A quoi sert l'éducation environnementale généralisée dans les écoles algériennes quand on constate « sur le terrain de l'application » le manque flagrant de civisme qui caractérise petits et grands, y compris certains décideurs locaux qui ont une prédilection pour le tapage nocturne qu'ils prennent, dans leur inculture, pour une forme d'activités culturelles alors que c'est l'exemple parfait non seulement de l'atteinte à l'environnement mais aussi et surtout du trouble à l'ordre public. Immergés dans leur ignorance, ils sont convaincus de faire le bonheur de la population en organisant sur la voie publique, au milieu d'habitations, jusque tard dans la nuit, des concerts de musique et des séances de projections de films (ils appellent ça « ciné-bus »), autrement dit une production de bruit assourdissant au moment où les petits qu'on a gavés d'éducation environnementale ont besoin de silence pour réviser leurs cours ou bien suivre un programme de détente à la télévision ou alors tout simplement pour dormir. Aux riverains qui protestent, les organisateurs répondent avec arrogance : « c'est autorisé !», ne sachant pas que la loi (au-dessus de tous et barrière contre les despotismes, du moins en principe chez nous) interdit le tapage nocturne et donc interdit à quiconque, quel qu'il soit, de l'autoriser.
Si les grands, à fortiori quand ils sont décideurs, font peu de cas de l'environnement, que peut-on attendre des petits ? En dehors de rares exceptions, le comportement des enfants est loin de refléter le civisme et le respect de l'environnement. L'exemple classique est le sachet d'ordures (toujours en matière plastique) qu'ils balancent à n'importe quel moment de la journée, dans un coin de la cité où ils habitent avec leurs parents, formant ainsi une mini-décharge sauvage sous les fenêtres.
Puisque nous sommes à la veille de la commémoration du 44 ème anniversaire de l'indépendance, comparons 1963, année de l'enthousiasme et de l'initiative, et 2006, année de la prédation et des déserts surtout dans les esprits et dans les imaginations. Côté villes, c'est incomparable. Le président Bouteflika a eu à le déplorer tout récemment : comment étaient Alger et les villes du pays (réponse : propres et tranquilles) et dans quel état sont-elles aujourd'hui, surtout la capitale (sales, bruyantes et polluées).
1963 qui s'en souvient aujourd'hui encore. Ce fût peut-être l'année du plus grand mouvement de masse, écologiste avant la lettre, que l'Algérie ait jamais connu. En décembre 1963, par centaines de milliers, les Algériens participaient à la première grande journée nationale de reboisement qui allait donner le coup d'envoi aux campagnes de volontariat populaire qui marquèrent les premières années post-indépendance, pour planter des arbres, freiner l'érosion sur les versants arides, sauvegarder la terre, protéger les barrages. C'est un de ses conseillers (étranger celui-là) qui avait recommandé au président Ben Bella de reboiser pour lutter contre l'érosion des sols. L'enthousiasme « vert » des lendemains de la Libération, concrétisé par le reboisement à l'Arbatache, semble à présent bien loin. Les choses ont même évolué en sens inverse.
Comparons, 1963 et 2006, l'état des forêts, des plages, des rues, de l'air, de l'eau, des sols,…Dégradation n'est pas trop fort pour qualifier l'évolution et, malheureusement, les indices qui poussent au pessimisme ne manquent pas. Pourtant, l'écologie est dans tous les discours, dans tous les médias, des plus lourds aux plus légers, dans le train, dans le dispositif législatif, dans une profusion d'institutions, dans les budgets,…Qu'est-ce qui fait alors que dans la réalité les progrès sont inconsistants ?
source:http://www.jne-asso.org/archives/06/21_juillet/actu_inter.html