3 Juin 2015
Ténès, luttent contre un projet qu’ils jugent destructeur. Un centre d’enfouissement technique (CET) a été programmé par la wilaya sur des terres arables. En réalité, ils ne s’opposent pas au projet en tant que tel, mais demandent simplement aux autorités de le délocaliser vers un autre site. Car, sur ces lieux, ce CET causera des dégâts irréversibles sur l’environnement et les nappes phréatiques. Il contraindra les habitants de Rouachia à l’exode rural.
Ce CET est projeté sur une assiette de 15 hectares. Une partie des terres agricoles a déjà été «décimée». Face à la protestation, la wilaya de Chlef bloque les travaux, sans donner une réponse définitive. «C’est une torture morale», décrit un militant associatif.
Le wali de Chlef persiste. Dans des déclarations à la presse, il a indiqué que le CET sera opérationnel à partir de 2016 alors que la direction de l’Environnement essaye de les rassurer, affirmant qu’«il n’y aura aucune incidence sur l’environnement». Sans succès, les agriculteurs et les habitants de Tenès, de Rouachia particulièrement, restent mobilisés et ne cèdent pas devant ces déclarations.
D’ailleurs, dans leur lutte, ils sont soutenus et accompagnés par des universitaires, du géologue au technicien. Leurs arguments sont fondés, expliquant que le meilleur site se trouve à Akacha, de l’autre côté du versant, un endroit rocheux. Par ailleurs, ce projet n’aura aucune incidence sur l’eau souterraine puisque les nappes phréatiques y sont inexistantes alors que leur nombre est important à Rouachia.
«Alors pourquoi prendre les risques de les polluer», indique le collectif citoyen de Ténès. Il faut dire que la vocation de ce village est agricole, et que certains habitants activent dans l’élevage et l’apiculture.
Un cadre pétrolier originaire de Ténès souligne que «les études d’impact sur l’environnement et sur la santé de la population n’ont pas été rendus publics. Et de ce fait, tant que nous ne les connaissons pas, nous estimons que cette étude n’a pas été réalisée».
Les habitants précisent, en outre, que Rouachia fait partie de Ténès et qu’elle n’a jamais été isolée de la ville. C’est un village agricole et une région touristique par excellence. La beauté des lieux le prouve.
Une atteinte à la mémoire
Un autre point indigne la population. Sur le site programmé pour accueillir le CET, reposent les corps de 22 Martyrs de la Guerre de libération. «Comment peut-on insulter à ce point la mémoire des chouhada?», s’interrogent-ils. Le même village figure parmi les zones qui ont lutté vaillamment contre le terrorisme, incitant les citoyens à rappeler leurs sacrifices : «Est-ce là la récompense trouvée pour avoir combattu les hordes terroristes?», diront-ils avec amertume.
Les habitants de Ténès considèrent ce projet comme étant une hogra. «La ville et la région ne méritent pas une catastrophe de ce genre», lancent-ils. Et d’ajouter qu’ils ne sont pas «contre le CET. Mais ils ne souhaitent pas que ce projet privera Ténès du développement durable».
Mehdi Bsikri