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Nouara Algérie

ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )

Ecologie en Algérie : On peut parfois aussi penser « local » et appliquer « global » ...Par Karim Tedjani.

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 Four en terre cuite (Boutelis,Oran)

 

L’écologisme, à ne pas confondre avec l'écologie, est une idéologie politique.

Elle est le prolongement de certaines croyances, d’une somme d’idées, de convictions et de doctrines (au sens enseignements) vers une action sociale et économique visant à atténuer les antagonismes néfastes entre l’Homme et son environnement naturel.

C’est une idéologie qui a pour ambition, à plus ou moins long terme, d’influer sur la société mondiale (ou système mondial) afin de faire s’opérer démocratiquement une évolution de l’Humanité industrialisée vers autre chose de plus naturel, pour les « radicaux », ou de plus humaniste , pour les écologistes « modérés ».

On parle souvent d'une "révolution verte" en cours...

Un des credos rassembleur du développement durable, politique mondialiste très inspirée par cette idéologie est, je pense que nul ne l’ignore aujourd’hui: « penser global, agir local ».

Ce mot d’ordre sous entend que, puisque notre écosystème est planétaire, il faut en assurer une gestion globale,  car la santé environnementale de chaque partie du globe est interdépendante des autres. Les décisions sont prises à l’échelle du nombre et appliquées à celle de l’unité.

Il serait mal approprié de remettre en question cette conception, si on se restreint  seulement à certains « radicaux communs » à tous les problèmes environnementaux de tous les pays, quelques soient leurs particularités culturelles et géophysiques ou l’état d’avancement de leur développement économique et social.

Ces « radicaux », c'est-à-dire ces points communs à la grande famille qu'est censée être l’Humanité, sont , par exemple , la gestion de l'eau , des énergies, du changement climatique, de la pollution produite par l’économie industrielle mondiale et ses corollaires, pour ne citer qu'eux. Cette injonction peut être perçue comme un rappel d’un des principes  les plus viscéral de la Démocratie : la Majorité « est » la Raison.

Mais, qu’est-ce que « local » et « global » signifient ?

Quel sens donner à une pensée globale qui s’exprimerait à travers une action locale ? Dans ce fameux « penser global, agir local », il me parait nécessaire de s’interroger sur la définition de ces deux termes, puis de tenter de comprendre ce que leur association aux notions de penser et d’agir véhicule comme conceptions.

« Local » est un adjectif qui signifie: « qui a trait à un lieu, un endroit particulier ».

Dans un sens plus général, c’est aussi un mot qui rassemble toutes les particularités socioculturelles, et géographiques d’un pays, d’une région, ville, d’une commune, d’un village ou d’un chef lieu. On parle de savoir faire local pour définir les aptitudes et caractéristiques qu’ont développées les habitants d’une zone géographique précise. Une action locale, quand on la dissocie de la pensée globale, peut être perçue comme la réunion de citoyens issus d’un même espace publique autour d’un projet commun à leur localité. L’action locale, quand elle se réduit à ne pas s’appliquer à d’autres lieux, est en résonance avec la définition du nom propre « local », c'est-à-dire un espace « exigu » et réduit.

Dans la langue Française, « Global » a pour sens : « considéré dans son ensemble ».

Une pensée globale, serait ainsi une vision systémique et large d’un problème. C’est aussi, il me semble, une recherche de solutions communes à des problèmes récurrents à l’échelle de l'ensemble des  localités .  Mais, en anglais, langue maternelle du « sustainable development» (développement durable) cet adjectif fait plutôt référence au globe terrestre, à l’ensemble de la  planète Terre. C’est en quelque sorte une confirmation de la nécessité d’une gouvernance mondiale qu’il n’est pas rare d’entendre aussi qualifiée de « globalisation » du monde.

Mal interprétée, la pensée globale agissant localement sur la nature des pays peut signifier une réalité dérangeante : « covering, influencing, or relating to the whole world » (definition du mot global en anglais), c'est à dire la domination du monde entier.

C’est pour cela qu’il ne faut pas s’interdire de penser « local » et d’appliquer "global". C’est une question d’équilibre des forces, de démocratie internationale. Voici un exemple très simple d’une solution locale qui peut avoir une influence positive sur l’ensemble de la communauté mondiale : le régime alimentaire crétois.

Sur le site www.aufeminin.com , on explique à la citoyenne lambda que : « c'est une alimentation équilibrée, saine, particulièrement riche en fruits et légumes frais ou secs et en céréales. Régime pauvre en graisses animales, l'huile d'olive constitue la principale source de lipides. Poisson, viande blanche et œufs sont consommés plusieurs fois par semaine. Fromage blanc de chèvre et de brebis sont les produits laitiers les plus présents ».

