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Nouara Algérie

ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )

"Traiter les déchets c'est bien, en produire moins c'est encore mieux..." par Karim Tedjani

 

 

Un secteur forcement porteur

De nos jours le traitement  ainsi que la mise en valeur des déchets domestiques sont des secteurs d'activités de plus en plus mis en avant par le ministère de la PME et de l'Investissement en Algérie. Ils sont considérés par ce dernier comme étant porteurs de créations d'emplois et donc de richesses. De nombreuses PME et micro entreprises qui développent ce type d'activité ont déjà été crées dans ce pays et, le gouvernement algérien a mis en place un "couloir vert" au sein de son organisme d'aide au financement de l'entreprenariat, l'ANSEJ, favorisant l'émergence de telles entreprises.

Il faut dire que l'Algérie moderne, celle qui importe largement plus qu'elle ne produit , est une grande consommatrice de produits de consommation de masse provenant essentiellement de la communauté européenne; au point que , ces dernières années, personne ne peut ignorer les monticules de déchets en tous genre qui ont envahis la voie publique ainsi que les campagnes de ce pays. Cette recrudescence a des impacts négatifs dans des domaines tels que le tourisme, la biodiversité, l'agriculture et l'élevage de même que sur  la santé publique.

 

Les victimes collatérales de la pollution sont nombreuses en Algérie

 En effet, combien de sites naturels, qui ont fait jadis la fierté de ce pays, ont-ils été défigurés par des tonnes de déchets jettés sans vergogne par des millions de consommateurs souvent ignorants des conséquences de leur incivisme quotidien? Prenons l'exemple de la zone côtière de Bejaïa qui est devenue au fil du temps une "zone sinistrée" d'un point de vue environnemental alors que c'est un des fleurons du tourisme algérien. A Hadjar el Dis, dans la wilaya d’Annaba, une décharge publique cause de nombreuses atteintes à la santé des riverains notamment à cause du fait que les déchets  y sont brûlés à l'air libre, diffusant dans l'atmosphère une quantité inquiétante de substances toxiques. D'ailleurs, un peu partout sur le territoire, les citoyens et les citoyennes de ce pays n'ont d'autre solution que de brûler leurs déchets pour éviter qu'ils ne s'accumulent sur la voie publique et ne pourrissent à l'air libre, surtout en période de grandes chaleurs. Mais, cela revient à passer de Charybde à Scylla puisque, répétons-le, les substances dégagées par ces feux sont très nocives pour la santé d'une population qui ne semble pas s'en soucier comme, d'ailleurs certains responsables politiques qui ne sanctionnent pas ce genre de procédé et, surtout ne proposent pas à leur concitoyens des solutions de rechange viables.

Que dire des animaux sauvages qui ont été "corrompus " par la présence de décharges à l'air libre? Prenons l'exemple de celle de Ibn Ziad ou bien encore celle de Ben Badis, dans la wilaya de Constantine, qui sont devenus de véritables centres d'empoisonnement pour de nombreux oiseaux et mammifères dont l'aspect fait peine à voir depuis qu'ils gravitent autour de ces montagnes d'ordures. Ces décharges publiques ou sauvages ont une influence très néfaste sur les comportements de ces animaux qui perdent une part de leur caractère sauvage et ne jouent plus, dans certains cas, leur rôle dans le réseau trophique de l'écosystème dont ils font partie. A Oran, on parle de plus de 200 000 oiseaux morts à cause d'une immense décharge située dans une zone humide. Les animaux domestiques n'échappent d'ailleurs pas à ce fléau; dans ma région de cœur, Guerbes (wilaya de Skikda), mes amis éleveurs constatent régulièrement que l'estomac des bêtes malades qui meurent de plus en plus souvent, est infesté de sacs plastiques. Les liquides produits par la putréfaction des déchets sont souvent peu traités et s'infiltrent dans le sol au risque de contaminer de nombreuses nappes phréatiques souterraines, ce qui est met, à long terme, en péril l'intégrité des sols et donc menace l'agriculture. La mauvaise gestion du problème des déchets a des répercutions sur la santé publique de manière directe et indirecte qu'il serait mal approprié de nier.

Tous ces dégâts collatéraux ont un coût pour l'économie nationale et entravent le développement vertueux d'un pays qui est censé être un des leaders africain en matière d'environnement, ne serait-ce qu'au regard des nombreuses conventions internationales que ces dirigeants ont signé depuis la fin des années soixante-dix ainsi que l'impressionnant "arsenal" juridique dont dispose cette jeune nation pour veiller à l'intégrité de son environnement. Bref, comment ne pas se féliciter de toutes les initiatives prises par la société civile ainsi que les organismes étatiques afin d'endiguer ce fléau et, notamment le développement du recyclage et de la mise en valeur des déchets domestiques?

