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Nouara Algérie

ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )

« Maghreb- La guerre de l’eau n’aura-t-elle vraiment pas lieu ? » Par Karim Tedjani

 

 

                            http://www.lemag.ma/photo/art/default/5274554-7871222.jpg?v=1362045425

                            La pénurie d'eau menace tous les pays du Maghreb... 

 

Des millions de Maghrébins vivent et vivront   largement en dessous de la norme mondiale de quantité d’eau par an et par habitants.

Quand on sait que cette substance, de plus en plus rare à travers le monde, est présente dans tous ce qui peut se produire ou se consommer sur la planète, que notre propre corps est constitué essentiellement d’eau et que tout ce qui vit sur Terre ne doit la pérennité de son existence qu’à l’ultime condition de pouvoir en disposer en quantité régulière et suffisante, il est facile de réaliser à quel point le développement des pays du Maghreb est intimement lié à leur capacité à relever ou non  le défi millénaire de l’eau. C'est un facteur de tensions à venir comme cela devrait être dès aujourd'hui une formidable opportunité de poser les bases d'une  véritable union intermaghrébine.  

L’eau potable fait de plus en plus défaut à une région du monde qui accuse des taux de croissances démographiques records et  dont la jeune  population aspire à vivre massivement selons les canons des riches sociétés industrielles. ce qui demande et demandera toujours plus d'eau. 

Face à ce défi commun, les pays du Maghreb n’ont pas vraiment de stratégie commune bien que, comme pour le cas de la nappe de l’Albien, l’Algérie, la Tunisie, ainsi que  la Lybie doivent se partager cette immense ressource aquifère.

Il faut dire que si la problématique est la même pour toutes ces nations, leurs contextes  sont diffèrents et, par systèmie, les stratégies mises en place également.

Prenons par exemple le cas de la Tunisie et du Maroc. Si la dernière est un peu plus favorisée par la pluviométrie que la première, la pression exercée par le tourisme de masse a été telle dans ces deux pays que, combinée à des pratiques agricoles d’irrigations longtemps inadaptées aux climats arides et semi arides, elle a obligé leurs dirigeants à faire le choix cornélien entre ces deux secteurs pourtant tous les deux vitaux pour leurs économies.

La Tunisie, par exemple, à dû sacrifier une bonne partie de son agriculture pour continuer d’arroser les golfes et les piscines mis à la disposition des millions de touristes étrangers qui consomment durant leur séjour jusqu’à trois fois la  moyenne mondiale de quantité  d’eau par habitant par jour. Un véritable hold-up hydrique !

Des mesures semblent avoir été mises en place dans ces deux pays pour endiguer cette pression du stress hydrique sur leurs économies respectives. Notamment, comme au Maroc,  en matière d’irrigation, de construction de barrages hydrauliques et même de récupération de l'eau de pluie.

Il faut dire qu’effectivement, la guerre de l’eau, dans nos pays, est un combat qui se gagnera en  grande partie à coup de goutte à goutte  et de cultures peu hydrovores car  l’agriculture est de loin le secteur qui consomme actuellement  le plus d’eau à travers le monde.

 

L’Algérie, elle aussi est très touchée par le manque d’eau, bien qu’elle n’ait plus de véritable industrie diversifiée , ni encore développé de tourisme de masse et que son agriculture ne soit pas vraiment développée !

Ce pays, riche de ses rentes pétrolières et gazières, a bien mené une politique notamment de construction de grands barrages , de complexes de dessalement de l’eau de mer et bientôt de grands transferts aquifères qui ont déjà fait de cette nation la référence officielle en Afrique en matière de lutte contre la pénurie d’eau. De plus, ce pays est géographiquement  le plus favorisé des trois nations pouvant s’approvisionner dans la nappe albienne du Sahara.

Certes, mais, sur le terrain, loin des statistiques enthousiastes sur le taux de remplissages de nos barrages, des millions d’Algériens subissent encore de trop récurrentes coupures d’eau. Elles sont parfois longues et souvent incitent au fond les consommateurs à tous les excès compulsifs. Certains agriculteurs, n’ont pas d’autres choix que d’irriguer leurs cultures avec des eaux usées ou en pompant l’eau de zones humides pourtant protégées comme à Guerbes Sanhadja dans la wilaya de Skikda, par exemple. La qualité gustative de l’eau du robinet n’est pas engageante, beaucoup d’Algériens la boudent au profit d’eaux minérales en bouteilles ; dont le plastique a envahi tout le territoire, jusque dans le Sahara et la Méditerranée.

