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Nouara Algérie

ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )

"L'écologie à pas forcés" par Natura Vox

 

NaturaVox : partager pour préserver


Article publié le 28 août 2008

Depuis que le pétrole flambe, puis rebaisse - mais pas trop quand même, que l’on trouve la vie chère, qu’on se rue pour acheter son fioul en avance… je me marre. Oui, je rigole, mes zygomatiques fonctionnent très bien et c’est comme si j’assistais parfois à un film muet avec un Charlot s’activant en vain. Vous savez, ces films où tout va presque trop vite, où l’on ne voit pas très bien mais tout est too much, et l’on sourit. Ben là, c’est pareil. Mais ce n’est pas un film, bien sûr…

Depuis quelques temps je me dis aussi qu’il ne sert à rien de vouloir sauver le monde car la majorité de la population ne demande pas à changer… Pour la voir changer, le mieux est d’observer l’effet-prix en action et là, c’est radical. Et voilà pourquoi je me marre, de voir les reportages, articles, où l’on découvre qu’il est bien d’économiser le pétrole et covoiturer, qu’il existe des producteurs locaux, qu’habiter à la campagne n’est pas forcément “logique”, etc. Drôle de monde…

Le 19 juin dernier, Courrier International sortait un numéro entier sur “ce monde qui vient” (à l’heure où le pétrole coûtera 200 dollars). L’éditorial de Philippe Thureau-Dangin rappelait qu’en France, “un pays qui entre toujours très tard en récession et qui en ressort aussi très tard, on n’a encore rien vu, ou si peu. Seuls ceux qui travaillent directement avec du gazole ou du kérosène, taxis, routiers, pêcheurs et compagnies aériennes, ont pris de plein fouet les hausses actuelles. Tous les autres voient bien que le prix des pâtes a augmenté, mais cela n’est rien comparé à ce qui nous attend. Car, quelles que soient l’ampleur de la crise et la réponse que les Etats et les banques centrales lui apporteront, on sent, comme l’explique le magazine Newsweek, que l’on change d’ère“… évoquant les “profondes mutations” à venir “dans le monde des transports, par des relocalisations d’activités, par le creusement d’inégalités entre les nations, mais aussi entre les couches sociales…

Explosion des coûts du transport oblige (surcoûts pouvant atteindre 9 à 15%), les transactions commerciales vont se faire plus rugueuses, les délocalisations ralentir, nos modes de consommation se modifier. Citant l’historien Fernand ­Braudel pour qui l’espace est notre “ennemi numéro un”, Nayan Chanda du Business World rappelait à raison que “la capacité de l’homme à conquérir son environnement physique a façonné le long processus de la mondialisation. Cela a commencé avec la domestication des chameaux et la maîtrise des vents marins. Puis l’homme a rétréci le monde en utilisant l’énergie solaire enfouie sous terre sous forme de minerai de charbon ou de pétrole. Les océans sont devenus des autoroutes empruntées par d’immenses porte-conteneurs embarquant l’équivalent d’un convoi de camions de plus de 30 kilomètres. L’augmentation des capacités de transport et la baisse de ses coûts ont effectivement fait reculer la barrière des distances. Aujourd’hui, presque tous les produits sont composés d’éléments qui ont parcouru des milliers de kilomètres avant de parvenir jusqu’au consommateur. Même les poulets et les poissons surgelés en Europe ou aux Etats-Unis passent par la Chine pour être découpés en filets avant de revenir, emballés dans de la Cellophane, dans les rayons de nos supermarchés. Mais à l’heure où le fret devient plus cher, les entreprises vont devoir faire davantage attention aux distances qui séparent l’usine du magasin.” Et tout cela, naturellement, est au reflet de notre société dont le fonctionnement repose sur le pétrole et les énergies fossiles !

Au delà du transport de marchandises, qui assurément remettra au goût du jour les productions nationales, le tourisme pâtira aussi durablement de la hausse : “ces six derniers mois, 24 compagnies aériennes ont disparu. Et l’International Air Transport Association (IATA) prévoit une perte de 2,3 milliards de dollars [1,5 milliard d’euros] pour toute l’industrie en 2008, si le prix annuel moyen du baril de Brent s’élève à 106,50 dollars [68,80 euros]“, rappelle Daniel Eskenazi dans un des articles du CI. Certains réduisent le poids de la vaisselle des premières classes, d’autres suppriment certains vols d’hiver, taxent les bagages… “Même l’irlandaise Ryanair, la compagnie la plus profitable du monde, estime qu’elle pourrait finir l’année dans le rouge si le prix du pétrole ne diminue pas. Michael O’Leary, son patron, envisage d’immobiliser jusqu’à 10 % de sa flotte durant l’hiver.” En tout, une cinquantaine de compagnies sont menacées en Europe et ne devraient survivre en Europe que British Airways, Air France-KLM, Lufthansa, Ryanair et EasyJet, … Et d’ici l’arrivée de solutions alternatives, nous avons au moins 20 ans.

