12 Octobre 2010
Viande: le bio plus sain mais moins goûteux
Le principal intérêt de la viande bio réside dans son ratio élevé entre acides gras oméga-3 (anti-inflammatoires) et oméga-6 (pro-inflammatoires), dû à l'alimentation riche en herbe. Il est reconnu qu'un tel ratio diminue le risque de cancers et de maladies cardiovasculaires. C'est aussi l'atout des viandes Bleu Blanc Coeur, un label attribué à des animaux nourris avec au moins 5% de graines de lin, riches en oméga-3. A savoir toutefois: ce label n'est pas réservé à la viande bio.
La viande bio contient également davantage d'acides linoléiques conjugués, a priori bénéfiques pour la santé, même si la diminution du risque cardiovasculaire associée à ces acides gras n'a, pour le moment, été mise en évidence que chez l'animal. Il y aurait par ailleurs moins de contaminations bactériennes chez les animaux bio, avance Time Magazine dans un dossier récent, du fait, notamment, d'un espace plus élevé attribué à chaque bête. La viande est également moins grasse que la viande conventionnelle, rapporte le titre américain, mais elle est aussi jugée moins goûteuse par ces journalistes, pour un prix bien plus élevé (de 50% environ).
La viande bio n'est toutefois pas "100% "naturelle". Le cahier des charges européen (disponible ici en PDF) autorise depuis 2009 l'utilisation d'anti-parasitaires et d'antibiotiques dans l'élevage bio. De manière encadrée cependant: pas plus de deux traitements d'anti-parasitaires par an, et les antibiotiques doivent être utilisés en ultime recours, avec un maximum de trois doses annuelles. Au-delà, les animaux concernés ne peuvent plus revendiquer l'appellation biologique: ils doivent subir une nouvelle conversion avant de se voir attribuer de nouveau le précieux label. Pas d'inquiétude à avoir, assure Hugues Toussaint, fondateur de l'association de défense des consommateurs Bio Consom'acteurs et auteur de Manger bio, c'est bien si... (éd. Vuibert): "Les agriculteurs bio français placent la barre plus haut que l'Union européenne. Ils maintiennent pour la plupart les conditions strictes auparavant en vigueur en France."
Fruits et légumes: bio ou pesticides, il faut choisir
"Les fruits et légumes sont les produits pour lesquels il est prioritaire de manger bio, car ce sont ceux qui sont le plus susceptibles de contenir des résidus de pesticides en agriculture intensive", avance Claude Aubert, ingénieur agronome spécialiste du bio -le risque est moindre, par exemple, dans les céréales.
Les produits chimiques sont bannis de l'agriculture biologique. Outre le fumier et le compost, les agriculteurs bio qui se réfèrent à la réglementation européenne peuvent fertiliser leur champs avec de la farine de poisson, voire du sang séché ou de la poudre d'os.
Malgré ces précautions, les fruits et légumes bio peuvent contenir des résidus chimiques du fait de contaminations éventuelles. "C'est inévitable, mais cela demeure à des niveaux extrêmement bas", indique Claude Aubert. D'après le dernier rapport de l'Efsa, les limites autorisées par la loi seraient tout de même dépassées pour 0,9% des échantillons bio analysés (contre 3,5% pour les échantillons de l'agriculture "conventionnelle").
L'utilisation d'OGM est formellement interdite, mais le cahier des charges européen de 2009 pour l'agriculture bio tolère une contamination accidentelle allant jusqu'à 0,9% dans les produits commercialisés. "C'est la porte ouverte à de nouveaux seuils, progressivement plus élevés", regrette Hugues Toussaint. Le consommateur plus exigeant peut se tourner vers des labels comme Bio Cohérence, radical vis-à-vis des OGM.
L'absence de pesticides est la principale raison de manger bio. En dehors de cet aspect, l'avantage nutritionnel des fruits et légumes bio par rapport au conventionnel n'est pas si net, selon les études publiées à ce jour. Ce qui fait dire au magazine Time qu'avec les prix en bio, mieux vaut manger des fruits et légumes traditionnels que pas du tout de frais...
Plats préparés: un écart moins flagrant entre bio et conventionnel
La filière biologique limite les additifs chimiques de synthèse tels que conservateurs, exhausteurs de goût, émulsifiants et gélifiants au profit de produits naturels et de procédés mécaniques. Des exceptions existent toutefois, dans le cas où il n'y aurait pas d'alternative naturelle. Ainsi, les plats préparés bio ne sont pas forcément issus à 100% de l'agriculture biologique: pour obtenir le label, ils doivent contenir au moins 95% de produits issus de l'agriculture biologique. Pour les 5% restants, des produits "conventionnels" sont utilisés s'ils ne sont pas disponibles en bio.
"Bio" ne signifie pas non plus systématiquement "meilleur pour la planète"... Ainsi, l'huile de palme, connue pour son impact négatif en terme de déforestation et soupçonnée d'être moins bonne pour la santé que d'autres huiles, est présente dans beaucoup de produits bio transformés. Rien n'est précisé dans le cahier des charges quant à la provenance de cette huile. La plupart des transformateurs bio ont toutefois recours à de l'huile de palme bio de Colombie, censée préserver les forêts primaires et être produite dans des conditions plus équitables (ce qui est contesté).
"La principale critique que l'on peut faire aux plats préparés bio porte sur leur coût, note Hugues Toussaint. Et puis cela va à l'encontre d'une agriculture biologique locale de produits frais, sans compter l'impact environnemental...".