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Nouara Algérie

ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )

Chute du cours des hydrocarbures et urgence pour l’Algérie de réaliser sa transition énergétique

REFLEXION
Le cours du Brent, le prix de cession du gaz étant indexé sur celui du pétrole, continue sa chute étant début d’après-midi du 20 janvier 2015 à 47,49 le baril , le WIT à 48,69 dollars et le cours de l’euro 1,159 dollar C’est que l’on peut découvrir des milliers de gisements non rentables financièrement au vu du couple prix international, du cout et des pays concurrents. Le constat est que selon les sources officielles en 2013 est que 96% de l’électricité est produite en Algérie à partir du gaz naturel, 3% à partir du diesel (pour les régions isolées du sud), 1% à partir de l'eau. Face aux contraintes tant internes qu’externes, le gouvernement devrait axer sa stratégie pour une transition énergétique maîtrisable autour de cinq axes privilégiant un bouquet énergétique, devant privilégier le transfert de savoir-faire managérial et technologique et un partenariat gagnant/gagnant dans le cadre du co-développement. L’énergie étant au cœur de la sécurité nationale est posée la problématique de la transition énergétique.



1.-La transition  pouvant être définie comme  le passage d’une civilisation humaine construite sur une énergie essentiellement fossile, polluante, abondante, et peu chère, à une civilisation où l’énergie est renouvelable, rare, chère, et moins polluante ayant  pour objectif le remplacement à terme des énergies de stock (pétrole, charbon, gaz, uranium) par les énergies de flux (éolien, solaire, biomasse).
Le pic  pourrait selon l’Institut français du pétrole et des énergies nouvelles, se situer vers 2025 pour le pétrole, 2025-2045 pour le gaz et 2100 pour le charbon. Le développement actuel de l’extraction d’énergies fossiles dites « non conventionnelles », telles que les gaz de schistes ou le pétrole off-shore profond, peuvent  repousser  le pic, sans pour autant modifier le caractère épuisable de ces ressources. D’une manière générale,  l’énergie est au cœur de la souveraineté des Etats et de leurs politiques de sécurité allant parfois à provoquer des guerres. Les avancées techniques (Gnl-gaz  naturel liquéfié, gaz de schiste, amélioration des performances d’exploitation de gisements d’hydrocarbures) couplées aux  dynamiques économiques modifient les rapports de force à l’échelle mondiale  et  affectent également les recompositions  politiques à l’intérieur des Etats comme à l’échelle des espaces régionaux. Aussi s’agit-il de  cerner le concept de transition énergétique  impliquant  de bien répondre à quatre questions essentielles.   
Premièrement, si l’humanité généralisait   le mode de consommation énergétique  des pays riches,  il nous faudrait les ressources de 4 ou 5 planètes d’où l’urgence d’une adaptation pour un nouveau modèle de consommation. 
Deuxièmement, il ne suffit pas de faire une loi car le déterminant  c’est le socle social Cela  pose  la problématique   d’un nouveau modèle de croissance : tous les secteurs économiques, tous les  ménages sont concernés : transport, BTPH ; industries, agriculture. Les choix techniques d’aujourd’hui  engagent la société sur le long terme. Il ne faut pas être pessimiste devant  faire confiance au génie humain. Le passage de l’ère du charbon à l’ère des hydrocarbures ce n’est pas parce qu’il n’y avait plus de charbon,   et demain  d’autres sources d’énergie. Cela est due aux nouveau procédés technologiques qui produit à grande échelle ont  permis de réduire les coûts ce que les  économistes appellent les économies d’échelle influant d’ailleurs sur la recomposition du pouvoir économique mondial  et   sur  les gouvernances  locales. 
Troisièmement, il faut  être réaliste  et d’éviter  une vision unilatérale car les fossiles classiques demeureront encore pour longtemps  la principale source d’énergie. Aussi, la transition énergétique doit être  fondée  sur  la sobriété énergique (efficacité énergétique),  impliquant  la maîtrise de la demande, la sensibilisation, mais aussi la formation pour forger de nouveaux comportements et donc un changement de culture. C’est-à-dire qu’il faut  de nouveaux réseaux, un nouveau système de financement par de nouvelles politiques publiques, agir sur la réduction des besoins énergétiques en amont en augmentant l’efficacité des équipements et de leurs usages (par exemple  nouveaux procédés pour le BTPH- transport pour des  économies  en énergie, (plus de 7O% de la consommation d'énergie) passant par la  rénovation des bâtiments existants et un nouveau mode de transport). Cela renvoie   au  MIX énergétique qui nécessitera d’adapter le  réseau électrique aux  nouveaux usages,  supposant  un nouveau réseau de distribution adapté aux nouvelles productions  et de consommations pour garantir la continuité de fourniture  et au meilleur prix. 
