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Nouara Algérie

ECOLOGIE ET ENVIRONNEMENT EN ALGERIE (Une revue de web de plus de 4500 articles )

Gestion des déchets en Algérie : Pourquoi  il est vital de préférer la politique de la prévention à celle de l’urgence...

 

 

En Algérie, la priorité écologique officielle est la gestion des déchets. Non qu’elle soit la seule problématique de ce type à gérer de toute urgence. Cependant, ce secteur impacte quasiment tous les domaines les plus essentiels de notre environnement. Il est donc légitime de le considérer comme une prérogative de premier ordre... 

Qu’en est-il donc de notre politique nationale pour ce secteur? Ne sommes-nous pas en train de focaliser seulement sur l’urgence présente, sans nous préoccuper des mesures les plus efficaces et durables à entreprendre ? Quelles sont les limites et contraintes de tous les procédés d’élimination existants ? Ne faut-il pas s’engager plutôt dans une approche plus stratégique du problème ? Celle de la prévention...

Un plan plus ambitieux que réaliste...

Depuis 2001, en ce qui concerne la gestion des déchets, outre de nombreuses lois, l’Etat algérien a créé plusieurs outils institutionnels : une Agence Nationale des Déchets, un Centre National des Technologies plus Propres, l'Observatoire National de l’Environnement, ainsi qu’un Centre National des Formations à l’Environnement. Suite au Plan d’Action pour l’Environnement et le Développement Durable, notre pays s’est également doté de deux programmes visant une gestion intégrée de ce secteur : Le « Progdem », relatif aux déchets solides municipaux, ainsi que le « Pnagdes », plan national pour les déchets spéciaux.

Ainsi sur le site de l’AND on apprend que « 135 centres d’enfouissement techniques sont réalisés ou en cours de réalisation ». Des schémas directeurs ont été envisagés pour la gestion des déchets municipaux». Les grandes décharges publiques ont été éradiquées ou sont en cours de réhabilitation, nous dit-on. « Les pouvoirs publics incitent au tri et au recyclage via des actions pilotes de gestion des déchets à la source ». « Des unités de tri et de déchetteries ont été réalisées. », enfin « un système public de reprise et de traitement des déchets d’emballages (Eco-Jem) a été instauré » (toujours selon l'AND) 

L’Algérie ne semble-t-elle pas ainsi aborder ce problème en faisant de l’élimination la priorité ? Les annonces concernant le recyclage et la prévention paraissent beaucoup plus vagues comparées au  seul chiffre indiqué pour ce projet. Celui relatif à la construction de Centres d’Enfouissement Techniques. Dès 2012, le Ministère de l’Environnement l’annoncera dans la presse comme une mesure « généralisée ». En 2014, l’objectif affiché dans les médias était celui ambitieux de passer dès 2015 à 25% de déchets recyclés. Pour atteindre 40% à l’horizon 2020. Alors qu’en réalité nous arrivons cette année à en recycler que 10%. Tandis que des pays comme l’Autriche ou l’Allemagne peuvent recycler bien au-delà des 50%.

Dans une étude publiée en 2015, des experts Coréens, ayant observé les wilayas de Blida et de Bordj Bou Arreridj, révèlent un faible taux de collecte en raison de l’insuffisance des bacs de récupération des déchets, de l’irrégularité des fréquences de collecte, ainsi que du manque ou de la vétusté des moyens de collecte. Entre temps, de nombreuses communes, comme celle de Béchar, se plaignaient encore en 2014 du retard de la mise en pratique des outils de ce projet national.

Pourtant, 11 millions de tonnes de déchets municipaux collectés pourraient être revalorisables à 80%, sur les 13,5 millions annuels annoncés.

Selon une étude récente réalisée pour le CARE , le chiffre total  des déchets municipaux risque d’atteindre les 30 Millions de tonnes en 2025. Actuellement nous accusons une moyenne de 0,8kg par hab. /jour. Ce qui ne doit pas nous induire en erreur. Certes, c’est un peu moins que celle de pays comme la France, mais déjà trop quand on sait que notre société commence à peine à consommer des produits  alimentaires conditionnés !

Contraintes  économiques et limites écologiques des procédés d’élimination

Il paraît donc évident que la stratégie de l’élimination en Algérie n’a pas encore fait ses preuves.  Même si notre pays semble prôner également celle de la prévention, les faits sont là pour montrer que ce n’est pas encore une priorité. Certes, elle est longue à mettre en place, et, en attendant, il faut bien éliminer ce qui existe. Mais sommes-nous bien informés des dangers  environnementaux des technologies les plus modernes d’élimination? Il ne faudrait pas trop compter exclusivement sur ces dernières, au risque de ne régler le problème qu’en apparence.

Au  Danemark, par exemple,  une part infime de déchets part en décharge, alors qu’il en détient  le record mondial de poids par habitant (833/ hab. / an, soit plus de 260kg de plus que la moyenne européenne) Et ce chiffre ne fait qu’augmenter ! Ce pays en incinère presque 80 pour cent dans des centrales spécialisées. Cependant, malgré une nette amélioration du procédé, ce processus génère encore de nombreux déchets et impacte l’environnement. Il permet certes la production d’énergie, mais il génère à son tour des déchets dits « ultimes » : du mâchefer, des cendres, des poussières et des gaz, dont certains sont toxiques.

De plus, si un tri sélectif n’est pas effectué en amont, les combustibles obtenus en aval ont une valeur énergétique très faible et génèrent des déchets toxiques. Les métaux lourds et les polluants organiques (dioxines) polluent les sols, tandis que les fumées de l’incinération contenant des molécules toxiques sont libérées  dans l’atmosphère. Ces dernières se fixent sur les particules fines et ultrafines qui ne sont pas filtrées, puis,  transportées par le vent, elles se fixent sur les végétaux, et ainsi contaminent toute la chaîne alimentaire. Par ailleurs, les substances chimiques utilisées pour assurer l’entretien de ces centrales posent problème.  Le risque de les retrouver dans les cours d’eau environnants reste important. 