La Lybie le pays du Maghreb le plus défavorisé par la nature en matière de pluviométrie. De plus, elle  ne peut se reposer sur toutes les zones humides dont disposent les territoires de ses voisins Maghrébins. Seule la nappe albienne, une nappe fossile, donc difficilement renouvelable, est à la portée de la Lybie pour se développer. Par contre, à défaut de liquide bleu, le pays dispose de beaucoup de pétrole, d’or et de liquidités. Au point de se lancer dans l’entreprise de transfert aquifère reconnue par un grand nombre d’experts internationaux comme des  une des plus irrationnelles. En relevant le défi de transporter à travers des centaines de kilomètres l’eau du Sahara vers les zones habitées, la Lybie s’applique  à produire une des eaux les plus chères et moins rentable de cette partie du monde!

L’Algérie et la Lybie ont le pétrole et la nappe de l’Albien en commun. Ces deux ressources ne sont pas renouvelables, la première consomme beaucoup d’eau, la seconde n’est pas une source aquifère intarissable. Ces deux pays partagent aussi le fait qu’ils ont les moyens de concrétiser les idées les plus folles ou insensées ; d’autres diront  les plus irresponsables…

La grande rivière verte libyenne ou le choix algérien et tunisien d’utiliser massivement la fracturation hydraulique horizontale auront d’énormes impacts sur les réserves d’eaux fossiles disponibles dans le Sahara. A force de retenir l’eau dans les barrages, de détourner les oueds ou bien de ne pas coordonner leurs stratégies, de grands bouleversements des cycles de l’eau et des environnements sont inévitables dans cette partie du globe interconnecté par un réseau de nappes et de fleuves communs. 

Pour l’instant, dans ces pays, comme dans  beaucoup de pays en voie de développement, la première victime au quotidien de cette pénurie croissante est  encore malheureusement le consommateur. Si de véritables efforts ont été effectués en zone urbaine pour palier à ces pénuries, dans les douars maghrébins , la situation reste encore à la limite du dramatique. Pourtant, même dans une économie développée, la consommation domestique ne pèse jamais très lourd dans la balance. Pourquoi fait-on souvent le choix de pénaliser ceux et celles qui, au fond, sont censé consommer le moins d’eau  dans un système hydraulique bien pensé et entretenu ?

Tous les experts s’accordent à dire depuis au moins deux décennies que le problème de l’eau au Maghreb est un problème  avant tout de gestion et non de pluviomètrie, pas seulement une affaire  d’infrastructures, mais aussi de bon sens. 

Un grand barrage très envasé ou pollué, même plein ne sert à rien. Sa présence augmente le taux d’humidité des climats environnants et bouleverse les écosystèmes locaux. Il faut aussi réaliser que toute cette eau stockée, ne retourne pas à la mer et ne s’infiltrera pas dans les sols.

Dessaler l'eau de mer est un luxe reservés aux pays riches en devises et en énergies fossiles tant c'est une entreprise  hautement énergivore et coûteuse. Les impacts environnementaux du rejet des saumures dans la mer ne sont pas totalement dénués d'impacts  sur l'environnement marin et côtier. 

Et puis, il y a également la défaillance  des réseaux domestiques, les fuites  persistantes qu'elles entrainent, l’évaporation de l’eau  dans les canalisations et par irrigation à cause du climat , la pollution des cours d’eau, la disparition des couverts végétaux qui favorisaient jusque là la bonne transpiration et le maintien dans les sols de l’eau, les mauvais comportements des consommateurs; tout cela produit gâchis et « pertes sèches » en eau.

Pourtant il semblerait que ces aspects ne soient pas assez développés dans les stratégies des pays Maghrébins pour lutter contre la sécheresse. Certes, ces champs d’actions sont rarement dignes de faire du sensationnel dans l’instant, ce sont pourtant des mesures de fond, efficaces sur le long et moyen terme.

Le Maghreb sera une communauté de l’eau ou ne sera pas . De même que celle de l’Europe fut d’abord celle de l’Acier. Tout le développement de cette région du monde dépend et dépendra de plus en plus de cette substance. Chaque pays a développées des stratégies dans ce domaine plus ou moins pertinentes et doit partager ses succès en la matière; réaliser que les échecs de ses voisins auront forcement un jour où l’autre une incidence sur ses ressources aquifères. Pour relever le défi de l'eau, il faudra  continuer de prendre des mesures certes économiques, mais elles doivent également s'accomppagner de mutations sociales. 

Sans cela, dès 2020, Dead line prophétisée par de nombreux  experts, la pénurie de l’eau sera le facteur déclencheur numéro un des tensions entre les pays du Maghreb alors que c’est un combat qui devrait dès à présent les réunir.

 

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