J’ai même entendu parler d’une margarine à base d’escargot qui serait un remède miracle face aux excès de cholestérol.

Cette île enregistre de nombreux records en matière de longévité parmi  ses habitants. Elle affiche régulièrement le  taux de centenaire le plus élevé au monde. Un peu partout sur la planète, on a fait l'association entre cette longévité et le régime des habitants de la Crète au point de déclencher une véritable mode dans certains pays "hyper" développés.

C'est ainsi qu'un mode de vie local devient à l'échelle globale un régime alimentaire suivit par de nombreuse personnes à travers la planète.

Bien-sûr il n'est pas question d'imposer ce régime ou un autre au monde entier. Bien au contraire, il s'agit d'avoir plus de choix. N’est-ce pas l’exemple simple et parlant qu’il est bénéfique à l’ensemble de la planète de garder une « nature variée ? » et non globalisée? La diversité est source de richesses, la biodivesrité en est un exemple les plus évident. La pensée locale, quand elle n'est pas chauvine, est une mine de savoirs et de solutions qui peuvent s'appliquer à de plus grandes échelles.

Les nomades algériens, dont ma grande tante Nouara a vécu le quotidien pendant la grande partie de sa vie, observaient localement la nature des régions qu’ils traversaient. Ils avaient réussi à développer un mode de pensée basé sur la correspondance des choses, thème très oriental qui a inspiré en autre le poète Baudelaire. Cette philosophie de la vie   sous entend que le monde est un tout dont les règles sont identiques  que ce soit à petite  ou bien à grande  échelle.

Mon   grand oncle el Haidi Latreche, grand homme de la Nature Algérienne, m’avait dit un jour, alors qu’il n’avait jamais quitté l’Algérie :

_« Mon fils, ton époque se compte avec des montres en plastiques, qui n’ont pas besoin qu’on pense chaque jour à les remonter. Les gens ne veulent plus de responsabilités. Ils ne veulent plus cultiver leur terre et élever leurs propres animaux afin de se nourrir par eux même.

Tu vois, moi je suis né orphelin, j’étais pauvre et, parce que j’ai aimé cultiver cette terre, que j’ai élevé avec amour mes animaux, j’ai pu faire vivre mes 11 enfants. (Il ne se vanta pas d’être, dans sa région,  l’homme le plus riche et  le plus respecté pour sa sagesse ). Tu dois , par exemple, toujours garder à l’esprit que la qualité de la viande que tu manges, dépend de ce que l’animal a mangé…. ».

C’était fin 80, ce fut la dernière fois que j’eu l’occasion de m’entretenir avec cet homme qui m’a tant enseigné durant les nombreux étés que j’ai passé dans sa ferme comme un de ses fils. A mon retour en France, j’entendis parler de la « vache folle »… Son expérience locale de l'élevage lui avait permis d'avoir une vision juste à l'échelle globale et de pressentir les dérive possible de ce secteur.

Il pensait local sans ce couper du reste du monde. De nombreuse fois, lors des patûres de son bétail, que je partageais avec lui chaque été , nous discutions longuement de la nature des choses. Je n'étais  qu'un adolescent turbulent et curieux de tout face à  un homme qui connaissait les  choses  de la vie. Mais sa grande sagesse, sa science du dialogue, nous permettaient d'aborder de nombreux sujets. La Nature, les proverbes étaient toujours au centre de l'argumentation de cet homme qui m'a tant appris. De nombreuses fois, il m'a étonné par sa juste vision de ce qui pouvait se passer en France alors qu'il n'y est jamais allé. Quand je lui proposait de venir en France, il me répondait le plus souvent:

" A quoi bon? J'ai combattu le Gawri et goûté un jour de son pain...J'ai l'impression d'y être allé." disait-il, suggérant qu'après avoir été confronté à la nature spirituelle  des français il en avait déduit à quoi pouvait bien ressembler la nature physique de la France.

 En Algérie, la « Ma3NA » est une matrice de proverbes issus de l’expérience ancestrale de nos douaris qui font souvent référence à des paraboles tirée de la Nature. Chaque algérien puise quotidiennement dans ce patrimoine culturel pour résoudre des problèmes de la vie courante. Voici une autre illustration d'un savoir d'abord puisé d'une culture  "'locale" appliquée à la société à l'échelle nationale, c'est à dire  plus globale.

Ainsi, j’ai voulu dans cet article dont le titre est, je l'avoue,  un peu provocateur , suggérer le fait que, si il faut « Penser global et agir local » le plus souvent , il ne faut pas oublier   de  penser "local" et d’appliquer "global " quand cela est judicieux ou nescéssaire.

 

 

 

 

St denis le 22 Octobre 2011.

Karim Tedjani pour "Nouara, le portail de la Nature et de l'écologie en Algérie".

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