Si ces risques ont été largement diminués par tout un protocole de traitement ainsi que des installations d'épurations, cette technique néscessite donc une rigueur et ethique de fonctionnement qui n'est pas un des points forts des entrepreneurs privés ou publiques algériens.  Cette donne ne saurait être ignorée et nous incite à émettre une certaine réserve sur une telle pratique dans le contexte algérien.

Même chose pour l’enfouissement technique, qui est réservé au stockage des déchets ultimes. Si les conditions de confinement sont insuffisantes, les déchets peuvent répandre des contaminants chimiques et microbiologiques dans l’environnement. Soit par infiltration de lixiviats ou bien à cause de formation de biogaz. Il y a risque de pollution des sources d’eau (par ruissellement d’eau de lessivage vers les cours d’eau voisins, les nappes phréatiques, etc.), de l’air (par dégazage de composés organiques volatils, par envol de débris et poussières emportés par le vent ou transportés par les animaux, etc.). L’exposition des populations riveraines est alors soit directe, par inhalation, soit indirecte, par ingestion d’eau contaminée ou de produits consommables irrigués par une eau contaminée.

Les CET de classe I et II sont cependant conçus de manière à limiter ces phénomènes. Mais le refus systématique des populations locales algériennes d’héberger de tels sites sur leurs territoires  n’est pas infondé. Les risques sanitaires sont réels, surtout à cause du laxisme observé dans la gestion de ces infrastructures. Pour preuve,  le dernier scandale lié au transfert de déchets très toxiques de Constantine à Souk Haras, dénoncé dans un article d’El Watan datant d’octobre dernier. Et ce n’est malheureusement pas un cas isolé.

Quant à la méthanisation des déchets organiques, elle peut s’avérer relativement intéressante, comme pour le compostage industriel, si un tri préalable très sélectif des déchets fermentaires ou bien contaminés par des substances chimiques est mis en place en amont. Sans cela, la qualité des matières réutilisables comme combustibles ou bien fertilisants ne peut pas répondre à une norme de qualité suffisante.

Dans tous les cas le tri sélectif en amont permet non seulement d'augmenter la qualité de ces traitements, mais en plus permet considérablement de limiter leur utilisation en favorisant le recyclage ainsi que le réemploi de nombreux déchets. 

Les professionnels du recyclage comme de la revalorisation des déchets se plaignent notamment  du fait que les poubelles contiennent souvent plus de 60% de matières organiques Elles ne sont pas triées à la source. Elles humidifient ou contaminent les matériaux qui pourraient être recyclés et dégradent fortement leur qualité, et par conséquent leur valeur commerciale.

Enfin, dans le domaine de l’élimination, il  faudrait faire évoluer les procédés techniques  en fonction de  l’évolution constante de la composition des emballages, qui peut rendre caduque n’importe quelle installation.  

Il faudrait ajouter une facture souvent conséquente, notamment en ce qui concerne le transport, le  traitement, et même le stockage des déchets à recycler ou éliminer. 

A vrai dire, selon une étude de l’ADEME réalisée en 2013, il s’avère même que le coût  en matières gaspillées durant la production de certains produits varie entre 30 à 181 fois le prix de la gestion de leurs déchets. Cette perte représente de 5 à 10 fois la recette de leur éventuel recyclage. La conclusion de ce rapport est sans appel : « Face à la crise et la hausse du prix des matières premières, réduire les pertes de matière est un bon moyen de faire des économies. ».Comme dit l’adage : « le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas » !

Avant d’envisager l’élimination ou le recyclage,  il faudra  donc veiller en priorité à limiter la quantité comme la toxicité des déchets, avant même de les produire. De même,, il s'agira  ensuite de concentrer nos efforts sur le recyclage ainsi que de tri sélectif. La phase d'élimination devrait être celle du dernier recours...

 

Karim Tedjani

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M
Bonjour;<br /> J'ajoute aussi qu'en ce qui concerne le volet sensibilisation, éducation et formation à l'environnement; le cadre institutionnel algérien est renforcé par la création de Maisons de l'environnement qui devrait couvrir l'ensemble des wilayas du pays. Toutefois, la réealité du terrain est toute autre. Elle est amere. En effet, ces structures animées par de jeunes cadres universitaires, sont à la traine (pour ne pas dire à l'abandon): Encadrement en situation précaire, sans financement, sans statut clair et définitf, sans plan de charges., .... Ces structures, après près d'une décennie ''d'activités'', elles se trouvent actuellement entrain de naviguer à vue. Egalement, je signale qu'au jour d'aujourd'hui, et contrairement à ce qui est régulièrement annoncé par les officiels du secteur de l'environnement à l'échelle locale ou centrale, pas plus de 1/5 des wilayas qui sont dotées de Maisons de l'environnement et dont la plupart ne sont ouvertes que formellement. Et n'ayant pas peur des mots,...au rythme où vont les choses et sauf miracle,le pire est à venir. A qui la faute? la tutelle, les gérants du conservatoire national des formations à l'environnement (DG-CNFE), les exécutifs des wilayas et leurs directions de l'environnement sont les premiers à assumer une telle responsabilité avc ses conséquences, et ce, suite à leur laxisme, égoisme, amateurisme , fuite en avant,...(?), et ...INCOMPETENCE. M. Said MAMERI; EX-directeur de la Maison de l'environnement de Bouira (2012-2016).
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