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Nouara Algérie

ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )

Développement du monde rural Des acquis et de nouveaux besoins

Il se trouve que dans les chamboulements économiques et sociaux vécus par la campagne algérienne, la notion même de ruralité est sujette à controverse.

Par DDK | 31 Janvier 2016 

Les analystes de la sociologie rurale algérienne font remonter les derniers actes de l’ancienne civilisation rurale au tout début des années soixante-dix du siècle dernier.

Ce furent les vestiges d’un mouvement descendant ayant été enclenché avec l’ouverture des horizons du salariat, de fragmentation du tissu social et de la déstructuration de la cellule familiale. Avec la montée en puissance de la rente pétrolière ayant favorisé encore davantage le développement effréné du salariat et le soutien des prix de produits -importés- jugés de première nécessité, l’acteur du monde rural -artisan, fermier, conducteur de verger, foreur de puits,…-, s’éclipse pour mourir en silence.

On l’a forcé à venir s’approvisionner en produits soutenus en ville dans le ‘’Souk El-Fellah’’ lequel, ô comble d’hérésie, n’est pas alimenté par le fellah mais alimente ce dernier comme l’a décidé l’Etat hégémonique de l’époque.

On voudrait instaurer une concurrence déloyale à l’acteur du monde rural, l’on ne s’y prendrait pas autrement. Mieux, cela se fit avec l’argent du pétrole, supposé appartenir à la collectivité nationale et servir au développement du pays. Quelques années plus tard, l’ouverture économique aidant, l’Algérie se verra dans la position d’importateur non seulement des produits industriels (pièces détachées, produits finis, semi-finis), des produits pharmaceutiques et de l’alimentation, mais aussi des produits artisanaux chinois, de la figue séchée et des abricots confits par des femmes montagnardes de Turquie.

Il est évident que toute la politique du développement touristique, telle que chantée sur tous les toits depuis des années, ne peut pourtant prendre nul envol si les produits du terroir d’Algérie (articles d’artisanat, produits alimentaires locaux ayant subi un traitement ‘’agroalimentaire’’ local) ne sont pas réhabilités, valorisés et promus.

La campagne et l’agriculture algériennes avaient bénéficié d’une attention inversement proportionnelle à celle des recettes pétrolières qui ont fini par installer la mentalité rentière dans notre pays. Les bouleversements ont touché aussi bien les populations que les territoires.

Le dernier recensement de la population et de l’habitat effectué 2008 donne en tout cas des chiffres assommants en matière d’occupation de l’espace algérien. Plus des deux tiers des Algériens habitent les zones urbaines. Les statistiques du ministère de l’Agriculture signalent un chiffre de 13 millions d’habitants en milieu rural au milieu des années 2000. Il se trouve que dans les chamboulements économiques et sociaux vécus par la campagne algérienne, la notion même de ruralité est sujette à controverse.

En effet, dans une situation où les métiers ruraux, -et principalement l’artisanat- se meurent, où le salariat et l’économie informelle prédominent chez la population occupée, où le chômage est la situation la mieux partagée et où les activités agricoles sont réduites à la portion congrue, il y a lieu de redéfinir la notion de monde rural et de lui imaginer les modèles de développement qui prennent en compte toutes ces contraintes. Depuis le début du nouveau siècle, les autorités du pays ont donné des signes d’un intérêt particulier pour le développement de la campagne algérienne, et ce, en dehors ou plutôt en complément de la politique agricole générale du pays.

Nouvel intérêt pour le monde rural

Conscient du caractère dramatique des conséquences du nouvel exode rural généré par la décennie de terrorisme, le gouvernement a ainsi initié, depuis 2002, un certain nombre de mesures et de dispositifs connus sous le nom de politique de développement rural.

Elle est initiée et conduite dans le but de permettre le retour des populations vers leurs bourgades d’origine, où elles pourront vivre décemment, loin de l’humiliation des favelas entourant les grandes villes.

Elle est aussi initiée dans le but de desserrer l’étau sur les villes algériennes dont la taille, l’organisation et le développement ne permettent guère d’abriter et de nourrir correctement tous leurs habitants.

