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Nouara Algérie

ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )

"Le parc national d'El Kala: Conservatoire immatériels des beautés naturelles "par Sabrina Dennine

Le parc national d’El Kala

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En quittant Annaba nous prenons la route de l'est : destination le parc national. A quelques kilomètres, La Seybouse retrouve la Méditerranée. Nous traversons le pont sous lequel des barques de pêcheurs attendent le fin du jour. En face un plage immense mais paradoxalement peu fréquentée. Le sable fin s’étend sur des dizaines de kilomètres et donne un aperçu idyllique de la côte. Les pêcheurs sont nombreux. Si les dunes ont disparus depuis vingt ans, le paysage reste des plus pittoresques. Le visiteur non averti, ne sait pas encore que cette petite route mène tout simplement vers le paradis terrestre. Nous sommes dans la wilaya d'El-Tarf, unique plaine maritime d'Algérie, qui s'étend sur près de 100 km de littoral. Une région envoûtante, faite de forêts, de lacs, de lagunes, de rivières et de rochers escarpés qui plongent dans la mer. Un enchantement quelque soit la saison. A peine à-t-on dépassé le pont de oued Mafragh, le maquis s’offre à perte de vue. A droite, des champs délimités par des figues de barbarie, ici et là, des hameaux dont les toits accueillent les nids des cigognes, plus loin, des troupeaux surveillés par des hérons « garde bœufs », semblent regarder impassiblement les voitures qui passent. Le paysage défile jusqu’à devenir quasi sauvage. Nous sommes à peine à quarante km d’Annaba. La forêt très dense nous happe. Le silence est parfait. Nous sommes littéralement perdus dans notre contemplation lorsqu’une étendue bleue se laisse entrevoir au loin. La couleur qui tranche avec le vert est saisissante. C’est le lac Mellah. Nous continuons jusqu’à l’embranchement qui mène au lac, mais aussi à différentes plages, la vieille Calle, f’kirina…. Là se trouve la station biologique de l’université d’Annaba. Plus loin à droite, la réserve naturelle. Nous continuons vers le lac. Un poste d’observation et une plaque rappelle que le site est protégé et qu’il est inscrit, comme les autres lacs, sur la liste RAMSAR (ville iranienne où fut adoptée en 1971 la Convention sur les zones humides). Car nous sommes en plein dans le parc national d’El Kala et ce lac est un des joyaux de la région.
Nous traversons quelques talus et nous nous retrouvons sur une plage de sable blanc, si fin, qu’il crisse sous les pieds. L’eau est salée, chaude et limpide et c’est avec bonheur que nous nous y baignons. Le lac est relié à la mer par un canal. Ses eaux très poissonneuses regorgent de poissons et de crustacés comme le mulet, , la crevette, le loup, le sar et le pagre, les moules, les palourdes et l’anguille, met très prisé dans la région.
Un Eden peut en cacher un autre

Et c’est à regret que nous quittons cet éden pour nous retrouver sur la route en sens inverse. Des regrets qui ne dureront que le temps de se retrouver sur les berges du lac Oubeïra, à quelques kilomètres de la vile d’El Kala. Bordé d’eucalyptus, le lac, comme les deux autres, est le domaine des ornithologues. On y trouve des grues, des hérons cendrés, des hérons blancs, des aigrettes blanches, des grandes aigrettes, des cigognes blanches, des poules d’eau, des poules sultanes, des foulques, des grèbes et des canards (Cols-verts, Souchets). Le spectacle des étendues d’eau recouvertes de nuées de flamants, de pélicans et autres grues cendrées est époustouflant : un paradis pour les photographes !

Le lac tonga, des richesses extraordinaires à vivre

Nous remontons, le sentier qui mène vers la route national non sans jeter un dernier regard sur cette immensité aquatique et nous nous dirigeons vers le lac Tonga, le lac le plus prestigieux du parc national d'El Kala, un des derniers vrai habitat des loutres dans tout le Maghreb. Après avoir traversé la ville, nous empruntons la route qui traverse une autre forêt toute aussi dense : sapin, pins d’Alep, chênes et eucalyptus. la forêt est si touffue qu’elle procure d’emblée une sensation de fraîcheur unique. Une importante faune vit dans cette région où étangs et marais d’eau douce communiquant avec la mer par le chenal artificiel de la Messida. Nous suivons un sentier fait de terre battue qui longe des îlots bordés de grands saules et de grandes plages d’eau occupées partiellement par le nénuphar blanc. Le lac est un site de nidification exceptionnel pour plusieurs espèces dont certaines sont très rares comme l’Erismature à tête blanche. Le sanglier prolifère. Mais Le mammifère emblématique de la région est le cerf de Barbarie. Une espèce endémique qui reste la seule espèce connue de cervidé africain.

Un écosystème totalement vierge

Depuis les gros mammifères, jusqu’aux minuscules arachnides, la forêt d’El Kala reste un très bel exemple d’écosystème méditerranéen totalement vierge. Crée en 1983, Le Parc National s'étend sur une superficie de 76438 ha. Le Parc est composé de plusieurs écosystèmes forestiers, lacustres, dunaires et marins, lui conférant une haute valeur biologique et écologique dans le bassin méditerranéen. Sa flore, sa faune et son patrimoine culturel lui ont valu son inscription en tant que réserve de la Biosphère par l'UNESCO en 1990.