Autre élément intéressant : aux Etats-Unis, il se vend 8 fois plus de Pryus que de 4X4 Hummer aujourd’hui. Pour le patron de Général Motors d’ailleurs, “les prix élevés du pétrole modifient le comportement des consommateurs à un rythme rapide […], et nous pensons que cette tendance n’est pas temporaire”. Sans blague !

 


L’inquiétude, ce sont les conflits… Là encore, je cite un article de Michael L. Ross (du Foreign Affairs) traduit par CI :

Le nombre de conflits liés aux pays producteurs est voué à augmenter, la prodigieuse hausse des prix du brut poussant davantage d’Etats en développement à produire du pétrole et du gaz. Plus d’une dizaine de pays en Afrique, sur la Caspienne et en Asie du Sud-Est sont récemment devenus, ou vont bientôt devenir, des exportateurs importants. Quelques-uns d’entre eux, comme le Tchad, le Timor-Oriental et la Birmanie, ont déjà connu des conflits civils. La plupart des autres sont pauvres, non démocratiques et mal gouvernés, et sont par conséquent particulièrement susceptibles de basculer dans la violence. Enfin, les prix record du secteur représentent une aubaine économique qui a souvent tendance à entraîner de nouveaux trouble

L’exploitation du pétrole peut susciter des conflits de trois manières. Elle peut d’abord créer une instabilité économique, source de troubles politiques. Ensuite, les revenus servent souvent à financer des mouvements insurrectionnels, puisqu’il est relativement facile de trouver des fonds dans un pays possédant des hydrocarbures. Les rebelles peuvent voler des stocks et les revendre sur le marché noir (c’est le cas en Irak et au ­Nigeria), extorquer de l’argent aux compagnies pétrolières situées dans des régions isolées (comme en Colombie et au Soudan) ou encore trouver des partenaires commerciaux prêts à les soutenir financièrement en échange de leur future bienveillance au cas où ils parviendraient au pouvoir (Guinée-Equatoriale et république démocratique du Congo). Enfin, l’exploitation pétrolière encourage les mouvements séparatistes. Les ressources pétrolières ou gazières d’un pays sont généralement localisées dans des enclaves économiques qui fournissent une grande partie des revenus de l’Etat central, mais où les habitants ont du mal à trouver un emploi et subissent les conséquences néfastes de cette activité, comme la perte de leurs droits de propriété et des dommages environnementaux. Pour rétablir une forme d’équilibre, certains habitants demandent donc l’autonomie, comme dans les régions pétrolifères de Bolivie, d’Indonésie, d’Iran, d’Irak, du Nigeria ou du Soudan.

Cela ne signifie pas que le pétrole est l’unique cause de ces conflits. Mais son exploitation exacerbe des tensions latentes et donne aux gouvernements ainsi qu’à leurs opposants les moyens les plus virulents de s’affronter. La meilleure solution consisterait pour les pays riches à réduire considérablement leur consommation de pétrole et de gaz afin d’inciter les pays en développement à trouver un chemin plus viable pour sortir de la pauvreté. Mais, compte tenu de l’extrême dépendance des économies occidentales vis-à-vis de l’énergie fossile et de la demande croissante de l’Inde et de la Chine, même un changement de cap radical ne ferait pas évoluer la situation avant plusieurs dizaines d’années.

En somme, “nous ne sommes pas encore rendus” comme dirait l’autre ! Les écolos avaient beau faire leur Cassandre, ils étaient inentendables. A l’image d’une mère disant à son fils “attention, si tu continues à jouer avec le feu tu vas te brûler”. L’enfant n’écoutant pas bien sûr puis se brûlant au final et se rendant compte qu’en effet, maman avant raison… Maintenant, on leur donne raison, aux écolos, indirectement, sans trop le reconnaître car on sent le business, puis les écolos ils sont un peu lourds car moralisateurs et catastrophistes, n’est-ce pas… Ils ont été entendu a posteriori mais on arrête de les écouter maintenant. Il y a affaire… Et c’est pourquoi tout le monde a “soi-disant” compris le message, mais qu’il manque encore quelque chose. Ben oui, comme le rappelle Philippe Thureau-Dangin, “en matière d’économie, une décision ou deux – aussi judicieuses soient-elles – ne suffisent pas toujours à inverser une tendance de fond“…

Alors que nous sommes au début d’une nouvelle ère, que l’écologie et le DD sont à la mode depuis deux ans et que jamais autant de business verts sont apparus, il nous manque les vrais changements, digne de ceux promus via l’écologie politique. Il manque une véritable force politique qui comprenne les enjeux, les intègre avant de faciliter et anticiper les changements. Regardez les pêcheurs. Qu’a fait le gouvernement ? A-t-il appliqué ce qu’il a du entendre comme recommandations à ce sujet durant le Grenelle ? Regardons la hausse des prix, que peut-on faire dans un système politique ET économique qui change pas de paradigme ? Qui ne revoit pas son fonctionnement ? Qui ne s’interroge pas plus ?

La question est donc de savoir si nous sommes capables de vraiment nous interroger. Et surtout : devrons-nous attendre 30 ans encore avant que les politiques intègrent les préceptes de l’écologie politique ? Parfois cela me fait peur et je ne rigole plus du tout pour le coup…

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