Quatrièmement la transition énergétique renvoie à d'autres sujets que techniques,   posant  la problématique sociétale,  autant que la  fiscalité énergétique  influant sur le choix des allocations des ressources et ayant un impact sur la  répartition du revenu par catégories socio professionnelles.  La transition énergétique suppose un consensus social, l'acceptabilité des citoyens du fait de la hausse à court terme du coût de l'énergie, mais profitable aux générations futures, supposant des mécanismes  car la question fondamentale est la suivante : cette transition énergétique, combien ça coûte, combien ça rapporte  et qui en seront les bénéficiaires? Aussi la transition énergétique est un processus  long éminemment politique qui devrait être traitée loin de toute polémique politique, en étant constructif et non partisan, impliquant un nouveau modèle de consommation énergétique  évolutif: exemple le téléphone portable  qui concernera des milliards d'individus au niveau de la planète suppose une recharge  par l'électricité. D'autres besoins nouveaux pourront apparaître au fil des décennies, l’objectif stratégique étant d'éviter la précarité énergétique de la majorité des populations. 
2.- Les Actions souhaitables de l’Algérie  face  à cette transition énergétique 
Je recense cinq axes directeurs qui doivent s’inscrire dans le cadre d’une vision stratégique de développement tenant compte des nouvelles mutations mondiales 
Premièrement, il s’agit  d’améliorer  l’efficacité énergétique par d’une nouvelle politique des prix (prix de cession du gaz sur le marché intérieur environ un dixième du prix) occasionnant un gaspille des ressources  qui sont gelés transitoirement pour des raisons sociales. C’est la plus grande réserve pour l’Algérie impliquant  de revoir les politiques de l’habitat, du transport et une sensibilisation de la population devant revoir la politique   des prix, (trois niveaux de prix à Sonelgaz au lieu de deux actuellement). L’on doit   durant une période transitoire ne pas  pénaliser les couches les plus défavorisées.   En Algérie existe un véritable paradoxe : la consommation résidentielle (riches et pauvres payent le même tarif). La consommation d’électricité en Algérie  des ménages représente 60% contre 30% en Europe et la consommation du secteur industriel 10% contre 45% en Europe montrant le dépérissement du tissu industriel, soit moins de 5% du produit intérieur brut. A cet effet,  une réflexion doit être  engagée pour la création d’une chambre nationale de compensation. Toute subvention devra avoir l’aval du parlement pour plus de transparence, chambre  devant réaliser un système de péréquation, tant inter régionales que socioprofessionnelles,  segmentant les activités afin d’encourager les secteurs structurants  et tenant compte du revenu par couches sociales, impliquant une nouvelle politique salariale. 
Deuxièmement,  investir raisonnablement à l’amont pour de nouvelles découvertes mais parallèlement  développer   les  filières de la pétrochimiques en co-partenariat, Sonatrach ne maitrisant pas els réseaux commerciaux de ces produits. Au vu des prix de cession internationaux,  la  rentabilité et la protection  de l’environnement doivent être pris  en compte. 
Troisièmement,  le développement   des énergies renouvelables. Les filières concernées sont le solaire photovoltaïque et thermique, l’éolien, la géothermie, la petite hydraulique, la biomasse, la valorisation des déchets et les installations de cogénération. Le programme algérien consistait au départ à installer une puissance d’origine renouvelable de près de 22 000 MW entre 2011 et 2030, dont 12 000 mégawatts par an  dédiés à couvrir la demande nationale de l’électricité et 10 000 MW à l’exportation. D’ici 2030, selon le Ministère de l’Energie,  environ, 40% de la production d’électricité destinée à la consommation nationale sera d’origine renouvelable. L’Algérie a réceptionné en mi-juillet 2011 la centrale électrique hybride à Hassi R’mel, d’une capacité globale de 150 MW, dont 30 MW provenant de la combinaison du gaz et du solaire. Cette expérience est intéressante. La combinaison de 20% de gaz conventionnel et 80% de solaire me semble être un axe essentiel pour réduire les coûts et maîtriser la technologie. 
