane. Oran est plus andalouse et fût occupée par les espagnols. Skikda (Philippe Ville), Alger, Annaba (Bonne) sont des villes reconstruites par la France dans un style" art déco" qui ne manque pas de charme. Constantine est une ville plus vieille au monde .Suspendue entre deux monts, cette cité est unique en son genre. Le musée du palais ou résida le Bey, puis, plus tard le gouverneur de France est un bijou de l'art ottoman ainsi qu'une des réussites dans ce pays dans la conservation de son patrimoine historique. Bon nombre de sites (souvent à l'abandon d'ailleurs) témoignent de la présence des romains qui avaient fait de l'Algérie leur "grenier".Tiddis (toujours Constantine) fut d'abord une ville numide, puis une cité réaménagée par les romains. Que dire de la multitude de sites archéologiques comme le port de Birianis (Skikda) qui sont laissés à l'abandon et n'attendent qu'a être mis en valeur...
La liste de tout ce porte en elle cette région serait tellement longue à énumérer que je prie d'avance tout ceux et celles qui auraient des choses à y ajouter de m'excuser pour mes omissions. J’avoue d’ailleurs, en ce qui me concerne, être surtout spécialisé dans la zone est du pays que l’on appelle « Constantinois ».
Bref, j'espère vous avoir ne serait-ce qu'un peu convaincus de la grande injustice qui est faite au Tell en ce qui concerne le tourisme international.
Mais, il sera malhonnête de ne pas reconnaitre les grandes faiblesses de cette région en ce qui concerne ses infrastructures d'accueil ainsi que la médiocrité de la qualité du service qui y est proposé aux touristes pour l'instant.
Il faut dire que, ne serait-ce qu'au niveau national, le tourisme souffre de grandes lacunes au point que les algériens préfèrent souvent passer leur vacances en Tunisie qui demeure leur destination favorite notamment au regard du fait qu'ils n'ont pas besoin de visa pour s'y rendre. Avouons-le sans aucune ambigüité, la majeure partie des restaurants, des hôtels ainsi que des prestations touristiques dans cette partie du pays sont à des années lumières des normes acceptables pour parler d’un tourisme digne de ce nom.
A vrai dire, à mon humble avis, le problème vient essentiellement du fait de la grande insécurité qui a régné dans les « années noires ». Cela a été fort néfaste pour l'activité touristique locale qui s'est de ce fait peu développée. Il y a aussi le manque d'exigence des touristes algériens du, je pense à leur manque d'expérience en tant que touristes étrangers. Il faut savoir que les algériens n'ont pas souvent l'occasion de visiter les grands pays touristiques qui ont adopté à leur égard une politique de visas très draconienne.
De plus, les zones habités par la majorité des algériens souffrent d’une pollution et de la présence d’habitats illicites qui ont largement endommagés leurs paysages et menacent dangereusement l’intégrité écologique de ses dernières. Que dire de la méditerranée qui est une des mers les plus souillée au monde.
Or, il est évident que tout les grands pays touristiques, à l’instar de la France, ont misé essentiellement sur la Culture de leur pays, c'est-à-dire l’histoire, l’artisanat, la gastronomie ainsi que toutes leurs particularités. Répétons-le, le tourisme international, c’est avant tout la rencontre entre une culture et le reste du Monde.
Dans ce domaine, mon pays d’origine et particulièrement le Tell accuse une fois de plus un retard qui n’est pas du tout en corrélation avec ses immenses richesses. Nombres de sites archéologiques et historiques sont laissé à l’abandon comme le site du mont Zwaoui à Ibn Ziad (Constantine). L’artisanat est une activité peu développé dans un pays qui regorgeait jadis de tant de savoir faire dans bien des domaines, même si il faut préciser que le gouvernement semble s’activer afin de remédier à cela. Il est très difficile, de plus de pouvoir déguster, hors du cadre privé, c'est-à-dire chez l’habitant, la cuisine traditionnelle algérienne qui non seulement gagne à être connue, mais aussi à être mise en valeur par ses propres habitants.
Bien entendu, Alger est une des rares exception.Cette capitale offre à bien des égards, toutes les commodités digne d'une grande ville ainsi qu'une qualité de service plus que satisfaisante.Je ne m'étendrais d'ailleurs pas sur le sujet car je pense que ce n'est un secret pour personne et je souhaite que le reste des villes côtières suivent cet exemple....
Constantine me parait aussi capable de relever ce défi assez rapidement, c'est d'ailleurs une de mes villes favorites dans l'Est du pays.Il parait que Oran est une ville à visiter absolument et qu'on y pratique un tourisme de qualité...
J'insite sur le fait que l'Algérie étant un dotée d'un téritoire immense, je n'ai pas eu le loisir de tout visiter et je vous fait seulement part de ma propre expérience de touriste assidu de ce pays.
Bref, à une époque où, tout le monde le sait, le pays a semble-t-il bientôt atteint son pic de production pétrolière, l’activité touristique, particulièrement dans la région du Tell pourrait et doit être un secteur à développer afin de permettre au pays de continuer à se développer. Cette activité, pour peu qu’elle ne soit pas mise en place d’une façon abusive et en ne tenant pas compte des particularités culturelle et cultuelle de l’Algérie permettrait, à bien des égards, de favoriser l’emploi ainsi que l’évolution sociale dans un pays qui ne demande qu’a progresser. Personnellement, je serais, en ce qui concerne le Tell et surtout le Constantinois, partisan d’axer cette mise en valeur par le biais de l’éco tourisme, qui est non seulement de plus en plus à la mode, mais surtout en adéquation avec la capacité actuelle des algériens et algériennes en matière d’accueil touristique.
Alger, le 9 mai 2011.
Karim Tedjani pour "Nouara-algerie.com"