 

On peut aussi...

Il serait cependant aussi judicieux de considérer comme des options pertinentes, la diminution des emballages, la taxation effective (car si elle existe légalement, elle est peu appliquée dans la réalité) des entreprises qui persistent à emballer leurs produits avec des matériaux non biodégradables et, surtout à diminuer la quantité de ces derniers dans leurs packaging. Ne dit-on pas qu'il faut toujours soigner le mal à sa source?

De nombreuses technologies ont été développées dans le secteur de l'emballage et, elles tardent à être utilisées par les industriels algériens et étrangers qui, il faut le reconnaitre, devront ainsi investir beaucoup d'argent pour que ces éco emballages deviennent la norme pour conditionner les produits qu'ils vendent à une société algérienne qui est une des plus grandes consommatrices d'Afrique. Le problème, c'est que pour l'instant, l'éco-emballage n'est pas un critère de choix pour les consommateurs et consommatrices algériens qui ne sont pas assez sensibilisés à ce propos.

Plus efficace parfois que la pénalisation, l'incitation fiscale doit être encore plus développée afin que les sociétés qui choisissent ou choisiront l'option salutaire de la diminution ainsi que celle de la mutation "verte" de leur emballages soient encouragées. Les consommateurs eux aussi doivent reprendre de bonnes vieilles habitudes comme celles du panier de commissions et refuser les sacs plastiques que les commerçants leur proposent souvent inutilement. Enfin, beaucoup d'associations de consommateurs se plaignent du manque de sérieux de la campagne mise en place contre les sacs plastiques noirs. Souvent ils sont remplacés par l'utilisation de sacs de couleurs qui ne sont pas moins ou très peu toxiques et bio dégradables.

Les bouteilles en verre consignées doivent redevenir la norme en Algérie, cela limiterait sérieusement la quantité astronomique de bouteilles en plastiques qui ont envahi nos plages, nos plaines, nos montagnes, nos dunes, nos oueds et nos si fragiles forêts et mettront des siècles à se désagréger.

Enfin, la vente en vrac de produits tels que les pâtes, le riz, le café, la farine etc...Doivent être remis au goût du jour en permettant au consommateur qui amène ses propres contenants de faire de sérieuses économies. C'est souvent au portefeuille du consommateur qu'il faut s'adresser s'il on veut vraiment se faire entendre et donc obtenir des résultats. La mutation "verte" des emballages, la gestion des consignes, sont elles aussi sources d'emplois et de formations durables.

 

Le traitement des déchets n'est que la face apparente de l'Iceberg

Nous l'avons dit  précédemment, la prolifération des déchets en Algérie menace de nombreux secteurs d'activités qui risquent d'être vitaux pour l'économie d'une Algérie post-pétrolière qui se profile dans un avenir qui n'est pas si lointain. En effet, comment développer le tourisme quand nos paysages sont défigurés par des monticules d'ordures? Comment assurer notre nécessaire indépendance alimentaire quand l'Agriculture et l'Elevage pâtissent régulièrement de la présence de décharges publiques et sauvages?

J'aimerais aussi évoquer le fait que certaines micro entreprises de collecte des déchets domestiques, comme à Oued Znati (wilaya de Guelma) n'hésitent pas à solliciter de jeunes enfants pour récupérer des déchets sans se soucier des risques sanitaires qu'encourent ces gamins et ces gamines moyennant un peu d'argent de poche....

 Le recyclage et la mise en valeur des déchets en Algérie sont certes des solutions inévitables, mais, et je suis persuadé de n'être pas le seul à penser ainsi dans ce pays, elles doivent être considérées comme transitoires.

 

"Prévenir vaut mieux que guérir", une tradition ancestrale  qui  tend à se perdre en Algérie 

La diminution des déchets domestiques non biodégradables est sans l'ombre d'un doute la manière la plus vertueuse et logique de régler le problème de leur prolifération. Pour ce qui est des déchets industriels et médicaux, le sujet est beaucoup plus complexe et ardu à traiter, je n'ai pas voulu l'évoquer pour l'instant car je pense qu'il nécessite une étude beaucoup plus approfondie.

Ajoutons que dans la tradition algérienne, celle des anciens, la médecine était basée sur de nombreux remèdes consommés quotidiennement non pour se guérir d'une maladie, mais pour éviter qu'elle n'apparaisse un jour. Je pense que c'est une des clefs du problème des déchets en Algérie qui ne doit pas se limiter à faire appel aux étrangers qui leur proposent des solutions à un problème dont ils sont largement responsables.

Pourquoi un même produit vendu en Europe avec un éco-emballage n'est-il pas ainsi conditionné en Algérie? Si c'est une question de coût, cela reviendrait à dire que la santé des algériens n'a pas la même valeur que celle de leurs voisins résidents outre-mer...

 

K.T

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