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Nouara Algérie

ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )

« L’écologie algérienne délaissée … » Par Karim Tedjani.

Un cadavre amputé...

                    Le  triste spectacle, pourtant  courant dans notre pays,  d' un arbre rare et précieux abattu en toute impunité par de petits traficants, comme ce cèdre de l'Altas à Takkoutch (Béjaïa)    

Il n’est pas rare d’entendre dire, chez nous, que l’écologie est un concept difficilement concevable pour la majeure partie de la société algérienne actuelle, notamment parce que dépourvue d’une culture environnementale suffisamment ancrée dans la psyché collective de cette jeune nation.

« L’écologie en Algérie, c’est encore trop  nouveau et exotique pour vraiment nous concerner… ». Voilà un liet motiv qui arrange bien des mauvaises volontés ; un argument pour ne rien changer qui pourrait presque paraître imparable. Surtout quand on se garde bien de se remémorer quelle est la véritable nature de ces femmes et ces hommes qui ont forgés, par leurs gestes quotidiens et leurs coutumes, celle d’un territoire aussi vaste et riche que fragile…

Peut-on laisser, sans écueils, un tel insidieux lieu commun continuer à persister dans l’esprit de nos citoyennes et citoyens contemporains ? Doit-on, par une telle fausse excuse, ou bien, pire, au nom d’une lamentable amnésie, contribuer ainsi à dédouaner la population algérienne de ses devoirs ancestraux et religieux vis-à-vis de son Environnement ?

Certes, d’un point de vue sémantique et idéologique, qu’elle soit science de la nature et de l’environnement, ou bien encore, une idéologie politique, voire un argument économique, l’écologie est un concept qui a vraiment vu le jour dans la partie la plus riche et industrialisée du globe. Depuis le fameux rapport du Club  de Rome  publié en  1972 , « l’Environnement naturel » n’a eut de cesse d’être le thème central de nombreuses conventions et sommets internationaux. Le développement durable devient progressivement un corollaire incontournable de l’écologie, une manière de « penser global » que l’on se doit d’appliquer à la lettre quand il s’agit d’ « agir local ». L’Agenda de notre vingtième siècle, voté par les Nations Unies, sera d’ailleurs profondément imprégné par de telles considérations.

Donner un nom nouveau aux choses anciennes   ne veut pas forcement dire inventer de nouvelles idées !

Il ne suffit pourtant pas de remonter à bien loin dans la mémoire de notre peuple, pour constater à quel point le respect de la nature, la sobriété, la responsabilité écologique, la gestion intégrée des ressources naturelles et tant d’autres valeurs inscrites au plus profond de la matrice culturelle du peuple Algérien font échos à beaucoup de ce qui est aujourd’hui considéré ailleurs comme « durable » ou bien encore « écolo ». Vous n’aurez qu’à prendre le temps d’écouter nos anciens nous raconter comment, jadis, le respect de la nature était une règle de survie évidente, une des meilleures manières d’être musulman , de vivre en société.

Il n’y a d’ailleurs pas besoin d’être un savant ouléma ou bien encore un « parfait » pratiquant de l’Islam pour être au courant des nombreuses prescriptions « écologiques » dont le Message de notre religion abonde dans sa tradition orale et écrite. L’Islam étant religion d’état dans ce pays, on devrait attendre des Algériens une sensibilité écologique profondément ancrée dans leur culture.

Rarement,  il me semble, nos ancêtres ont choisi le court terme, toujours l’équité et la solidarité comme principe de gestion des ressources naturelles ; leur régime alimentaire était frugal et très pauvre en viandes rouges ou en sucreries. Ils bâtissaient leur logis avec des matériaux locaux et pratiquaient une agriculture vivrière dont les récoltes étaient partagées avec les plus nécessiteux, solidarité musulmane oblige. Enfin, ils avaient toujours pour principe d’épargner pour les générations suivantes et, la sobriété était une des plus grandes vertus dans ce pays.

Doit-on également rappeler que ce pays a ratifié, depuis son indépendance, toutes les grandes conventions environnementales internationales ? Que l’Algérie dispose de toutes les lois nécessaires pour protéger son environnement ; au détail certes près, qu’elles souffrent la plupart du temps de défaillances dans leur application…

Ajoutez à cela un pays encore peu industrialisé, une biodiversité riche en variétés, une population jeune donc réceptive aux changements, une empreinte écologique par habitants largement en deçà de la norme dans les pays hyper industrialisés, un pays où tout reste à construire, voilà pourtant autant de facteurs que nous envierai  n’importe quelle nation développée désirant entamer une mutation écologique de son économie.

Malgré cela, le pays est devenu en l’espace d’une génération, une décharge publique à ciel ouvert, le théâtre quotidien de toutes les dégradations environnementales possibles et malheureusement imaginables en ce début de millénaire. Qui oserait dire le contraire ?