Une côte resplendissante

Et comme un autre don de la nature, les plages d'El Kala et ses criques naturelles sont d'une beauté exceptionnelles. On y distingue principalement l'étendue poudreuse de la plage de la Messida, réputée pour son sable particulièrement fin mais dont les dunes ont été pillées. La plage est traversée par l'oued Messida. En amont, la Calissarde, offre aux amateurs de baignade, une eau limpide et une touche d’exotisme. « on se croirait dans les caraïbes », nous confie une jeune fille. La plage offre en effet la particularité d’avoir deux rivages. « Un bonheur pour les enfants », renchérit une mère de famille qui continue, « ils passent leur temps à aller d’un rivage à l’autre, pour eux c’est le dépaysement total, l’on a du mal à croire que nous sommes en Algérie ! mais qu’est ce qu’on y est bien ! » Un sentiment que nous partageons, car après avoir traversé la pinède pour descendre à la plage le spectacle est aussi grandiose qu’inédit. D'autres plages, criques vierges et falaises de grès dont on ne soupçonnait pas l'existence jusqu’à l’année dernière, sont aujourd'hui accessibles depuis l'ouverture de la nouvelle route sur le littoral entre la vieille Calle et la Messida.

L’auberge Tonga

Sur la route au croisement du lac Tonga et de la Messida, se trouve une aire de détente au niveau d’une Pinède. La forêt bien qu’ayant terriblement souffert de la tempête de 2003, est un devenu un point de rencontre pour pique niquer ou tout simplement goûter quelques heures aux bienfaits de la nature. Un peu plus loin, une auberge de jeunesse. Un lieu dont on ne peut soupçonner ni l’existence ni le charme. L’auberge Tonga, très fréquentée en période estivale est un havre de paix pour des dizaines de familles, des habituées pour la plupart qui viennent majoritairement des wilaya du Sud. Une piscine, un club équestre et un paysage exceptionnel sont autant d’atouts pour la jeune équipe de l’auberge qui affiche complet en juillet et en août. A côté, un camp de toiles qui accueille lui aussi des habitués, est planté au milieu des pins. L'accueil chaleureux de cette petite auberge a été comme « la cerise sur le gâteau » qu’a été notre visite au parc national. En plus de l’hebergement, l’auberge propose des stages et cours d'équitation pour tous les niveaux. Les cours d'équitation pour enfants, adultes et groupes sont encadrés par un moniteur. Parmi les activités proposées, les plus intéressantes sont sans doute les promenades et randonnées équestres avec guide. Les prix varient entre 500 et 800 DA. Ainsi pour le forfait le plus cher, on peut s’offrir une ballade à cheval de trois heures dans un site inaccessible autrement. Une magnifique forêt de pins maritimes et dont le sol fait de sable blanc n’a jusqu’à aujourd’hui subit aucune dégradation. Ici nul papier, nulle bouteille en plastique ou autre mégot de cigarette. Un paysage féerique fait d’un silence que seul les cris d’oiseaux transperce de temps à autre. Durant l’année, l’auberge Tonga accueille principalement des chercheurs et des étudiants qui viennent de tout le pays et parfois même de l’étranger. Ainsi comme le souligne, Riad Biaci directeur de l’auberge, « La beauté du site et la qualité de l'environnement sont nos atouts majeurs pour proposer des séjours nature » Le parc national connu pour son extraordinaire diversité biologique, est une destination privilégiée pour des missions scientifiques à caractère exploratoire. Un site où l’on devrait promouvoir le tourisme « scientifique » et culturel en proposant des produits (sentiers de découverte botanique, sentiers d’observation ornithologique, découverte en mer…). Les idées foisonnent, comme celle soufflée par Walid, un jeune kinésithérapeute que nous avons rencontré sur place. Pour ce jeune qui passe le plus clair de son temps libre au parc, « il faudrait organiser des circuits de randonnées, comme on le fait dans certains pays d’Europe. La chose est de réalisation facile et vaut largement la peine d'être tentée. D’autant plus qu’elle est génératrice d’emplois et pourrait s’avérer un excellent moyen de sensibiliser le public à l’écologie » Ce jeune homme déplore en effet que la multiplication des routes et le développent « non réfléchi » des zones d'expansion touristique. « La majorité de la population est loin d’être sensibilisée au geste écologique et donc, est peu soucieuse de la protection de l'environnement».
Un rivage non dégradé et des forêts d'une grande richesse biologique reste à découvrir sur la cote Est. Le parc d’El Kala est une excellente destination aussi bien pour les touristes que pour les chercheurs. Sans doute l’un des plus beaux sites d’Algérie, cette région réuni mer, lacs, plages, récifs coralliens, forêts. Des sites tout aussi magnifiques le bordent de tous côtés : Cap Segleb, djebel El Ghorra, les forêts de chênes-lièges de Bougous, le barrage Meksna, le tout couronné par un accueil particulier des habitants. Les Parcs Nationaux sont donc devenus de véritables conservatoires immatériels des beautés naturelles de l'Algérie, c'est-à-dire des centres de tourisme de premier ordre. Entre la mer bleue, qui la baigne au nord et les sables brûlants du désert, qui la prolonge au sud, elle constitue, par la variété infinie de ses sites, la terre rêvée du tourisme. Elle plaît par son climat, elle séduit par la beauté et la grandeur de ses paysages, enfin elle retient par le charme pénétrant qu'acquiert la vie dans ce pays pour peu que l’on sorte des sentiers battus.

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