Quatrièmement,   l’option du gaz de schiste  introduite dans la nouvelle loi des hydrocarbures  de 2013. En Algérie, devant éviter des positions tranchées pour ou contre, un large débat national s’impose, car on ne saurait minimiser les risques de pollution des nappes phréatiques au Sud du pays. L’Algérie étant un pays semi-aride, le problème de l’eau étant un enjeu stratégique au niveau méditerranéen et africain, doit être opéré un arbitrage pour la consommation d’eau  douce, (les nouvelles techniques peu consommatrices d’eau n’étant pas encore mises au point, malgré le recyclage,  quel sera le coût, fonction de l’achat du savoir-faire), un milliard de mètres cubes gazeux nécessitant 1 million de mètres cubes d’eau douce. Doivent  être pris en compte les coûts des canalisations,  les USA étant canalisés presque sur tout le territoire ce qui réduit les couts, en plus de l’achat des brevets,  et devant forer plusieurs centaines de puits  pour un milliard de mètres cubes gazeux. Sans compter la durée courte de la vie de ces gisements, environ 5 années pouvant récupérer en  moyenne  10/20%. 
Cinquièmement, l'Algérie compte, selon le Ministère de l’Energie  construire sa première centrale nucléaire en 2025 pour faire face à une demande d'électricité galopante, a affirmé le 19 mai 2013  le ministre de l'Énergie et des Mines, l'institut de génie nucléaire, créé récemment, devant  former les ingénieurs et les techniciens en partenariat,  qui seront chargés de faire fonctionner cette centrale. Les réserves prouvées de l'Algérie en uranium avoisinent les 29.000 tonnes, de quoi faire fonctionner seulement deux centrales nucléaires d'une capacité de 1.000 Mégawatts chacune pour une durée de 60 ans, selon les données du Ministère  de l'Énergie.   
Sixièmement, investir dans la formation qui est   la ressource humaine étant la clef à l’instar de la production de toutes les  formes d’énergie  afin d’éviter l’exode de cerveaux massif que connait l'Algérie, Sonatrach se vidant de sa substance. Le poste services  est passé de 2 milliards de dollars en 2OO2 à environ  12 milliards entre 2012/2013 qui s ‘ajoutent aux importations de biens ,55 milliards de dollars en 2013 et 60 en 2014, (sorties  en devises sans compter les transferts légaux de capitaux)   dont une grande partie provient  du   secteur hydrocarbures.  Il convient  de résoudre le problème récurrent   des chercheurs évitant cette illusion de milliers laboratoires travaillant individuellement sans impacts sur la croissance économique du pays ,  surtout de favoriser  un environnement propice  par la levée    des obstacles bureaucratiques qui freinent  la recherche. 
En résumé, pour l’Algérie est posée  la problématique de sa sécurité énergétique, de  l’urgence d’une transition énergétique raisonnable  et maîtrisée s’insérant dans le cadre global d’une transition d’une économie de rente à une économie hors hydrocarbures dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux. Cela suppose un large débat national sur le futur modèle de consommation énergétique. L’objectif stratégique  est de réfléchir aux voies et moyens nécessaires de  dynamiser le tissu productif, entreprises publiques et privées locales et internationales créatrices de valeur ajoutée interne. Comme je l’ai annoncé depuis près de cinq  années (voir google)  les ajustements économiques et sociaux à venir seront douloureux. L’Algérie qui doit d’ores déjà à penser la création d‘un comité de crise  composé d’experts indépendants et non de fonctionnaires aux ordres afin  d‘éviter l’expérience douloureuse de la crise de 1986 qui a eu un impact désastreux  en 1994/ (rééchelonnement -huit  années après). L’Algérie  doit donc  profiter d’une stabilisation financière (dette extérieure très faible) et de ses   réserves de change  y pour réaliser cette transition difficile afin d’atténuer et les chocs sociaux. Cela  nécessite un langage de la vérité loin du populisme dévastateur et donc une grande moralité de ceux qui dirigent la Cité si l'on veut rétablir la confiance brisée entre l'Etat et les citoyens. Cela suppose un profond réaménagement des structures du pouvoir algérien assis sur la rente, donc une nouvelle gouvernance fondée sur la dialoguie. 
 Nb : Professeur Abderrahmane Mebtoul , Expert international – Docteur d’Etat en gestion (1974) - Directeur d’Etudes Ministère Energie/Sonatrach 1974/1979-1990/1995-2000/2007- ancien magistrat- premier conseiller à la Cour des comptes et directeur général des études économiques (1980/1983)  président du Conseil algérien des privatisations -rang Ministre Délégué- (1996/1999) –A dirigé les audits , socio-économiques  pour la DGSN ( 1997/1998)  et sur l’emploi et les salaires pour la  présidence (2008/2009) et récemment l’audit sur la relance socio-économique pour le gouvernement ( 2013/2014). 

 


Dr Abderrahmane Mebtoul
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