La crise est là !!! économique ou financière ou autre. Mais c’est la crise pour qui?
La moitié de la planète et la majorité des pays africains sont en crise économique et sociale permanente. Les riches ont joué à qui gagnera le plus d’argent et entre eux ils sont devenus tellement riches qu’ils ont implosé.
Bush et les champions du capitalisme libéral font appel à l’état, non seulement pour lancer un plan économique mais pour rassurer les riches, t’ as besoin d’un ou deux milliards, allez je t’en donne dix. Et ainsi de suite, l’état providence en Grande Bretagne et aux USA dépense sans compter pour les riches banquiers et leurs actionnaires.
Les victimes collatérales vivent sous des tentes et avec l’aide des ONG quart-monde en Californie et autres états US.
Ils sont des centaines de milliers sinon plus à avoir perdu logement et travail suite à cette crise. Cet état de fait, tout le monde le prédisait depuis plus d’un an ou même deux.
A part ça , dans les journaux, au Maroc, les intempéries meurtrières viennent rappeler le grand chantier du développement de la campagne marocaine qui n’est pas encore achevé.
En Algérie, En dehors des sociétés étrangères, l’économie du pays serait en ruine. Les réformes ne sont toujours pas là. On dépense l’argent du gaz et on se plaint des étrangers qui travaillent.
En Tunisie , ça devient de plus en plus vrai, le pays est maintenant acculturé.
Sinon, pour revenir à moi, j’ai lu une critique d’un livre sur l’eau d’Erik Orsenna. Ça m’a rappelé des souvenirs marocains, l’eau que petit, on apprend à respecter à chérir comme une denrée rare. Sans ajouter les prières pour faire venir la pluie !!!! ainsi que la souffrance de la terre pendant les années de sécheresse. J’ai vécu à Casablanca une partie de ma jeunesse. Je me rappelle de l’importance de l’eau, des barrages, etc…chez moi , c’est devenu un reflexe de critiquer le gaspillage de l’eau. Dans un pays ou la richesse vient du ciel tout s’explique. Mais je n’ai jamais manqué d’eau, aux pires moment de la sécheresse, c’était vers la fin des années soixante dix. Pour revenir à Erik Orsenna, il vient d’écrire un livre « L’avenir de l’eau », certains passages évoquent son voyage dans le Maghreb. Je vous ai choisi deux extraits sur l’eau du désert et sur son passage à Alger.
Sahara ou La nappe souterraine en danger.
« il était une fois, il y a plus de 10000 ans, une zone humide. Plus tard, elle deviendrait désert en prenant le nom Sahara. Mais, pour l’heure, des pluies tombaient sur elle et s’infiltraient dans le sol. En ce genre d’endroit, la terre, étant à la fois poreuse et perméable, retient l’eau. On appelle ce type de couches géologiques des aquifères, étymologiquement des « porteuses d’eau ».
De l’Algérie à la Lybie, des réserves gigantesques se sont ainsi constituées : quelque 31 000 milliards de mètres cubes, soit près de 100 fois la nappe souterraine de l’Ile de France.
Cette nappe saharienne est aujourd’hui en danger. Car plus de 10 000 forages y viennent pomper chaque année quelque 2,5 milliards de mètres cubes. Jusqu’à une date récente, les scientifiques pensaient que cette eau ressemblait à du pétrole : que c’était une ressource fossile. En fait, elle se renouvelle. Les pluies qui tombent sur l’Atlas la rechargent, mais lentement, très lentement : à peine un milliard de mètres cubes chaque année.
Entre prélèvements et recharge, l’écart grandit, le déficit se creuse. Le Sahara pourrait devenir un jour aussi sec en profondeur qu’en surface.
Les trois pays concernés (Algérie, Tunisie, Lybie) commencent à se rendre compte qu’il faut agir, et agir ensemble. Il a été décidé en haut lieu de … se rencontrer régulièrement et d’étudier…des mesures.
Pendant ce temps, Muammar al-Kadhafi, le guide de la révolution libyenne, accélère les travaux de la GMR(Great Man-Made River). Il s’agit d’aller, en plein désert, pomper dans l’un des compartiment de la grande nappe. Cette eau là est fossile. Mais quelle importance ! il sera toujours temps d’aviser dans 50, dans 100 ans, quand le réservoir sera à sec. Quant au coût des travaux, il n’importe pas plus au Guide, par ailleurs grand pétrolier ? Imaginez le bonheur des entreprises de canalisation : 30 milliards de dollars pour 4000 kilomètres de réseau ! »
Alger ou Le jeu des gendarmes et des voleurs
« Ce matin, je ne connaissais pas l’expression H24. On a du m’expliquer. H24, c’est l’évidence pour nous, en France. On n’y pense pas, tant naturel. H24, pour nous, c’est ouvrir un robinet et que l’eau vienne. Avec une pression suffisante et à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, 24 heures sur 24 : H24.
Un beau jour de la fin de 2003(ou du début 2004 : comment savoir le moment exact où une bonne idée germe dans le cerveau d’un tout-puissant ?), le président Bouteflika décida, dans sa grande sagesse, que la population algéroise avait assez souffert.. Et qu’un pays pétrolier à ambitions internationales ne pouvait donner plus longtemps l’image honteuse d’un tel sous-développement. Il convoqua les responsables. Il leur énonça que la période des bureaux d’études inefficaces(pléonasme) était désormais révolue. Il leur fixa un objectif simple : le H24 pour tout le monde en septembre 2009.
L’objectif simple fut assorti de menaces s’il n’était pas rempli. Il lança des usines de dessalement : à l’évidence, il fallait accroitre la ressource. Des financements considérables ont été dégagés. Avec 1.5 million de mètres cubes chaque jour, l’Algérie est le deuxième producteur méditerranéen d’eau dessalée. Juste après l’Espagne.
Mais il fallait en même temps améliorer les réseaux existants ; le président algérien autorisa la Seal à appeler en renfort une compagnie étrangère, en l’occurrence française. C’est ainsi que 29 experts de Suez débarquèrent en mars 2006.
De mois en mois, on peut recevoir de l’eau de plus en plus longtemps. En deux ans, le nombre des fuites réparées a été multiplié par deux, et le délai d’intervention divisé par trois. Même si les sceptiques gardent toujours chez eux leurs bidons, personne ne peut contester le progrès et pourtant … la Seal a beau faire et refaire ses comptes, elle ne retrouve dans le total de ses factures que la moitié de l’eau fournie. Le (gros) reste s’évapore.
Faut-il accuser la vétusté des réseaux, malgré la nette amélioration ? Sans doute, mettons pour 20 à 30%.
Mais la disparition principale il faut la chercher dans l’ingéniosité algéroise. Plus de 200 000 foyers (sur 650 000) résistent toujours à la séduction du « compteur ». Ils s’arrangent. Entre les gendarmes et les voleurs(d’eau) , le grand jeu continue.
Quittant Alger, j’emporte une confirmation : la pénurie d’eau et les souffrances qui l’accompagnent sont bien plus souvent filles de l’incompétence et de la paresse politiques que d’un manque physique de ressources. »