Ce n’est cependant pas par faute de culture que nous en sommes arrivés là, mais plutôt par acculturation… Les Algériens d’aujourd’hui, avant d’ignorer l’écologie des temps modernes, ont avant tout oublié leur véritable nature ancestrale !

La jeunesse algérienne, grande oubliée d’une société où elle est pourtant largement majoritaire, vit un présent qui ne lui laisse envisager son futur qu’en reniant les valeurs du passé dont elle n’a retenue que les impostures et la corruption de l’idéal révolutionnaire de leurs aînés.

Elle a grandi dans un contexte social où la nature sauvage est devenue, depuis la décennie noire, un environnement hostile et périlleux. Une zone de non droit, où tous les délits, même les plus obscurs demeurent généralement impunis. La campagne rime avec désolation, manque de confort, chômage, absence de perspectives.

Cette génération a connu un exode rural massif, qui a de ce fait entrainé une explosion de la démographie urbaine. Dans ce chaos citadin, où les bidons villes poussent bien plus vite que les forêts, la voie publique apparait être le champ d’expression idéal de toutes les frustrations d’une jeune génération vis-à-vis de la politique léthargique de leurs vieux dirigeants. L’incivisme, le vandalisme deviennent une arme de pression politique, une insoumission sans vision, un contrat social tacite entre un peuple et une nation. Pire, cela est  un moyen comme un autre de faire de très bonnes affaires louches pour toutes une catégorie d’individus aussi rusés qu’exempts de patriotisme …

Cette jeunesse, qui a largement le sentiment d’être en captivité,  trouve ainsi normal de vider les campagnes de ses oiseaux pour les mettre en cages. Dans une société algérienne où tout à présent se monnaie, la nature ne peut être considérée que comme une marchandise, une monnaie d’échange, un capital financier comme les autres. La protection et la préservation de la faune, ainsi que de la flore de notre pays, jadis si adulées par les Algériens, dérangent même à présent bien des trafics, quand ils n’en sont pas, dans le pire des cas, à l’origine.

 

Là où les programmes de sensibilisations modernes tardent encore à donner des résultats probants,  à convaincre la population du bien fondé de veiller à vivre dans un environnement sain, un travail de transmission intergénérationnel aurait été sûrement plus effectif et pertinent. Quand on voit à quel point l’artisanat, les produits des terroirs, l’arboriculture, l’élevage des chevaux barbe, les coutumes et procédés ancestraux et tant d’autres trésors de notre patrimoine culturel sont délaissés en Algérie, on ne peut que faire remarquer que cette jeunesse a été privée de ce fil d’Ariane qui lui aurait permis d’apprendre à évoluer plus vertueusement dans le labyrinte  riche en impasses, celui  de la société de consommation  industrielle : la  tradition, nature matérielle et immatérielle de notre peuple, de notre pays. 

Ainsi, les références d’éthique sociale et morale ne sont plus véhiculées au sein de la société par le biais des mêmes paraboles. Jadis, les ma3nas des « Ness Bekri », tout en poésie et en bon sens pratique. A présent les paraboles pirates d’une génération qui n’a pas d’autres perspectives que de regarder le monde seulement à travers la lorgnette des médias du monde entier. Des pays qui ont, pour la plupart des intérêts économiques en Algérie, notamment parce que notre pays préfère étrangement importer d’ailleurs des produits moins bons que ce qu’il aurait pu produire localement. Le faible attrait des jeunes pour leur culture les rend de ce fait plus perméables à celles des autres; ceux-là même qui ne voient dans la société algérienne qu'une part de marché avant toute chose. 

Amputés de leur culture ancestrale, les voilà les victimes idéales de tous les lavages de cerveaux, les propagandes synthétiques de la globalisation mercantile de ce monde. Celle qui prône la croissance continue, toujours plus énergivore et obscolescente, celle  qui a besoin de vampiriser les environnements où   elle se développe. 

Beaucoup trop d’Algériens veulent à présent vivre pour mieux consommer et non consommer pour mieux vivre, voilà la principale entrave à une culture écologique algérienne efficiente et sincère.

Mais, j’aimerais conclure sur une note d’optimisme et, comme je l’ai fait en début d’article, mettre à  mal un autre cliché récurant : tous les jeunes Algériens ne sont heureusement pas dupes du mauvais tour qu’on leur a joué… Un nombre croissant se retournent avec un grand intérêt vers leurs traditions et ce, avec un esprit moderne, libéré de tout obscurantisme fanatique. De nombreux adultes, des génération s précédentes, sont également  passé  outre cette amnésie collective  et se sont investi auprès des jeunes  afin de leur redonner le goût des valeurs anciennes, notamment en matière de respect de l'environnement.

A vrai dire, ceux qui pensent que l’écologie n’est pas un sujet qui touche la société en Algérie ont presque  un train de retard… Et sans cette matrice culturelle ancestrale, ceux qui voudront faire de l’écologie en Algérie en auront également un aussi...Il ne faut point en douter!

 

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