Les résultats de l’ensemble des dispositifs de soutien mobilisés pour la campagne algérienne ne peuvent être quantifiés et jugés dans l’immédiat. Les effets attendus, à savoir le relèvement du niveau de vie, la création d’emploi et la revitalisation des espaces affectés par l’exode des populations et l’érosion des sols, ne pourront être évalués que d’ici quelques années même si des signes positifs et des résultats partiels sont déjà là.

Beaucoup de postes d’emploi ont été créés suite au soutien consenti à l’agriculture et à l’élevage, et suite aussi à la réhabilitation de l’espace rural par l’installation d’infrastructures et équipements publics (gaz, AEP, routes, centres de santé, construction de demeures rurales…). La nouvelle philosophie du développement des espaces ruraux interpelle imparablement l’ensemble de la société avec, bien entendu, le monde associatif, les élites scientifiques et les élus, pour faire prévaloir une nouvelle culture bâtie sur un cadre de vie sain, un aménagement du territoire basé sur l’équilibre physique et biologique des ressources et qui intègre dans son schéma la gestion harmonieuse de l’espace, où la ville et la campagne pourront prétendre à cette complémentarité nécessaire qui fait le territoire global.

La stratégie gouvernementale en direction des zones rurale a pris le nom de Renouveau rural dès 2007. Cet axe de la politique du secteur de l'Agriculture cible les terres difficiles d’accès, grevées par l’indivision et le démembrement, où les infrastructures et les équipements sont déficitaires. Il s’ensuit que, pour ce volet, les actions ne peuvent pas se limiter au secteur agricole stricto sensu, mais s’étendent à tous les secteurs censés aménager le territoire, installer les commodités de vie et créer de l’emploi. Il s’agit aussi de fédérer les énergies et les initiatives autour des produits du terroir (qu’ils soient agricoles ou d’artisanat), en se basant sur le savoir-faire ancestral et les valeurs d’équilibre entre l’homme et son milieu.

Une stratégie d’intervention qui s'appuie sur les projets de proximité

Pour mettre en pratique sur le terrain les contenus des projets de proximité de développement rural intégré (PPDRI), les structures du ministère de tutelle chargées de la mise en œuvre de ce programme dans les différentes wilayas du pays, ont, juste après la signature des contrats de performance en janvier 2009 entre les wilayas et le ministère de l’Agriculture, entamé les procédures d’acquisition de 10 000 unités d’élevage, unités où figurent le petit élevage familial (lapin domestique, apiculture), et les élevages ovins et bovins. Ce volet du programme du renouveau rural est confié aux conservations des forêts des wilayas, lesquelles ont déjà eu à piloter les premiers projets de proximité à partir de 2003.

Les résultats forts intéressants obtenus avec ces premiers projets, particulièrement l’initiation d’un mouvement de retour des populations expatriées dans les villes vers leurs hameaux d’origine, et qui ont impliqué plusieurs secteurs d’activité (agriculture, santé, éducation, travaux publics, APC, hydraulique,…) ont suscité de telles nouvelles attentes dans le monde rural que les pouvoirs publics ont fini par prolonger et affiner la démarche dans la nouvelle typologie des PPDRI.

Ces derniers se sont diversifiés au point d’être greffés à tous les anciens programmes (protection des bassins versants de barrages, lutte contre la désertification, préservation des ressources naturelles,…). À ces projets de proximité s'est greffé le programme de l'habit rural qui a donné un peu plus de vitalité à la stratégie de l'Etat.

Presque tous les villages d'Algérie sont touchés par ce programme. En Kabylie, se sont des milliers de ménages qui, par l'intermédiaire du programme de l'habitat rural, se sont réinstallés après un long "exil" dans les grandes villes du pays, d'où la valeur inédite prise par le foncier actuellement dans les zones rurales. La plupart des citoyens habitant ces zones, particulièrement ceux qui n'ont pas encore pu bénéficier des projets lancés par l'Etat, sont aujourd'hui quelque peu inquiets suite aux différentes rumeurs qui circulent à propos d'éventuelles annulations de programmes suite à la politique d'austérité initiée par le gouvernement à partir du début de l'année en cours. 

Amar Naït Messaoud


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